L’itinéraire de Louise de Marillac est un long chemin de maturation humaine et spirituelle, à travers l’apprentissage de la solitude, de la marginalisation, de l’échec, mais aussi à travers la rencontre des joies profondes de l’amitié et du don aux autres. Ce parcours mériterait sans doute une étude plus approfondie par des historiens et des théologiens compétents.
Il est cependant possible, à travers ces pages, de reconnaître que la pensée de Louise de Marillac s’inscrit dans l’actualité. Son anthropologie trouve son fondement dans le mystère du Christ : ce thème est constamment repris par le pape Jean Paul II dans ses encycliques et ses discours.
Louise de Marillac exprime avec vigueur que la finalité de l’amour suppose le respect de tout homme, en particulier du petit, du pauvre. Son regard est sans cesse attiré par la situation des exclus de son temps. Pour répondre à leurs besoins, elle ouvre des voies très nouvelles. Avec une humble ténacité, une audace réfléchie, elle ose innover, ne craignant pas de s’opposer aux normes établies, n’hésitant pas à rompre avec les habitudes. Elle agit avant la loi ! Son action provoquera, bien des années plus tard une prise de conscience des responsables politiques et ecclésiastiques (comme par exemple l’institution de l’Assistance publique ou la reconnaissance des Sociétés de Vie apostoliques)
Le monde actuel, surpris par l’émergence de tant de pauvretés nouvelles, n’est-il pas appelé à innover, à « braver la logique de l’impossible » A tous ceux qui s’engagent dans des actions diverses pour remettre l’homme debout, pour qu’il retrouve sa dignité, Louise de Marillac rappelle qu’aimer en vérité implique une relation de personne à personne. A la suite du Christ incarné, elle n’a pas recherché de grandes actions. Humblement, simplement, là où elle percevait un besoin, elle s’efforçait de répondre, en collaboration avec d’autres, aux attentes matérielles et spirituelles des laissées pour compte. Il lui fallait incessamment s’adapter.
Avec Saint Vincent de Paul, Sainte Louise de Marillac a suscité dans l’Eglise un regain de foi et de dynamisme, en vivant l’Évangile en plein monde, réalisant une profonde unité entre sa prière, sa culture théologique et son engagement. La nouvelle évangélisation, demandée par l’Eglise, « cherche à inscrire la foi chrétienne dans le monde d’aujourd’hui, non pour le condamner, mais pour être avec lui et pour l’accompagner dans sa route »1. Louise de Marillac, malgré sa santé déficiente, ses problèmes personnels, les difficultés rencontrées, a fait vivre des petites communautés où des chrétiennes se questionnaient, se soutenaient dans leurs engagements si nouveaux : ces communautés, par leur grande attention aux réalités de vie de leurs contemporains, étaient des lieux d’ouverture sur le monde.
Entrer dans le projet de vie présenté par Louise de Marillac, c’est accepter d’aller vers les exclus, les démunis pour les aider à vivre en plénitude en empruntant des chemins sans cesse nouveaux, En se situant dans le grand dessein d’Amour de Dieu sur l’humanité Louise de Marillac a témoigné, en toute liberté, du lien profond établi entre sa vie et l’Évangile.