1617. À Lyon, dans la maison de l’Oratoire, Jean Lourdelot, curé de Châtillon, résigne sa cure. Monsieur Vincent y sera nommé le 29 juillet suivant (1).
1650. Conférence de saint Vincent aux premières Soeurs : « Ce que les Filles de la Charité doivent faire quand elles sont hors de la Maison, particulièrement à la campagne, et aux lieux fort éloignés quand elles ont quelque difficulté, tant spirituelle que temporelle par exemple quand elles sont en doute et en quelque peine intérieure au sujet de leurs Règles, car il y en a quelquefois qui se contredisent sur leurs emplois ». Monsieur Vincent commença l’entretien, mais appelé par quelque affaire urgente, c’est M. Portail qui doit continuer. On peut admirer en cette conférence l’esprit surnaturel de nos premières Soeurs et leur bon sens : « Ma Soeur interrogea Monsieur Vincent, s’adressant à l’une d’elles, que doit faire une fille qui, se trouvant en pays éloigné, a des peines en l’esprit et ne sait à qui s’adresser pour prendre conseil. Monsieur répondit-elle, je crois que le plus court est de se mettre entre les mains de Dieu et d’avoir confiance en sa bonté… et écrire aux Supérieurs ». Et Monsieur Portail fait une importante remarque : « Depuis dix ou douze ans que j’ai l’honneur de servir la Compagnie, la plupart des Soeurs qui sont sorties l’ont fait pour ne s’être point communiquées dans leurs peines ».(R)
1879. À Constantine , M. Joseph Girard, visiteur d’Algérie, meurt, à l’âge de quatre-vingt-huit ans. Il est littéralement tombé, connue il le désirait, «les armes à la main» : venu d’Alger à Constantine pour hâter l’installation des missionnaires que le nouvel évêque, Mgr Dusserre, son ancien élève d’Alger, appelait de tous ses voeux, M. Girard succomba, en quelques instants, à une attaque. Joseph Girard servit d’abord le diocèse de Clermont-Ferrand , où il était né en 1791. Sa vocation de Lazariste s’éveilla lors de la Translation des Reliques de saint Vincent : Joseph Girard était dans les rangs du clergé séculier escortant la châsse. Le nom de ce fils de saint Vincent reste, pour toujours, attaché à l’histoire de l’Église d’Afrique. A l’époque où l’Église, à travers mille difficultés, se réinstallait dans cette Afrique du Nord jadis si chrétienne, M. Girard a été, en même temps que le fondateur et, pendant trente-quatre ans, le supérieur du Séminaire de Kouba, le conseiller très écouté des évêques d’Alger et qui plus est, avant l’arrivée du cardinal Lavigerie, Vicaire capitulaire de l’archidiocèse. Quand on ne l’appelait pas «le bon Père Girard» on le désignait sous le titre de «Père Eternel». Certes, sa belle barbe, grisonnante déjà quand ses cinquante-deux ans débarquèrent à Alger, lui avait valu ce surnom, mais il le devait surtout à sa robustesse auvergnate. Plus encore que son corps, l’âme du Père Girard semblait dotée d’une éternelle verdeur, et, pour lui, le Dieu qu’il servait, fut toujours « le Dieu qui réjouit sa jeunesse ». C’est que, dans ce prêtre, un admirable esprit de foi alimentait l’enthousiasme avec lequel il se livra toute sa vie à son labeur, et spécialement à la prédication. Cet esprit de foi se traduisait, dans le domaine pratique, par sa confiance dans la prière. Le Père Girard n’a rien entrepris sans la prière ; entre ses démarches et leur succès, il a toujours mis la prière, et, comme le Curé d’Ars, la prière à sainte Philomène dont les reliques avaient été découvertes dans les catacombes, le 24 mai 1802. Les beaux bâtiments de Kouba qui se dressent en un site enchanteur, restent le monument de la confiance que le Père Girard avait en Dieu, cependant que le clergé d’Algérie et les Pères Blancs à la fondation desquels il aida le Cardinal Lavigerie, vivent encore de ces vertus si éminemment sacerdotales que, par sa parole et ses exemples, il fit rayonner de son séminaire, comme d’un haut lieu où soufflait l’Esprit (2).
- 1) S.V. XIII, 40-41.
- 2) Dazincourt, Notice sur M. Joseph Girard , Paris 1881.