1650. Sainte Louise rend compte de sa visite à M. le Procureur au sujet de la Compagnie pour qui la reconnaissance légale était sollicitée : « Je fus hier par occasion voir M. le Procureur Général…. II se demanda si nous prétendions être régulières ou séculières. Je fis entendre que nous ne prétendions que le dernier : Il me dit cela être sans exemple ; je lui alléguais les filles de Mme de Villeneuve et lui prouvais qu’elles allaient partout. Il me témoigna ne pas désapprouver notre dessin, disant beaucoup de bien de la Compagnie, mais qu’une chose de telle importance méritait bien d’y penser. Je lui témoignais joie qu’il s’y portait de la sorte et le priai que si la chose ne méritait pas ou ne devait être continuée qu’il la détruisit entièrement, mais que si elle était bonne, que nous le supplions de l’établir solidement, et que cette pensée nous avait fait essayer au moins douze ou quinze ans durant lesquels, par la grâce de Dieu il n’y avait paru aucun inconvénient. Il me dit : « laissez-moi y penser, je ne dis pas des mois, mais quelques semaines… » (R)
1871. Les Maisons de nos Soeurs de Paris déjà fortement éprouvés par le siège et la capitulation vivent maintenant une Révolution connue sous le nom de « Commune ». Dans un grand nombre de nos établissements, on essaie de remplacer les Soeurs par des « citoyennes ».(R)
1900. À Cracovie , M. Pierre Soubieille meurt dans sa soixante et onzième année. C’est un grand deuil pour la Province lazariste de Cracovie qui voit en lui son restaurateur. Quand M. Soubieille arriva en Pologne, au mois d’août 1866, la Province dont il devenait le Visiteur, ne comptait que trois maisons : deux à Cracovie et une à Culm , et une quinzaine de prêtres. A sa mort, la Province était formée de huit maisons où se dévouaient quarante-sept prêtres, tandis que cinquante-six étudiants et séminaristes préparaient l’avenir… Un autre que M. Soubieille eût peut-être donné plus d’envergure à certaines oeuvres : car le Visiteur de Cracovie manquait de hardiesse dans l’initiative, mais il est loisible de se demander, à juste titre, si un autre que lui aurait pu asseoir sur un esprit de foi plus authentique sa Province restaurée. Devant l’inutilité des résultats produits par le séminaire interne qu’il avait ouvert en 1867, M. Soubieille comprit l’indispensable utilité d’une école apostolique, oeuvre recommandée par l’Assemblée générale de 1878 à laquelle il prit part. C’est par le petit séminaire dont il confia la direction à l’ardent et pieux M. Jean Binek, que M. Soubieille infusa à sa Province le jeune sang dont elle avait besoin. Mettant au premier plan le travail des missions, le Visiteur de Cracovie fut amené, par son amour des pauvres, à créer, dans le faubourg de Kleparz , à Cracovie, de belles oeuvres d’apostolat pour les enfants et les adultes de ce quartier déshérité. Et son confessionnal fut assiégé : il s’y tenait encore deux heures à peine avant de mourir. Ses pénitents l’appelaient, à cause de son accent étranger, «le Père hongrois». Ils ne se doutaient pas que M. Soubieille était né à Souprosse, dans le diocèse d’Aire où il fit ses études ecclésiastiques et eut le privilège de compter parmi ses professeurs M. de Ladoue, le futur évêque de Nevers, avec lequel d’ailleurs il entretint très longtemps d’amicales relations. Deux ans durant, M. Soubieille fut vicaire à Dax, avant d’entrer dans la petite Compagnie. Presque aussitôt son admission, il avait été envoyé comme professeur de philosophie à Châlons-sur-Marne ; il avait goûté ensuite aux charmes de la théologie dogmatique et morale, et en 1862, il avait été nommé supérieur sur place. Il devint disponible, quand, à cause des exigences de l’évêque, le Père Etienne fut amené à rappeler de Châlons ses confrères. Et, du coup, le Supérieur général eut sous la main, en la personne de M. Soubieille, l’homme qu’il cherchait pour ouvrir à Cracovie un foyer animé de l’esprit de saint Vincent. Le 19 juillet 1866, il remettait à M. Soubieille la nomination qui le faisait visiteur de Cracovie et supérieur de la maison de Kleparz . Et c’est ainsi qu’un compatriote landais de notre bienheureux Père, qui aima tant la Pologne, apporta, pendant trente-quatre ans, non seulement l’air natal, mais aussi et surtout l’apostolique charité de Monsieur Vincent à la Province de Cracovie (1).
- 1) Annales , I, 77, pp. 321-340.