Histoire générale
de la Congrégation de la Mission
commençant depuis la mort de B. Vincent de Paul
et finissant vers l’année 1720.
Elle a été écrite par
M. Claude Joseph Lacour
qui est mort Sup.r de la maison
de la Cong. de la Mission de Sens Le 29 juin 1731
au prieuré de St. Georges de Marolles,
où il a été enterré.
Ex libris Cong.nis Missionis Domus Senonensis.
Préface
Ceux qui ont composé la vie de Mr. Vincent ont cru faire plaisir à la Compagnie en y insérant dans un livre particulier, une espèce d’histoire de tout ce qui s’était passé dans la Congrégation par rapport aux différents emplois qui lui avaient été confiés pendant la durée du généralat de son fondateur ; et les missionnaires y lisent encore avec satisfaction les succès des premières missions et autres fonctions de la Compagnie dans les différents diocèses où elle fut d’abord établie. Ils regardent même ce second livre de la Vie de leur Instituteur, comme un commencement d’histoire générale ou de chronique de leur Congrégation, et on a pensé qu’on rendrait service à ceux qui dans la suite y entreraient de leur donner la continuation de ce travail jusqu’au temps où nous sommes selon les mémoires, les lettres et autres écrits que l’on a dans cette maison[1], une des plus anciennes de la Compagnie a fin que ce qui se trouve dispersé ça et là sans aucune liaison, et qui par conséquent ne donne pas ennuie de le lire, étant réuni dans une même suite d’une narration historique, on la lise non seulement avec plus d’empressement, mais encore avec plus d’utilité pour perpétuer dans les maisons l’esprit primitif de l’Institut, qui est ce qu’on a eu le plus en vue en s’appliquant à ce travail et à d’autres semblables auxquels on s’est employé ci-devant.
On a ajouté à tous ces Mémoires ce dont a pu se souvenir d’avoir ouï dire des divers établissements et événements dans les maisons particulières, assemblées et autres choses générales qui regardent toute la Congrégation pendant plus de trente ans que l’auteur de cet ouvrage y est resté, on souhaite que cette application serve de quelque chose à ceux qui en voudront profiter dans la suite et on n’a eu d’autre dessein que de porter ceux qui liront ceci à remercier Dieu, auteur de tout bien, de toutes les bénédictions que sa bonté a répandues jusqu’à présent sur la petite Congrégation dans les différentes maisons que la Providence lui a données, et ensuite à le prier de lui continuer ces mêmes grâces, en remplissant de son esprit les missionnaires qui succéderont à ceux dont il s’est servi pour y faire les biens qui ont parus dans les divers emplois dont ceux qui viendront se trouveront chargés de même que l’ont été leurs prédécesseurs.
On ne s’est point attaché dans cet écrit à dire quelque chose de ce qui touche en particulier les différentes maisons de la Congrégation, mais seulement ce qui la concerne en général et on y a mis, selon la suite des années, tout ce qui s’est passé dans les assemblées générales depuis celle de 1661, où M. Alméras fut élu général y marquant tous les décrets et règlements qui s’y sont faits avec les réponses que les généraux ont données aux demandes auxquelles les assemblées les avaient priés de satisfaire, et les mémoires différents que les mêmes généraux ont fait dresser au commencement et envoyés ensuite dans les maisons pour la perfection de la Compagnie en ses sujets et en ses emplois.
Les lettres circulaires que les supérieurs généraux ont pareillement écrites aux maisons dans les différentes occurrences soit pour remédier à quelques besoins qui se remarquaient dans les maisons, soit pour recommander certaines choses qui paraissent être de conséquence et en particulier de s’attacher inviolablement à la censure que les Papes ont faite en divers temps de certains livres et propositions de différents auteurs, soit pour maintenir les familles et les particuliers dans le bon ordre et dans la règle : toutes ces lettres paraîtront dans cette histoire en leur rang et elles seront ainsi une espèce de suite1.
Les différentes grâces que le Saint-Siège a accordées à la Congrégation par des pouvoirs particuliers, des indulgences, etc., y seront de même marquées dans leur temps, tous comme celles qu’on a reçues des princes dans les états desquels on s’est trouvé établi. Tous les divers établissements que l’on a acceptés depuis la mort de M. Vincent se trouveront pareillement marqués chacun en leur année et on y dira l’occasion et la manière dont se sont faits ces établissements, les supérieurs généraux, depuis la mort de l’Instituteur, ont donné avis aux maisons des choses principales qui se sont passées dans la Compagnie par des lettres qu’ils ont écrites pour cela au commencement des nouvelles années, ce qui est devenu plus fréquent depuis le généralat de M. Bonnet ; on se servira de ce qu’ils y ont mandé, pour le faire entrer dans cette histoire. Telles sont les sources où l’on a puisé tout ce qu’on a à y dire ; tel le motif qui a porté à écrire, tel est le dessein qu’on s’est proposé dans cet ouvrage ; et on prie ceux qui le liront dans la suite de vouloir se souvenir de l’auteur dans leurs prières.