Mon cher Monsieur Dubois1,
Je vous remercie pour votre exactitude à nous donner de vos nouvelles. Elles n’ont pas été aussi agréables que nous l’aurions désiré, puisque votre santé est dans un assez mauvais état. Mais le ton de foi qui règne dans votre lettre et votre résignation et soumission aux dispositions de la divine Providence nous ont beaucoup édifiés et consolés. Courage donc, mon cher ; ne craignez ni la maladie ni la mort ; dites seulement : scio enim quia hoc mihi proveniet ad salutem… secundum expectationem et spem meam, quia in nullo confundar, sed in omni fiducia sicut semper et nunc magnificabitur Christus in corpore meo sive per vitam sive per morteM. Mihi enim vivere Christus est et mori lucrum. Philip. c. 12.
Les contrariétés que vous fait éprouver l’esprit du monde au milieu duquel vous vivez, ne serviront qu’à vous en détacher de plus en plus et à vous faire soupirer sans cesse vers le Seigneur : heu mihi ! quia incolatus meus prolongatus est : habitavi cum habitantibus Cedar, multum incola fuit anima mea3.
Plus votre âme sera pure, plus elle désirera de sortir de ce monde et de se réunir à son Dieu ; et plus elle éprouvera ce désir, plus elle travaillera à se purifier, nam in hoc ingemiscimus, habitationem nostram, quae de cœlo est, superindui cupientes… scientes quoniam dum sumus in corpore, peregrinamur a Domino… Audemus autem et bonam voluntatem habemus magis peregrinari a corpore, et praesentes esse ad DominuM. Et ideo contendimus placere illi. 2 Cor. c. 54. Pour ne pas faire attendre le commissionnaire je termine là, en vous embrassant de tout mon cœur.
[Paris, 30 juin 1834]Perboyre i. p. d. l. m.
Lettre 49. — Maison-Mère, original 40, écrit au dos d’une lettre adressée à M. Dubois, par un de ses condisciples du séminaire.
- Dubois (Adolphe-Florimond), C.M., prêtre, né à Breteuil, diocèse de Beauvais, le 16 septembre 1810 ; reçu à Paris le 4 octobre 1833, ne put se faire à la vie du séminaire et rentra chez lui ; réadmis le 1 janvier 1844 ; fit les vœux le 3 janvier 1846 ; décédé à Château-l’Evêque le 7 octobre 1884.
- « Je sais que ceci tournera à mon salut… selon mon attente et l’espoir que je ne serai pas trompé. J’ai confiance que Jésus-Christ sera glorifié dans mon corps, soit par la vie soit par la mort, comme toujours ; car Jésus-Christ est ma vie et la mort m’est un gain. » (Phil. 1, 19.)
- « Malheur à moi, parce que le temps de mon pèlerinage s’est prolongé ; j’ai habité sous les tentes de Cédar, et mon exil est bien long. » (Ps. CXIX, 5).
- « Car nous gémissons dans le désir que nous avons d’être revêtus de la gloire de notre maison céleste… Sachant que, tant que nous vivons dans ce corps, nous sommes éloignés de Dieu. C’est pourquoi nous désirons quitter ce corps pour venir en la présence de Dieu, et c’est pour cela que nous nous efforçons de lui plaire. » (II. Cor. V, 2).