En 1644, importante lettre de saint Vincent au sujet des protestants. On y trouve aussi ces lignes sur l’exercice de l’autorité : « Il est rare d’être en quelque condition que ce soit, notamment en celle où vous êtes, sans tomber sous la langue des médisants ou les plaintes des mécontents, et il se faut donner à Notre-Seigneur pour en faire bon usage en union de celui qu’il a faites de toutes les contradictions et les calomnies qu’il a souffertes pour nous apprendre à faire comme lui en pareils rencontres ».
En 1646, entretien de saint Vincent sur l’amour de la Vocation. C’est là qu’il dit entre autres choses : «Dieu a voulu que l’une fut de Lorraine, l’autre de Sedan, une autre d’Angers et les autres d’ailleurs et c’est ici le lieu dont Il a dit : « Je vous appellerai de toutes les nations de la terre ». C’est Lui qui a voulu que cette Compagnie de filles de différents pays et qu’elles ne fassent toutes qu’un coeur ! Son saint et adorable nom soit à jamais béni !» Après trois siècles, il en est ainsi, et sur les 154 pays du monde, 67 ont des Filles de la Charité.
En 1706 , en Espagne , un décret du roi Charles III approuve l’établissement de la Congrégation dans son royaume. Déjà, saint Vincent avait songé à faire franchir les Pyrénées à sa petite famille, comme il en écrivait à M. Jolly, le 22 avril 1657. Mais le projet n’aboutit pas. Don François de Saint-Just, archidiacre de Barcelone, lors d’un voyage à Rome, en 1704, fut vivement édifié par les confrères de Monte-Citorio. Il commença aussitôt des démarches pour qu’une maison de la Mission s’ouvrit en sa ville. Le Pape Clément XI, lui-même intervint dans ce sens. Trois confrères, deux italiens et un espagnol, furent alors envoyés et s’établirent sans difficulté à Barcelone1.
En 1717 , à Paris , ouverture de la onzième Assemblée générale. Trente-quatre députés sont présents, représentant les provinces de France, de Pologne et de Rome. Celle de Lombardie ne put y participer, à cause des complications créées en Italie par la guerre de Succession d’Autriche2.
En 1744, à Versailles, paroisse Saint-Louis, mort de Julienne Jouvin, douzième Supérieure de la Compagnie des Filles de la Charité.
En 1848, le bateau « Stella Maris« , bateau frété spécialement pour les Missions lointaines, qui emmène en Chine les douze premières Filles de la Charité, passe le tropique du Capricorne. Nos Soeurs sont en mer depuis le 24 octobre, donc plus de trois mois, et ont quitté Valparaiso depuis cinq jours. La prochaine escale sera Papeete : le bateau fait ensuite voile sur Macao.
En 1931 , à Dessié , en Abyssinie, mort du Frère Alphonse Blandeau. A vingt-quatre ans, délaissant sa charrue, sa famille et sa Bretagne, il entrait dans la Compagnie. En 1903, le Père Fiat, qui semble avoir eu un faible pour la mission d’Ethiopie, y envoie quatre prêtres auxquels il adjoint Frère Blandeau, qui sera placé, au centre de la tribu des Irobs, à Alitiéna . C’est pratiquement le désert. Dans la cellule de planches qui les accueille, lui et ses confrères, il trouve pour tout mobilier «une bouteille d’eau qui servira successivement de verre, de broc, de cuvette et de bougeoir». Sauf un séjour en France nécessité par son état de santé, Frère Blandeau aura pour décor de son labeur quotidien, le cadre rude d’Alitiéna. Il y fait une douzaine de métiers, mais surtout celui de menuisier : il va ainsi meubler à peu près toutes les résidences et toutes les églises de la région. Sa serviabilité fait de lui, au milieu des Irobs, un personnage populaire, d’autant plus que cette serviabilité est gratuite. Très ponctuel et très recueilli dans les exercices de communauté, déférent envers ses compagnons prêtres, Frère Blandeau édifie tout le monde. La visite canonique de 1930 lui impose un dur sacrifice : celui de quitter Alitiéna pour aller à Dessié où un prêtre abyssin commençait clandestinement à semer la foi catholique. Mais Frère Blandeau ne put travailler longtemps à ce nouveau poste : une entérite avec complications, eut raison de ses forces. Trouver une tombe pour lui en ce pays schismatique, fut le triste problème qui angoissa M. Bringer pendant l’agonie du bon frère : après ordres et contrordres, Frère Blandeau put être inhumé dans cette terre d’ Ouello où avait reposé Ghebré Michael3.