Remarque préliminaire: Vaste est la littérature postconciliaire traitant des Conseils Evangéliques dans leurs relations avec la vie religieuse dans l’Eglise. A nous d’étudier et de méditer ces publications, surtout celles relatives aux Instituts de vie commune et aux Instituts Séculiers.
I. Les conseils évangéliques en général
1.1 Aspect Théologique
1.1.1. Il serait utile de rechercher l’origine du terme « Conseils Evangéliques ». En effet, il est difficile de comprendre en quel sens ils sont soit « conseils », soit « évangéliques ». Néanmoins, leur valeur vient moins de leur profession que de leur pratique. Aux yeux de certains, cette valeur est négative: ils écartent les obstacles á la charité parfaite. Pour d’autres, elle est positive: ils nous configurent au Christ. En tout cas, chacun des Conseils a une double composante :
« La lettre », qui est négation de quelque bien;
« L’esprit », qui est union spéciale ou particulière avec Dieu:
Obéissance = foi
Pauvreté = espérance
Chasteté = charité.
La charité est leur raison formelle á tous. Sans elle, la pratique des conseils pourrait être plus dangereuse mémé que les périls qu’ils veulent écarter. Les Conseils sont donne á considérer, non comme des modes de vie en soi suffisants, mais plutôt comme manières spéciales d’exercer une charité croissante.
1.1.2 Ils sont appelés « évangéliques ils sont ordonnés á informer notre vie á cause de l’Evangile du Christ et de la vie mémé du Christ, dont ils tirent leur origine. Leur valeur provient moins de la renonciation á quelque bien, que de I ‘imitation du Christ pour lequel on renonce á toutes choses.
1.1.3 Les Conseils ne sont pas quelque chose « in se »; ils ne sont pas recherchés et aimés pour eux-mêmes, mais comme signes et conséquences de notre volonté de suivre le Christ annonçant l’Evangile aux pauvres.
1.1.4 Dans cette situation et á l’intérieur de ces limites, la profession des Conseils Evangéliques, en constituant un état de vie, rend témoignage de ce que se manifestent, déjà en ce monde, les biens eschatologiques, la réalité de la résurrection, etc. … Pour que cette profession soit un signe véritable de la conformation au Christ, il faut qu’elle s’exprime par la vie: sinon elle serait plutôt mensonge, hypocrisie et scandale.
1.2. Aspect pratique
1.2.1. En en faisant profession dans la Congrégation, un Confrère promet de et s’oblige:
- á mener la vie commune,
- á exercer un apostolat communautaire,
- á pratiquer la charité fraternelle envers les autres Confrères, etc.
Notre vie commune, de son côté, est ordonnée á l’apostolat comme á sa fin.
1.2.2. Les Conseils Evangéliques, tant dans la vie que dans la mission, sont á considérer comme moves tous ensemble efficaces et nécessaires pour atteindre la fin: avec l’intention d’être configurés au Christ évangélisant les pauvres, nous devons suivre le Seigneur pauvre, vierge et obéissant au Père et qui veut que ses Apôtres le soient aussi.
1.2.3. Les vœux religieux, en exprimant cette profession, affermissent notre volonté de suivre le Christ, non seulement en paroles, mais en actes, en ordonnant et réglant notre vie á la fois matériellement et spirituellement.
1.3 Aspect juridique
1.3.1. Quiconque s’oblige aux Conseils par vœux, en communauté, ipso facto accepte la forme de vie de cette Communauté. Les vœux mettent en lumière, rendent concret, et explicite notre lien avec la Communauté et notre engagement á son égard.
1.3.2. Chacun des vœux a sa propre matière; elle doit être définie et comprise avant la profession. Les vœux, pris dans leur ensemble, constituent une profession canonique établissant le profès dans un « état juridique », c’est-á-dire dans un mode de vie stable, obligatoire et défini selon les Règles et Constitutions. Vu que la Congrégation existe dans l’Eglise comme entité publique, l’entrée elle-même dans la Congrégation doit être publique et juridique. Il s’en suit que la valeur de l’aspect juridique des Conseils est la mémé que la valeur de l’existence ecclésiale de droit public dont jouit la Congrégation.
II. Les conseils évangéliques en particulier
2.1. LA PAUVRETÉ
2.1.1. Sens théologique, ecclésial
2.1.1.1. Par la profession de la pauvreté, nous voulons nous libérer des obstacles au service divin, pouvant surgir des biens matériels.
(cf. L.G. 44a)
2.1.1.2. II semble que notre participation ‘à l’action de Dieu Créateur prend la forme du travail humain. Pour le pauvre, qui ne possédé pas les biens matériels dont il faut vivre, le travail est le moyen ordinaire de se procurer ces biens.
2.1.1.3. La Pauvreté, en tant que matière de vœu dans notre Communauté, consiste dans la cession de toute notre capacité de travail productif, efficace et fructueux, á la Congrégation de la Mission, afin d’édifier cette Congrégation dans la charité et d’en accomplir l’apostolat. Nos travaux et leurs fruits sont dédiés aux services des hommes, des pauvres surtout, mais cela en communauté et par la communauté avec d’autres.
2.1.2. Pauvreté vincentienne et évangélique
2.1.2.1. Avant tout, il faut avoir présent á l’esprit les orientations, diverses selon les circonstances, que S. Vincent a données á notre pauvreté.
2.1.2.2. A parler strictement, la pauvreté vincentienne n’est autre, peut-être, que la pauvreté évangélique.
Pratiquement, la pauvreté vincentienne, telle que nous la voulons et que nos Constitutions la définissent, est le moyen nous permettant de pratiquer le Conseil. La pauvreté vouée implique, entre autres, le sens de la bonté divine se répandant dans les biens temporels á nous confiés; elle reconnait que cette bonté transcende un usage purement personnel.
2.1.2.3. Concrètement, le vœu ne dit rien de nos biens privés. Cependant, la véritable pauvreté vincentienne exige que ces biens eux-mêmes soient consacrés au service des hommes. Comment pourrions-nous nous donner entièrement, tout en retenant des biens temporels ?
2.1.2.4. Reste á examiner la difficulté particulière á certaines Provinces où les Confrères sont dispersés et dans lesquelles la Communauté n’existe pratiquement pas.
2.1.3. Pauvreté individuelle et communautaire
2.1.3.1. La pauvreté communautaire transcende l’ordre de l’explication théorique et spéculative. En cela elle ressemble á Pamour en général et á la charité en particulier. L’ouverture envers l’Esprit, la vie façonnée de charité sincère, en assurent la pratique juste et droite. Le respect référentiel des Confrères á l’égard des biens communs, incite á la pauvreté communautaire.
2.1.3.2. Grâce á cette sensibilité se laissent concilier dans la Communauté.
- l’éducation continue de ses membres á la coresponsabilité dans l’usage et l’administration des biens;
- la bonne administration de la part des supérieurs;
- la conscience, chez tous les membres, d’être obligés á s’orienter avec tout leur travail, pour le bien de la Communauté.
2.2. L’OBEISSANCE
2.2.1. Alors que la compétence de l’autorité et l’obligation des membres sont déterminées par la nature et par les Constitutions de la Congrégation l’essence de l’obéissance parait consister fondamentalement dans la soumission habituelle d’une personne á l’égard d’une autre. Ce qui exclut, du moins en principe, notre désir profondément inné de préserver notre liberté, etc. Celui qui obéit, ne résiste pas á l’autorité au nom de sa liberté personnelle, mais le fait éventuellement pour le bien de l’œuvre et de ceux qu’il veut servir.
2.2.2. Pour concilier, dans la vie de la Communauté, et la charge de l’autorité et l’obéissance des membres, il faut veiller particulièrement :
1° á ce que tous aient une disponibilité intelligente et vraie pour un service en commun;
2° á ce que l’autorité ait non seulement un talent d’organisation mais encore le don:
- de coordonner les efforts, en vue d’un apostolat efficace,
- et d’établir entre les Confrères une communion fraternelle, intime et vitale.
Les décisions sont certes nécessaires; mais il faut chercher á les prendre mieux et plus facilement, en stimulant les Confrères et en les mettant en valeur. En tout cas, la direction donnée par les Supérieurs doit être marquée par la sagesse collective de la communauté, sagesse qui ne peut s’exprimer que dans une consultation étendue. Les hommes en effet, sont unis par l’amour des valeurs qui, dans leur vie communautaire, leur paraissent être communes.
2.2.3. Autant que possible, une communauté doit être formée
- de membres ayant quelque affinité et des relations mutuelles spontanées,
- d’hommes liés par une formation commune, capables d’exercer une activité en commun, communiquant entre eux dans la coresponsabilité et l’amitié fraternelle.
2.3. LA CHASTETÉ
2.3.1. Il faut faire ressortir plutôt les aspects positifs de la Chasteté. C’est la direction donnée par les documents du Concile et par les autres orientations et normes postconciliaires.
2.3.2. La chasteté est á définir, non dans le contexte de la sexualité en tant que telle, mais dans celui des biens de la vie conjugale et familiale. Le Célibat, bien compris, n’est pas la chasteté parfaite: l’homme célibataire et l’homme marié peuvent être également chastes, chacun á sa manière. Le vœu de célibat oblige l’homme á s’abstenir du mariage et de l’activité sexuelle; ce en quoi ii différé de la chasteté, á moins que nous ne veillions faire consister la chasteté dans l’absence d’activité sexuelle. Le Célibat est plutôt un mode particulier, positif, d’aimer le prochain. Il ne consiste pas á rejeter la vie commune, mais á embrasser une vie communautaire spéciale. Le vœu de célibat, par lequel je suis devenu membre de la Communauté, doit être la donation de moi-même aux autres, dans la communion de l’amour chrétien. La pratique du célibat consiste á parfaire et á approfondir cet amour et cette union.






