Sainte Louise s’adresse aux premières Sœurs : “Mon Dieu ! qu’il y a de grands trésors cachés dans la Providence ! Oui, me direz-vous, mais c’est pour Dieu que je me mets en peine. Ce n’est plus pour Dieu que vous vous mettez en peine si vous peinez pour Le servir… Notre-Seigneur veut de nous plus de confiance que de prudence ; cette même confiance fera agir ta prudence dans les besoins, sans qu’on s’en aperçoive… Le manquement du secours extérieur des créatures vous servira à vous avancer dans ta perfection du Saint Amour et à vous attirer une protection plus particulière de Dieu”.(R)
En 1649, Sainte Louise écrit à M. Portail : “Je crois que votre Charité nous a bien plaintes en ce temps de si grande peine à Paris…. Nous vous prions de nous aider à être reconnaissantes vers notre bon Dieu, des grâces qu’Il a faites à toute la Compagnie, tant pour avoir été préservées de la faim, que de tous autres dangers, non seulement aux villes mais aussi aux villages”.(R)
En 1833, arrivée à Turin de la première Visitatrice d’Italie. Peu après, ouverture du Séminaire, où les 33 Sœurs des six Maisons déjà existantes vinrent successivement faire un séjour avec les nouvelles jeunes Sœurs d’Italie.(R)
En 1940, à Paris, alors qu’il avait passé dans des conditions normales la journée précédente, M. Lucien Misermont est trouvé mort dans son fauteuil. Un lutteur tel que lui ne pouvait mourir dans son lit. On peut dire, en effet, que les soixante-seize ans de sa vie se sont déroulés dans une atmosphère de combat. Bien qu’il naquit, le 17 juillet l864, sur les rives de la paisible Dordogne, – paisible quand elle n’est pas en crue, – M. Misermont avait un tempérament impulsif, signe indubitable d’une riche nature, mais qui causa par-ci par-là quelques blessures. De ce défaut, il fera l’objectif permanent de ses combats intimes. Supérieur dans deux séminaires de la volcanique Sicile, puis au séminaire académique de Lille et enfin à Montauban, ou bien dévoué prédicateur de nombreuses retraites, M. Misermont a toujours lutté pour les principes qui lui étaient chers. Mais, pardessus tout, il s’est mesuré avec un adversaire aux multiples visages : le « Promoteur de la Foi » ou l’ « Avocat du Diable », dans les procès de canonisation dont il s’occupa. Sur ce champ de bataille, son arme, forgée par une critique d’allure personnelle, exagérée parfois, sereine toujours, ce fut sa plume. Il a lutté ainsi pour les causes de sainte Louise de Marillac, des Filles de la Charité d’Arras, de Jean Le Vacher, du bienheureux François, du bienheureux Rogue, et surtout pour celle de sainte Catherine Labouré. De ses études, de ses patientes recherches sont nés des livres, des articles dont le tout représente au moins six mille sept cent trente-deux pages imprimés en tous formats. Pour juger avec justice ce travail d’écrivain, il faut se souvenir et des circonstances qui l’entourèrent et du tempérament de l’auteur dont les ardeurs s’expliquent par son culte de la vérité ou de ce qu’il croyait être la vérité. Les saintes, les bienheureuses et les bienheureux de la famille ont dû, à l’heure de sa mort, être auprès du Dieu de toute sainteté, pour M. Misermont qui les défendit si vaillamment en face des Promoteurs de la Foi, de puissants avocats, assurés du succès : la cause à défendre était facile, puisque M. Misermont, même au plus fort de ses combats, fut toujours un digne fils de saint Vincent (1).
En l950, à Paris, mort de M. Jean-Baptiste Lachat. Après six ans d’enseignement au grand séminaire de Sens et une quinzaine d’années de travail à l’Equateur, M. Lachat a vécu trente et un ans à l’infirmerie de la Maison-Mère. Il a accepté son mal, non seulement avec patience, mais avec joie. De sainte Thérèse de Lisieux pour laquelle – on le comprend – il avait une particulière dévotion, il a reproduit la vie missionnaire cloîtrée, en transformant ses trente et un ans de vie douloureuse et cachée en trente et une années de prière pour les missionnaires en activité (2).
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(1) Annales, t. 105, pp. 263-2GG et 319-323.
(2) Annales, t. 114-115, pp. 290-292.