Livre Second
12. Portrait du Saint et son caractère. Examen de deux défauts dont on l’a accusé. Jésus-Christ fut le grand modèle qu’il se proposa
Vincent était alors âgé de quarante neuf ans. Sa taille était moyenne, mais bien proportionnée. Il avait la tête grosse et un peu chauve ; le front large, les yeux vifs, le regard doux, le port grave, et un air d’affabilité, qu’il tenait moins de la nature, que de la vertu. Dans ses manières et sa contenance, régnait cette sorte de simplicité, qui annonce le calme et la droiture du coeur. Son tempérament était bilieux et sanguin ; sa complexion assez robuste : le séjour de Tunis l’avait vraisemblablement altérée, et depuis son retour en France, il fut toujours plus sensible, qu’on ne l’aurait crû, aux impressions de l’air, et en conséquence fort sujet aux attaques de la fièvre.
Il avait l’esprit étendu, circonspect, propre aux grandes choses, et difficile à surprendre. Lorsqu’il s’appliquait sérieusement à une affaire, il en pénétrait tous les rapports ; il en découvrait toutes les circonstances grandes ou petites ; il en prévoyait les inconvénients et les suites. Quand il pouvait ne pas ouvrir sur le champ son avis, il différait à le donner, jusqu’à ce qu’il eût pesé les raisons du pour et du contre. Avant que de porter un jugement fixe, il consultait Dieu dans la prière, et conférait avec ceux que la sagesse et l’expérience mettaient en état de lui donner des lumières. Ce caractère absolument opposé à tout ce qui s’appelle précipitation, l’a empêché de jamais faire une fausse démarche, et ne l’a pas empêché, ce sont les propres termes d’une personne infiniment respectable, de faire plus de bien, que vingt autres saints n’en ont fait. Ce qu’on a vu jusqu’ici, et beaucoup plus encore ce qu’on verra dans la suite, en est une preuve incontestable.
Si d’un côté il ne s’empressait pas dans les affaires, de l’autre, il ne s’effrayait ni de leur nombre, ni des difficultés, qui s’y rencontraient. Il les suivait avec une force d’esprit supérieure à tous les obstacles. Il s’y appliquait avec une sagacité pleine d’ordre et de lumière ; il en portait le poids, la peine, la lenteur avec une paix et une tranquilité, dont il n’y a que les grandes âmes qui soient capables. Lorsqu’il se présentait quelque matière importante à traiter, il écoutait avec beaucoup d’attention ceux qui parlaient, sans jamais interrompre personne. Si quelqu’un lui coupait la parole, il s’arrêtait tout court ; et dès qu’on avait cessé de parler, il reprenait le fil de son discours avec une présence d’esprit admirable. Ses raisonnements étaient justes, nerveux, et toujours fort précis ; il les exprimait en bons termes, et avec une certaine éloquence naturelle, propre non seulement à bien développer ses pensées, mais encore à toucher, persuader ceux qui l’écoutaient, surtout quand il s’agissait de les porter au bien. Quand il parlait le premier, il exposait les questions les plus difficiles avec tant de profondeur, et en même temps avec tant d’ordre et de netteté, surtout dans les matières spirituelles et Ecclesiastiques, qu’il étonnait les plus experts. Consommé dans le grand art de se prêter à tous les caractères, de se proportionner à tous les esprits, il bégayait avec les enfants, et parlait le langage de la plus sublime raison avec les parfaits. Dans les discussions peu importantes, l’homme médiocre se croyait de niveau avec lui ; dans le maniement des plus grandes affaires, les plus beaux génies de son siècle ne le trouvèrent jamais en dessous d’eux. C’est le témoignage qu’en a rendu Chrétien-François de Lamoignon (l) , Président au Parlement de Paris : et quel témoignage que celui du Magistrat si capable d’apprécier le mérite!
Vincent était ennemi des voies obliques, il disait les choses comme il les pensait : mais sa sincérité n’avait rien qui blessât la prudence. Il savait se taire, quand le silence était de saison, ou ce qui chez lui revenait au même, quand il était inutile de parler. Surtout il était extrêmement attentif à ce qu’il ne lui échappât rien, qui marquât ou de l’aigreur, ou, moins d’estime, de respect et de charité pour qui que ce fût.
En général son caractère était éloigné des routes singulières, des changements et des nouveautés. Il avait pour principe, que quand les choses sont bien, il ne faut pas les changer aisément, sous prétexte de les mettre mieux. Il se défiait de toutes propositions nouvelles et insolites, soit qu’elles fussent de spéculation, ou de pratique. Il se tenait ferme aux usages et aux sentiments communs, principalement en matière de religion. Il disait à ce sujet, que l’esprit humain est prompt et remuant ; que les esprits les plus vifs et les plus éclairés, ne sont pas toujours les meilleurs, s’ils ne sont pas les plus retenus ; et qu’on marche sûrement, quand on ne s’écarte pas du chemin, par où le gros du sage a passé. Ce peu de paroles vaut un Livre.
Il ne s’arrêtait pas à l’écorce des choses ; il en considérait la nature, la fin, les dépendances ; et par un fond de bon sens, qui excellait en lui, il savait parfaitement démêler le vrai du faux, le bon du mauvais, et le meilleur du moins bon, lors même qu’ils se présentaient à lui sous la même forme et les mêmes apparences. De là naissait en lui un talent singulier pour discerner les esprits, et une si grande pénétration, pour saisir les bonnes et les mauvaises qualités de ceux, dont il était obligé de rendre compte, que M. Tellier Chancelier de France, n’en parlait qu’avec admiration, ainsi que l’a déposé M. Claude Le Pelletier ministre d’Etat, et Président honoraire du parlement.
Les qualités de l’esprit de Vincent de Paul semblaient encore le cèder aux qualités du coeur. Il l’avait noble, généreux, libéral, tendre, compatissant, ferme dans les évènements subits, intrépide, quand il s’agissait du devoir, toujours en garde contre les séductions de la faveur, toujours ouvert à la voix de l’indigence, qui jamais n’essuya de sa part ce premier froid qui la déconcerte ; et qui à tous les instants du jour le trouva aussi accessible, que s’il n’eût vécu que pour elle.
Ce fut cette bonté de coeur, qui l’attacha si parfaitement à tous ceux qui faisaient profession d’aimer solidement la vertu. Cependant il avait sur ses inclinations un empire si absolu, et il savait si bien assujettir à la raison, ses mouvements et ses passions, qu’à peine pouvait-on s’apercevoir qu’il en eût. Père tendre, mais sage et réglé dans sa tendresse, chacun de ses enfants fut content de la place qu’il crut avoir dans son coeur ; et dans sa famille, quoique nombreuse, il n’y eut point de Joseph, qui donnât de la jalousie à ses frères.
Enfin, quoiqu’on ne puisse dire qu’il ait été sans défaut, puisque, de leur aveu, les Apôtres mêmes n’en ont pas été exempts, on peut cependant assurer que depuis longtemps, on n’a guère vu d’hommes engagés, comme lui, en toutes sortes d’affaires, obligé à traiter avec un nombre infini de personnes de toute espèce et de toute condition ; exposé sans cesse aux occasions les plus délicates et les plus dangereuses, dont la vie ait été non seulement plus éloignée de tout soupçon, mais plus universellement estimé. Aussi a t’on remarqué que le Fils de Dieu était toujours si présent à ses yeux, qu’il exprimait dans toutes ses actions et toutes ses paroles ce grand modèle, que devrait être celui de tous les Chrétiens.
Il est vrai, et nous ne pouvons nous dispenser d’en dire un mot, puisque l’occasion s’en présente si naturellement : il est donc vrai que la critique lui a reproché deux choses. 1°. qu’il était trop lent à prendre son parti dans les affaires ; et en second lieu, qu’il disait trop de bien du prochain, et trop de mal de lui-même.
Il faut avouer, qu’il a été un peu singulier en ces deux points, et surtout dans le dernier : mais cette singularité, dans laquelle il aura bien peu d’imitateurs, parfois plus digne d’éloge que de censure ; on pourrait dire de lui ce qu’a dit de Sainte Paule un Père de l’Eglise , que ses défauts auraient été des vertrus en d’autres.
Quant à la lenteur dont on l’a accusé, il est constant, et je l’ai dit ci-dessus, qu’il était ennemi de la précipitation. Mais la vertu, et une abondance de lumières l’avaient rendu tel. Il apercevait dans les affaires, et surtout dans les affaires de la nature de celles qu’il a eues à traiter, bien des replis qui échappent à ceux qui, aimant à brusquer les choses, font quelquefois beaucoup de mal, lors même qu’ils ne pensent qu’à faire du bien. Aussi, disait-il assez souvent, qu’il ne voyait rien de plus commun, que les mauvais succès des affaires précipitées. La vertu avait aussi beaucoup de part à la lenteur, ou plutôt à la maturité de ses délibérations. Il appréhendait, c’était son mot ordinaire, d’enjamber sur la conduite de la providence ; il craignait de prévenir les moments du Seigneur ; il avait de lui-même des sentiments si bas, et un respect si profond pour la Majesté Suprême, qu’il eût souhaité que Dieu eût tout fait par lui-même ; persuadé d’un côté, que ce qui vient immédiatement du premier Etre, est toujours plus sûr et plus parfait ; et convaincu de l’autre, qu’un homme aussi faible, qu’il croyait l’être, ou empêche le bien plutôt qu’il ne le fait, ou y mêle toujours beaucoup du sien, c’est à dire, bien du déchet et de l’imperfection. Au reste, Dieu a pleinement justifié la conduite de son serviteur ; et les vrais enfants de la sagesse ont fait l’apologie de la sienne, en tombant d’accord qu’il a commencé et fini en l’espace de quarante ans, ce qu’un grand nombre d’autres n’auraient pas achevé dans des siècles entiers.
Quant à ce qui regarde la manière, dont il parlait de lui-même en toute sorte d’occasions, il est bien sûr qu’elle heurte de front l’usage et la pratique de bien des gens. La vraie, la sincère humilité est bien rare ; et la religion n’a guère d’exercices, qui coûtent davantage, parce qu’elle n’en a guère qui combattent plus vivement la nature et ses inclinations. Vincent la possèdait dans un degré si éminent, qu’on a souvent ouï dire à M. le Cardinal de la Rochefoucaultt, que, si on voulait trouver cette vertu sur la terre, c’était en ce saint prêtre qu’il fallait la chercher. Et en effet, quoique ce soit beaucoup dire, je crois qu’on peut assurer, que ce fidèle imitateur d’un Dieu anéanti, n’a jamais laissé passer une seule occasion de s’humilier. Il était si plein de l’idée de sa faiblesse, qu’il ne trouvait en lui que l’empreinte du vice et de la corruption. Il conjurait ses amis et ses enfants spirituels, de l’aider à remercier Dieu de la patience, avec laquelle il voulait bien le supporter dans ce qu’il appelait ses infidélités et ses abominations. En un mot, il ne découvrait en lui, comme le grand Apôtre, qu’un corps de misère et de péché. Ce fut là tout son excès : car il n’était pas de ces dévots mélancoliques, qui sont presqu’aussi mécontents des autres, qu’ils le sont d’eux-mêmes. Il fermait les yeux aux défauts du prochain, surtout, quand il n’était pas chargé de sa conduite. Il estimait infiniment le caractère de ces âmes bien nées, qui dans l’ordre de la charité et de la prudence, pensent toujours favorablement de leurs frères, et qui ne peuvent voir la vertu sans la louer, ni les personnes vertueuses sans les aimer. C’était sa pratique ; mais la sagesse et la discrètion la règlèrent toujours : s’ils se réjouissait volontiers avec les personnes du dehors, des grâces dont Dieu les comblait, et du bon usage qu’elles en faisaient, il était plus réservé à l’égard de ses propres enfants. Il les aimait avec tendresse, mais il les louait rarement en leur présence, à moins que la gloire de Dieu, et leur propre bien ne l’obligeassent d’en agir autrement. Nous le répétons donc avec confiance : ceux à qui une conduite si sainte a paru une espèce de défaut, devraient souhaiter que ces prétendus défauts se multipliassent, et convenir de bonne foi, qu’ils ressemblent beaucoup aux plus sublimes vertus. Les trois enfants, qui furent jetés dans la fournaise, se regardaient, dit S. Chrysostome, comme les plus grands pécheurs du monde, quoiqu’ils eussent toujours vécu très saintement, ou qu’ils eussent expié les fautes qu’ils avaient pû commettre. Si leur humilité fut une vertu, pourquoi celle de notre saint serait-elle un défaut ?
Pour finir son portrait, il suffira d’ajouter qu’il s’était proposé J.C. comme son unique modèle. Il l’avait si profondément imprimé dans son coeur, il possèdait si parfaitement ses maximes, qu’il l’avait en vue dans ses pensées, ses discours, ses projets, et toutes ses actions. La vie de ce divin Sauveur, et la doctrine de son Evangile, étaient la seule règle, qu’il s’efforçait de suivre. C’était-là toute sa morale, et toute sa politique. Il en était si plein, que ceux, qui l’ont le plus pratiqué, ont regardé comme sa devise particulière, ces belles paroles, qu’un excès d’amour lui fit une fois prononcer : Rien ne me plaît qu’en Jésus-Christ.
Pour se rendre plus continuellement présent ce Verbe incarné, et tout à la fois pour se porter plus efficacement à remplir tous ses devoirs par rapport au prochain, il s’était, comme je l’ai insinué ailleurs, fait une habitude d’envisager le Fils de Dieu dans tous ceux avec lesquels il avait à traiter. Il le regardait comme Chef de l’Eglise dans les Successeurs de S. Pierre ; comme Prince des Pasteurs dans les évêques ; comme seul Maître des Docteurs ; comme Souverain et Tout-puissant dans les Rois ; comme Juge des Juges de la terre dans les Magistrats ; comme Fils d’un artisan dans ceux qui vivent de leur travail ; comme infirme et agonisant, dans les malades, et dans ceux qui étaient prêts à mourir. C’est ainsi qu’il honorait J.C. en tous les hommes, et tous les hommes en J.C. Cette méthode était si fort de son goût, qu’il exhortait, et ceux de sa Congrégation, et même les étrangers, à s’en servir ; et on est sûr, que ceux qui en feront l’essai, en tireront un fruit considérable.
De ce parfait amour qu’il avait pour le Fils de Dieu, naissait en lui un désir ardent de procurer sa gloire ; de chercher, avant toutes choses, son Royaume et sa justice ; de porter tous les hommes à entrer dans ces mêmes sentiments, qui en effet renferment toute la perfection du christianisme. Il voulait qu’un vrai Disciple de l’homme-Dieu se rendit compte des motifs qui le portent à agir ; et que s’interrogeant lui-même, avant que de commencer chacune de ses actions, il se dit intérieurement : Pourquoi entreprends-tu cette chose plutôt qu’une autre ? Est-ce pour te satisfaire, et parce que tu as plus d’attrait pour elle ? Est-ce pour plaire à une faible créature ? N’est-ce pas uniquement pour accomplir la volonté de Dieu, et suivre l’impression de son Esprit ? Quelle vie mènerions-nous, continuait-il, en parlant aux siens, si nous pouvions contracter cette heureuse facilité de vouloir tout en Dieu et pour Dieu ? Notre vie aurait plus de rapport à celle des Anges, qu’à celle des hommes : elle serait en quelque façon toute divine ; puisque toutes nos actions se feraient par le mouvement du S. Esprit, et de sa grâce.
Le saint prêtre ne se contentait pas d’avoir pour Dieu cette forte d’amour, que les Théologiens nomment affectif, et qui ne consiste qu’en des sentiments et des désirs. Il le regardait au contraire comme sujet à l’illusion ; et c’est pour cela qu’il demandait un amour agissant, effectif, et qui, selon l’expression de S. Grégoire, se fit connaître par les oeuvres. Aimons Dieu, Messieurs, disait-il un jour à ceux de sa Congrégation, aimons Dieu, mais que ce soit aux dépens de nos bras ; que ce soit à la sueur de nos visages : car bien souvent tant d’actes d’amour de Dieu, de complaisance, de bienveillance, et autres semblables affections d’un coeur tendre, quoique très bonnes en elles-mêmes, sont néanmoins très suspectes, quand on n’en vient point à la pratique de l’amour effectif.
C’est par les oeuvres, disait-il encore, que J.C. veut que son Père soit glorifié. Il compare son Eglise à une moisson abondante, qui demande des ouvriers, mais des ouvriers qui travaillent. Rien n’est plus conforme à l’Evangile, que d’amasser des lumières et des forces pour son âme, dans l’oraison, dans la lecture et la solitude, et d’aller ensuite faire part aux hommes de cette nourriture spirituelle. C’est faire ce qu’a fait Notre-Seigneur, et ce qu’on fait après lui ses Apôtres. C’est joindre l’office de Marthe à celui de Marie. C’est imiter la colombe, qui, après avoir digérée en partie la nourriture qu’elle a prise, la partage avec ses petits, pour les nourrir, et se nourrir avec eux. Pensons-y bien, ajoutait-il : il y en a plusieurs, qui paraissent vertueux, qui le sont même en effet jusqu’à un certain point, mais qui par malheur penchent plutôt du côté d’une vie douce et molle, que du côté d’une dévotion laborieuse et solide. Ils ont l’extérieur bien composé, et l’intérieur rempli de grands sentiments ; mais quand il faut venir au fait, et qu’ils se trouvent dans les occasions d’agir, ils demeurent courts. Ils se nourrissent de la chaleur de leur imagination ; ils se contentent des doux entretiens, qu’ils ont avec Dieu, dans la méditation ; ils en parlent même comme des Anges : mais au sortir de là, est-il question de travailler, de souffrir, de se mortifier, d’instruire les pauvres, d’aller chercher la brebis égarée, d’aimer qu’il leur manque quelque chose, d’agréer les maladies, ou quelqu’autre disgrâce ? Hélas! il n’y a plus personne chez eux, le courage leur manque. Non, non, ne nous y trompons pas. Ce n’est pas le sentiment, ce seront les oeuvres qui nous rendront solidement vertueux : Totum opus nostrum in operatione consistit. Le saint aimait beaucoup, et il répétait souvent ces paroles. Il disait les avoir apprises d’un grand serviteur de Dieu, qui, au lit de la mort, avoua qu’il voyait clairement dans ces derniers moments, que ce que certaines personnes appellent contemplation, ravissements, extases, union déifique, n’est ordinairement que fumée ; que ces sortes de mouvements sont souvent l’effet, ou d’une curiosité trompeuse, ou des ressorts naturels d’un esprit, qui a quelque facilité et quelque pente vers le bien ; et qu’enfin l’opération bonne et parfaite, est le vrai caractère de l’amour de Dieu.
Avec des principes si grands, si lumineux, il était difficile que le saint prêtre n’entreprît beaucoup de choses pour la gloire de Dieu, et qu’il ne suivît avec courage ce qu’il avait une fois commencé. Aussi tirait-il de l’étendue et de la pureté de son amour, une fermeté inébranlable dans le bien. Il n’y avait ni respect humain, ni vue de propre intérêt, ni considération, qui fût capable de l’arrêter. Il comptait pour rien les contradictions : les persécutions les plus animées redoublaient son activité ; et il était toujours prêt à combattre, et à combattre jusqu’à la mort, pour ne s’écarter pas de la justice et de la vérité.
Tel était, au jugement de tout ce que son siècle a eû de plus respectable, et de plus à portée de l’approfondir, l’Instituteur de la nouvelle Congrégation. Quelque grande que soit l’idée, que nous venons d’en donner, on verra dans la suite de cet Ouvrage, que nous n’avons fait que l’affaiblir. Reprenons, il en est temps, le fil de notre Histoire.