En 1653, troisième Entretien de saint Vincent sur l’esprit de la Compagnie. Il interroge : « Combien y a-t-il de vertus qui composent l’esprit des Filles de la Charité ». Une Soeur répond : « Trois, mon Père… La charité, l’humilité, la simplicité » et Saint Vincent ajoute ces fortes paroles : « Il vaudrait mieux qu’une Fille de la Charité qui n’a point son esprit ne fût point dans la Compagnie, pour son salut, pour la gloire de Dieu et pour le bien de la Compagnie parce qu’elle gâte tout ». (R)
En 1815, le Pape Pie VII met fin au schisme qui désole depuis deux ans la petite Compagnie et qui a pour cause le refus de reconnaître une autre autorité que celle du Supérieur Général de la Mission sur les Filles de la Charité. (R)
En 1866, à Alger , mort de huit Soeurs au service des typhiques à l’hôpital civil de Mustapha. (R)
En 1933 , à Paris , mort de M. Guillaume Pouget. Né dans le diocèse de Saint-Flour, le 14 octobre l847, il est, après son ordination, le 25 mai 1872, donné comme professeur de sciences au Petit Séminaire d’Evreux. En 1883, il prend la direction de celui de Saint-Flour où la situation n’est pas facile ; mais l’intelligence et la bonté de ce jeune supérieur ramènent la paix. De 1886 à 1888, M. Pouget enseigne les sciences à Dax, et il vient à Paris : les sciences, l’histoire et l’Ecriture sainte lui échoient en partage. Plus que ses divers placements, deux faits marquent cette vie par lesquels la Providence va l’acheminer vers son véritable ministère : c’est d’abord le glaucome qui, en 1895, lui vaut d’avoir l’œil crevé par l’oculiste : «le boucher ! », dira, de cet expert, M. Pouget. A partir de là, sa vue va baisser jusqu’à la cécité, au profit de l’extraordinaire puissance de son regard intérieur. L’autre fait, c’est, ce qu’il a appelé «sa mise en disponibilité », en 1905. A partir de ce moment commence la vraie vie de M. Pouget. Il n’eut plus d’élèves ; il eut des disciples, et quels disciples ! Le futur vicaire apostolique de Fort-Dauphin, M. Antoine Sévat, conduit à M. Pouget un de ses amis d’enfance : M. Jacques Chevalier, alors élève à l’Ecole Normale Supérieure. Le normalien et le Lazariste sympathisent ; du coup, la chambre n° 104 de la Maison-Mère devient l’oratoire et le laboratoire de la pensée, pour des jeunes gens dont les noms sont devenus illustres : Jean Guitton, Emmanuel Mounier, Maurice Legendre et bien d’autres… Un beau jour, le 12 février 1933, fut organisée une rencontre du Père Pouget avec Bergson, «événement historique pour la biographie de la pensée humaine» (1). De cette conversation le grand philosophe sortit émerveillé. Il devait dire, un jour : «M. Pouget sera connu après sa mort : son influence grandira par ce qui sortira de lui.» Le Père Pouget a été révélé au grand public par le «Portrait» si vivant de Jean Guitton, et par les «Logia» présentés par Jacques Chevalier. Toute la presse, grande et petite, parisienne et provinciale, française et étrangère, s’intéresse depuis quelques années aux idées de M. Pouget… Un jour, — il faut le souhaiter, — un Maître de la Pensée écrira la survie de M. Pouget et l’on constatera mieux encore l’influence de cet «éveilleur d’esprits». En Guillaume Pouget, qui fut paysan, paysan solide dans la sainteté de son sacerdoce, paysan même dans sa manière de creuser son sillon intellectuel, en M. Pouget c’est tout le peuple des champs évangélisé par Monsieur Vincent et ses fils qui, par un merveilleux retour, paye sa dette de reconnaissance à l’Evangile : car, par M. Pouget, la Mission n’a pas été prêchée aux gens des champs, mais c’est le «paysan» qui a prêché la Mission aux princes de la pensée, ces vrais pauvres du XX e siècle en ses débuts.
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1) Robert Kemp in «Nouvelles littéraires» du 1er sept. 1955.