1827. À Rome , le Pape Léon XII signe le bref qui nomme M. Pierre de Wailly, Supérieur général de la double famille vincentienne. Il y a vingt-sept ans que le précédent Supérieur général, M. Cayla, est mort. Depuis lors, la Compagnie a été dirigée par des vicaires généraux. Fait bien plus regrettable, elle a connu une pénible rupture d’unité dans son gouvernement. La responsabilité en incombe à M. Sicardi que l’Assemblée générale avait donné comme assistant à M. Cayla. Comment ce confrère aux talents remarquables en est-il arrivé à être la pierre d’achoppement de notre unité administrative ? Certes, son amour pour la Compagnie ne peut pas être mis en doute, et c’est même par là qu’une certaine ambition, inavouée, mais réelle, saisit M. Sicardi. Quand le vicaire général, légitimement désigné, M. Brunet, a quitté Rome pour Paris, M. Sicardi, qui n’a aucune confiance dans la France révolutionnaire et napoléonienne, et qui ne comprend rien à la situation religieuse de l’Empire français, s’imagine que, pour sauver les oeuvres vincentiennes, il faut que le responsable de la petite Compagnie soit à Rome ; M. Sicardi obtient alors du Pape, pour lui-même, le titre et les fonctions de vicaire général et fait étendre sa juridiction à toutes les maisons, sauf celles des territoires de mission. Il a alors soixante-quinze ans ! Et M. Francesco Baccari, qu’il s’est fait donner comme coadjuteur et comme successeur à Rome, a contribué lui aussi à maintenir la situation. Par contre, la grande majorité des missionnaires d’Italie ne s’est jamais résignée à cet état de choses ; et notre confrère, M. Baldeschi, éminent liturgiste, cérémoniaire du Souverain Pontife, se constitue leur interprète et leur instrument pour demander que le vicaire général de Paris soit le seul chef de la Compagnie. Il en a parlé au Pape. Sur ces entrefaites, le Gouvernement de Charles X est venu appuyer les démarches que le vicaire général d’alors, M. Boujard, a renouvelées dans ce sens auprès de la Cour romaine.
Devant toutes ces instances, Léon XII demande leur démission aux deux vicaires généraux ; M. Boujard, sur le coup, éprouve quelque peine à se détacher du pouvoir, mais en fin de compte, il se soumet. M. Baccari, lui, sur le coup, se soumet, mais un peu plus tard, il revendiquera des droits qu’il n’a plus. Devant l’impossibilité de convoquer une Assemblée générale, le Souverain Pontife nomme, non plus vicaire général, mais Supérieur général avec toutes les prérogatives constitutionnelles, M. de Wailly, supérieur du grand séminaire d’Amiens. Dans le bref signé en ce jour et qui met heureusement fin à cette crise d’unité dans le gouvernement, Léon XII a bien soin de préciser que, pour cette fois seulement, il désigne lui-inême le Supérieur général1.