Louise de Marillac naquit en 1591, dix ans après Vincent de Paul. En février 1613, elle épousa Antoine Le Gras, secrétaire de la reine Marie de Médicis. La même année, elle donna le jour à son fils Michel. Après son mariage, elle fut mademoiselle Le Gras pour ses contemporains, à cause de l’usage qui réservait aux femmes des chevaliers la qualification de madame.
En 1623, Antoine Le Gras tomba gravement malade. A ce moment, Louise de Marillac fit vœu de rester veuve, si son mari venait à disparaître. Quand il mourut, en 1625, elle tint parole.
A cette date, Vincent de Paul était déjà son confesseur. Elle l’avait choisi la même année ou l’année précédente. Elle resta soumise à cette direction jusqu’à sa mort, survenue en 1660, quelques mois avant la mort de saint Vincent.
Dès les premières années qui suivirent son choix, Louise de Marillac fut appliquée à des œuvres de charité par son confesseur. Lorsque les confréries de charité, créées à Châtillon- les-Dombes en 1617 par Monsieur Vincent, se propagèrent dans Paris, elle s’empressa de leur consacrer son dévouement. La compagnie des Filles de la Charité naquit de ce mouvement, le 29 novembre 1633. Mademoiselle Le Gras en fut nommée Supérieure.
Durant plus de trente ans, s’échangea entre elle et Vincent de Paul une active correspondance, dont six cents lettres environ ont été sauvées. Ces lettres s’occupaient de direction spirituelle, des entreprise auxquelles collaboraient les deux fondateurs des Filles de la Charité, de soucis personnels dont ils s’entretenaient avec une confiance réciproque.
Nous les citons d’après le recueil de Pierre Coste, prêtre de la Mission : Saint Vincent de Paul. – Correspondance. – Entretiens. – Documents (Gabalda, 1925). Chacune de nos références indique simplement le numéro du volume. Après la publication de ce recueil, quelques lettres parvinrent encore à la connaissance de Pierre Coste. A son avis, elles n’ont pas modifié ce qui était déjà connu des relations de Vincent de Paul et de Louise de Marillac.
Ces relations, nées d’une direction spirituelle attentivement donnée et docilement acceptée, étendues et affermies par une incessante collaboration, furent amicalement comprises de part et d’autre.
Notre mémoire s’est volontairement borné à en rechercher le caractère, d’après la correspondance des deux intéressés. Limité à cette source d’information, qui suffisait à son dessein, il ne pouvait prétendre à retracer une histoire complète de l’activité conjuguée de Vincent de Paul et de Louise de Marillac. Encore moins pouvait-il s’étendre sur l’époque où ils ont vécu, et qui conditionnait leur action.
Au surplus, soucieux d’éviter les redites, il s’est souvent interdit de reprendre, par le menu, des exposés qui lui étaient accessibles, mais qui ont trouvé place ailleurs. A vrai dire, il n’a d’autre ambition que d’être l’utile mais modeste complément d’un autre ouvrage (Saint Vincent de Paul, sous l’emprise chrétienne. 500 pages in-8), où il aurait pu aisément s’enclaver.