XXXVII. Assemblée sexennale
On ne vit pas dorénavant de relations si amples ni si circonstanciées du succès des fonctions de la Compagnie dans différentes maisons, et les supérieurs généraux n’en n’informeront plus autant dans le détail les familles particulières, soit parce que les emplois paraissent mieux réussir dans le commencement, soit parce que quand les maisons ont pris leur train ordinaire dans les fonctions, on ne fait que le suivre à l’avenir. Il y avait six ans, en 1679, que le général était élu, et M. Jolly se vit obligé par les constitutions, de faire assembler les maisons des provinces pour députer de chacune un prêtre à St.-Lazare, non à la pluralité des voix, comme cela se fait pour les deux députés à l’assemblée générale qui doivent accompagner le visiteur, mais ayant les deux tiers pour examiner en suite entre eux conjointement avec les officiers généraux, s’il est à propos, pour le bien de la Compagnie, de tenir une assemblée générale, ou s’il faut attendre encore six autres années. C’est ce qu’on nomme assemblée sexennale. Et jusqu’alors, il n’en avait point été tenu de pareille, M. Alméras, six ans après son élection, ayant jugé à propos d’en convoquer une générale en 1668. On y conclut dans cette assemblée sexennale qu’une assemblée générale n’était pas sitôt nécessaire. On ne laissa pas d’envoyer à ces assemblées diverses propositions qui se font pour cela dans celles des provinces.
Comme nous écrivons dans celles de Lyon, nous n’avons connaissance par les Mémoires que des propositions qui y furent faites et des réponses que le général donna. On recommanda aux directeurs des missions de tenir la main au règlement et à la pratique des avis donnés pour les missions ; etc., aux inférieurs d’obéir aux directeurs nommés par les supérieurs. On jugea que, pour les messes du jeudi et samedi saint, il fallait s’accommoder à l’usage de chaque lieu où se fait la mission, et qu’ainsi si c’est la coutume d’y dire la messe ces jours-là. On la peut dire pour ne pas se montrer singulier, et l’omettre si on n’y dit que la seule grande messe, comme en Italie, et communier ensemble à la messe du curé. On promet de changer tant qu’on pourrait les particuliers de maison, surtout quand ils y auraient des attaches, habitudes, ou quelque antipathie entre eux. Toutefois que cela n’était pas aisé, attendu que chacun ne demande pas mieux que de se décharger des discoles, et que nul ne reçoit volontiers les personnes de rebut. On remarque qu’à St.-Lazare on faisait étudier les jeunes prêtres avant leur ordination, autant qu’ils en sont capables, et qu’on les exerçait au chant, aux cérémonies, à prêcher, à catéchiser sans pouvoir faire davantage à cause des besoins de la Congrégation, qui ne donnent pas le temps de les tenir davantage à St.-Lazare. C’est qu’on se plaignait déjà de ce que les nouveaux prêtres venus dans les maisons paraissaient trop neufs dans les emplois. On dit encore qu’on souhaiterait fort de pouvoir envoyer dans les maisons des modèles de sermons et catéchismes pour les missions, mais qu’on ne les avait pu mettre si tôt en ordre ; qu’une personne était de même chargée de travailler aux règles de petits offices sans beaucoup avancer. On promit de recommander à ceux qui vont en mission de s’y bien préparer par la prière et l’étude de tout ce qui est nécessaire pour s’en bien acquitter, et de se rendre surtout de plus en plus intelligent pour les mystères de la religion.
Il est dit que dans les séminaires externes, on peut faire lire à un séminariste, les litanies du Nom de Jésus le matin, et celles de la Vierge le soir, avec les actes de l’examen, comme le lecteur de table le fait à St.-Lazare ;qu’on ne doit pas faire attirer les séminaristes pendant le déjeuner, parce que une telle situation les conduirait peu à peu de liberté ; que dans les lieux où on n’a pas de curés, c’est assez de faire l’aspersion de l’eau bénite le premier dimanche de chaque mois ; qu’il est bon de faire lire les trois points entiers de la méditation du lendemain à moins qu’ils ne fussent trop longs ; qu’on enverrait dans les maisons un modèle de coutumier, qu’on n’estimerait pas qu’il fallut dans les séminaires expliquer le catéchisme du Concile de Trente, à cause que le Latin en est un peu obscur ; il valait mieux dire élevé, à moins que l’évêque ne le veuille, et excepté ce qui regarde les missions, on ne croit pas le reste du livre plus utile qu’un autre ; que ce n’est pas l’usage de la Congrégation de se charger aisément de la conduite des Filles de la Charité, quand on n’a pas la cure du lieu ; mais que seulement les visiteurs, en passant dans les villes où elles sont établies, les visiter, et qui pour garder en cela l’uniformité nécessaire, on dressera à cet effet une instruction à laquelle il faudra se conformer ; qu’on peut mettre dans un même livre les décrets et les résultats des assemblées générales ; qu’enfin il avait été résolu dans l’assemblée de 1668 de ne faire ordinairement qu’une communion générale dans les missions, dont pourtant il fallait excepter les infirmes, et ceux qui ne peuvent pas attendre. L’assemblée de la province de Lyon avait bien fait d’autres demandes. Les députés ordinairement n’en jugent pas un si grand nombre nécessaire et en rejetant plusieurs de ceux que l’on propose pour ne pas fatiguer le général, où semble limiter trop son pouvoir.