La Congrégation de la Mission en Portugal (I)

Francisco Javier Fernández ChentoHistoire de la Congrégation de la MissionLeave a Comment

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aaaCHAPITRE PREMIER

L’ORIGINE DE LA CONGRÉGATION DE LA MISSION EN Portugal

Etablissement à Lisbonne ; Rilhafolles.

De même que la maison de Saint-Lazare, à Paris, se trouvait au dix-septième siècle en dehors de la ville et se trouve aujourd’hui comprise dans la grande cité, ainsi la maison de Rilhafolles, au temps où elle devint la maison centrale des Lazaristes de Portugal, se trouvait en dehors de la capitale, dans la banlieue : aujourd’hui elle est com­prise dans Lisbonne.

A l’histoire de la maison de Rilhafolles à Lisbonne, se rattachent les origines de la Congrégation de la Mission en Portugal. Nous donnerons ici le résumé de mémoires manuscrits écrits par M. M.-J. Vieira, lazariste portugais, datés de 1790 et dont nous avons à Paris une copie manus­crite en français : malheureusement le texte que nous avons sous les yeux s’arrête à l’année 1746.

C’est M. Gomès da Costa, prêtre de la Mission, qui éta­blit la Congrégation en Portugal, et qui l’installa à la mai­son de Rilhafolles. — M. Joseph Gomès da Costa était originaire de Torre de Moncervo, ville de l’archidiocèse de Braga en Portugal, et appartenait à une famille d’honora­ble condition. Or, il advint que vers 1687, alors qu’il était environ dans sa vingt-deuxième année, étant allé à bord d’un bâtiment pour faire ses adieux à des amis qui partaient pour l’Italie, il se vit inopinément forcé de les accompa­gner dans ce pays, parce que pendant qu’il leur faisait cette visite d’amitié le vaisseau leva l’ancre et fit voile. C’est en Italie que M. Gomès da Costa devint prêtre et qu’il entra dans la Congrégation de la Mission ; il y devint supérieur de la maison des Saints-Jean-et-Paul, au mont Coelius, Rome (1708).

C’est alors qu’il multiplia ses démarches pour implanter la famille religieuse de Saint-Vincent-de-Paul dans le Por­tugal, sa patrie. Il obtint à cette fin un don assez considé­rable d’un généreux bienfaiteur, don Jean-Marie Cambiazi de Gênes, et se présenta en Portugal avec les encourage­ments du Souverain Pontife et des lettres de recommanda­tion de plusieurs cardinaux.

Diverses offres d’établissement furent faites à M. Gomes da Costa ; celle qui parut fixer >on choix fut celle de l’évê­que de Guarda, qui, en 17 LI, lui avait écrit pour lui témoi­gner son désir de le voir établir les missionnaires, soit clans sa cité épiscopale, soit dans la ville de Castello Branco qui était plus importante et plus centrale.

Des amis avisés firent remarquer à M. Gomès da Costa que s’il voulait travailler en vue de l’avenir, ce n’était pas dans une ville écartée qu’il fallait planter l’arbre qu’il dési­rait voir grandir. tt C’est à Lisbonne qu’il faut vous établir »,, lui dit-on. Il sut comprendre cet avis; il renonça aux avan­tages qui lui étaient offerts dans le diocèse de Guarda et vint dans la capitale où il s’établit d’abord bien modestement dans une maison de louage. Très promptement, il eut à se féliciter, vu la, faveur du roi lui-même, d’avoir suivi le conseil qui lui avait été donné.

C’était en 1717. M. Costa résida provisoirement à Lisbonne, au séminaire de la cathédrale.

M. Costa avait déjà séjourné au séminaire, lorsque celui- ci était réuni au couvent da Boa Nora des Augustins dé­chaussés, non loin de la maison du Saint-Esprit de la Con­grégation de l’Oratoire.

La maison du missionnaire était située rue das Gavotas, donnant aussi sur la rue du. Poço dos Negros; elle était assez vaste et avait un jardin, un four et un puits. Tel fut le berceau de la Congrégation de la Mission en Portugal.

Cette maison était seulement louée; M. Costa voulut l’ache­ter, niais son propriétaire, Antonio Pery de Linda, secré­taire du grand comité d’administration de la douane, ne voulut point la vendre. Elle était évaluée à 7 000 cruzados ou environ 16 000 francs et le cens appartenait aux reli­gieuses du couvent de l’Espérance.

C’est là qu’il reçut en 17181es missionnaires venus d’Ita­lie pour l’aider dans la fondation projetée. Ils étaient au nombre de six dont voici les noms : MM. Joseph Joffreu. Antoine Vacareza, Jean-Baptiste Roseli, Joseph Cardilini, et les frères coadjuteurs Jean-Baptiste Marchisio et Marcelo,

De cette maison de la rue das Gavotas, M. Gomès avait fait une vraie maison religieuse, ayant une chapelle dédiée aux saints Jean et Paul, en souvenir sans doute de celle qu’il avait habitée en Italie; le roi Jean V l’honorait souvent de sa présence, assistant aux offices divins surtout aux jours des fêtes des saints Jean et Paul.

Plusieurs années s’écoulèrent sans que personne se pré- semât pour offrir ou pour vendre une propriété qui pût, plus convenablement que la maison louée rue das Gavotas, servir de résidence aux missionnaires. En r72.,o, M. José Mello da Silva se rendit enfin à leurs désirs en leur offrant la quinta ou, comme on dit ailleurs, la villa de Rilhafolles. Le contrat de cette vente fut signé le 25 juin de cette année et les prêtres de la Mission en prirent possession sous le titre d’hospice, le jour même où Mme la comtesse Taronca, qui habitait ce logement, l’eut quitté par ordre du roi Jean V.

La villa de Rilhafolles comprenait de vastes terrains ; elle était dans la banlieue du côté du nord de Lisbonne. Cet emplacement est aujourd’hui dans laville (1905), et depuis la révolution religieuse de Portugal en 1833 et 1834, il a été affecté à un asile d’aliénés. En face est la place ou pateo de Rilhafolles ; vis-à-vis est la rue du même nom et, a droite, en sortant, la rue da Cruz da Carriera. Encore maintenant, au commencement du vingtième siècle, des souvenirs de la Congrégation subsistent dans la maison. Au plafond et sur les murs de la chapelle demeurent des peintures représentant les scènes de la vie de saint Vincent de Paul.

Là s’épanouirent de belles oeuvres: retraites au clergé et aux prêtres, missions, noviciat et scolasticat, et, plus tard, un séminaire externe ; là aussi, les premiers missionnaires passèrent par bien des angoisses. La cause en était dans le refus du roi de reconnaître pour les prêtres de la Mission de Portugal leur dépendance du supérieur général. Ses confrères pressaient M. Gontès du Costa d’aboutir à faire reconnaître officiellement ce principe, afin de se sentir rat­tachés au corps de la Congrégation. Il différait pour ne rien rompre : « Une circonstance favorable se présentera ,,, répondait-il. Mais ses confrères, doutant de sa sincérité ou- fatigués des délais qui prolongeaient cette situation anor­male, ne voulurent pas coopérer à cet état de choses. En 1721, trois des missionnaires quittèrent M. da Costa et retournèrent à Rome; il ne resta avec lui que M. Joffreu et le frère Marchisio.

La circonstance favorable dont parlait M. da Costa ne se présenta qu’après sa mort, — cette mort était survenue en 1725. — C’est en 1738, à l’occasion de la canonisation de saint Vincent de Paul, que le roi, comme clôture des solennités à Lisbonne, fit connaître à M. Joffreu, devenu supérieur, qu’il consentait à ce que les prêtres de la Mission, de Lisbonne dépendissent du supérieur général.

L’oeuvre den missionnaires de Rilhafolles dura jusqu’à l’époque où furent dispersées en Portugal les communautés religieuses.

Anales de la Congrégation de la Mission (1906)

 

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