Histoire générale de la Congrégation de la Mission (46)

Francisco Javier Fernández ChentoHistoire de la Congrégation de la MissionLeave a Comment

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Author: Claude-Joseph Lacour cm · Year of first publication: 1897.
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XLVI. Vaines prétentions des sujets sortis de la Congrégation touchant les vœux

logocmDes personnes mécontentes de leur vocation et qui sortaient de la Compagnie, pour calmer leur conscience au sujet des vœux qu’ils y avaient faits, avaient toujours recours ou à l’autorité des évêques, lesquels, après les avoir dispensés, les retenaient dans leur diocèse et leur donnaient même des bénéfices, ou à l’indulgence des jubilés accordés par les papes à leur avènement au pontificat, selon la coutume. M. Le Lasseur, dont on a parlé ci-devant, fut dispensé et placé avantageusement par Mgr de Lisieux, son évêque ; ce qui fit du bruit. On craignit dans la Compagnie que de tels sentiments n’ébranlassent peu à peu. On a vu que dès le commencement on avait eu de la peine au sujet des vœux, déclarés indispensables, même en vertu des jubilés. Cette prétention ne laissa pas de se renouveler à l’occasion du jubilé que fit publier le pape Innocent XI, en 1683, au sujet du prodigieux armement fait le Turc contre les chrétiens, et étant ensuite entré à main armée en Allemagne et avaient mis le siège devant Vienne.

Pour lors M. Jolly crut devoir écrire une lettre circulaire à la Compagnie ; elle est datée du 2 janvier 1684, et dit : Quoique par les brefs du pape Alexandre VII, du 2 septembre 1655, et Clément X, du 25 juin 1670, il soit porté que nos vœux sont tellement réservés au Pape et au supérieur général, que nul autre ne pourrait tenter en quelque manière et occasion que ce soit, et qu’avant que de faire les vœux on donne à lire et à bien comprendre lesdits brefs à tout le monde, il s’en est pourtant encore trouvé parmi nous, quoiqu’en petit nombre, qui ont cru qu’on pouvait les commuer ou dispenser en temps de jubilé, fondés sur certaines expressions de ces bulles, qui semblent donner quelque couleur et appui à leur prétention. Donc, pour prévenir le mal qui pourrait arriver de là, nous avons estimé, à l’occasion du présent jubilé, qu’il serait utile de faire lire en chaque maison lesdits brefs et bien remarquer ensuite que notre Congrégation avait supplié le pape Clément X de déclarer l’intention du St.-Siège sur ce point. S[a] S[ainteté] ayant fait examiner par les cardinaux de la Congrégation du concile de Trente et d’autres personnes intelligentes en ces matières, a répondu qu’on n’avait pu et qu’on ne pouvait ni validement ni licitement dispenser ni commuer nos vœux en vertu d’aucune bulle du jubilé, autres privilèges ou concessions, à moins qu’il n’en soit fait mention expresse. Le pape Alexandre VII a fait la règle et la loi à ce sujet ; Clément X l’a confirmée et n’a laissé aucun lieu de contester en ce point, et il paraît évident par les brefs des deux Papes quelle est l’intention du Saint Siège. Ainsi ce qu’ont déclaré ces Souverains Pontifes étant faits avec connaissance des mêmes clauses du jubilé, sur lesquelles on se fonde et qui sont rapportées dans nos brefs, de prétendre le contraire, ce serait aller contre le bon sens ; et nous avons sujet d’espérer que si, comme je l’ai dit, on lit attentivement ces brefs, cela suffira pour prévenir toute erreur en ceci et empêcher qu’une personne tentée ne se trompe et trompe un confesseur externe qui ne connaît pas nos engagements, et ne se flatte dans la croyance d’être dispensée, demeurant liée après ladite dispense tout comme elle était auparavant.

Cette prétention de quelques particuliers se renouvela encore, et M. Jolly crut, après l’assemblée de 1692, devoir de nous apporter un autre remède. Certaines personnes peut-être étant de cette opinion qu’en France on n’a pas tant d’égard en ce point aux brefs apostoliques qui restreignent ainsi le pouvoir des évêques, et ensuite par l’usage prescrivent contre eux, pour ne pas pouvoir dans la suite faire des choses qu’ils pouvaient auparavant. On fit donc examiner cette matière en Sorbonne, où l’on présume que les docteurs savent bien les usages de France, et qu’on n’y a pas des sentiments ultramontains. On en obtint une célèbre résolution par écrit, signée de 17 docteurs, tous célèbres par leur savoir, les uns curés, les autres professeurs en théologie, et on la fit imprimer pour l’envoyer aux maisons.

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