La presse parisienne et provinciale connut en 1848 un essor extraordinaire favorisé par la levée de toutes les contraintes qu’elle avait subies sous le régime précédent. Canards, feuilles volantes de toutes opinions, polémiques ou simplement farfelues, surgirent dans les rues de Paris, mais ne connurent pour la plupart qu’une existence éphémère. Des journaux plus sérieux furent aussi créés : Le Peuple Constituant, de Lamennais, tandis que se fondait, avec le Père Lacordaire, un quotidien au nom évocateur : L’Ère nouvelle. Nous ignorons qui eut l’idée de donner au journal ce nom significatif d’une époque pleine d’espérances et d’illusions, révélateur de l’attitude optimiste et enthousiaste qu’adoptèrent certains catholiques envers la Révolution de Février et la République qui en était issue. Malgré la brièveté de son existence (15 avril 1848-2 avril 1849) L’Ère nouvelle, premier organe de la démocratie chrétienne, est une étape importante dans l’histoire de la presse catholique au xixe siècle et dans l’histoire du catholicisme, car elle fut mise en œuvre par des hommes aussi connus que le Père Lacordaire, l’abbé Maret et Frédéric Ozanam. Le rôle de Lacordaire a été étudié par l’abbé Fesch et le Père Guihaire, M. l’abbé Bressolette a consacré une partie de sa thèse à l’action de l’abbé Maret dans ce journal ; aussi insisterons-nous sur la participation de Frédéric Ozanam à l’Ère nouvelle. Pour cela, nous étudierons d’abord la fondation, l’organisation matérielle et la diffusion du périodique ; puis nous décrirons les différentes tendances de la rédaction pour mieux saisir ensuite l’originalité d’Ozanam dans sa contribution à l’Ère nouvelle et dans ses opinions politiques et sociales.
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