Béni soit Dieu, Mademoiselle, de ce que vous vous portez mieux ! Vous serez la bien venue demain pour communier à la messe de Monsieur de la Salle1, car pour moi, je suis obligé de la dire de matin, ce à cause d’une assemblée d’ecclésiastiques qui se doit faire demain au matin céans, qui tiendra jusques à midi2, Je ne crains pas maintenant tant la chapelle qu’en été. S’il plaît à Mademoiselle Guérin3 de venir, elle sera la bien venue, avant que je parte, dont je vous donnerai avis.
Et pour l’argent de la Charité de Mademoiselle du Fay, très volontiers j’approuve l’usage que vous en désirez faire, étant au reste bien aise de la résolution que ces bonnes filles4 ont prise de mettre tout en commun, et ne manquerai demain à la messe, tout misérable pécheur que je suis, de les offrir à Notre-Seigneur, en l’amour duquel je suis votre très humble serviteur.
VINCENT DEPAUL.
Suscription : A Mademoiselle Mademoiselle Le Gras.
- Jean de la Salle, que saint Vincent appelle un «grand missionnaire» et que l’évêque de Beauvais estimait le «plus fort en raisonnement» qu’il eût jamais connu (Conférence de saint Vincent, 5 août 1659), était né à Seux (Somme) le 10 septembre 1598 et avait offert ses services à saint Vincent en avril 1626. En 1631, il prêchait en Champagne ; en 1634, 1635 et 1636, il travaillait dans la Gironde et les régions environnantes. Quand s’ouvrit, en juin 1637, le séminaire interne de Saint-Lazare, on lui en confia la direction. L’année suivante, il reprenait ses missions Les exercices des ordinands l’occupèrent ensuite jusqu’à la fin de sa vie. Il mourut le 9 octobre 1639, très regretté de saint Vincent, qui perdait en lui un de ses meilleurs ouvriers.
- L’oeuvre des conférences spirituelles ne fut définitivement organisée que plus tard, en 1633. Il est permis de croire toutefois que des conférences se donnaient de temps à autre avant cette date au collège des Bons-Enfants. Nous savons que de nombreux ecclésiastiques, attirés par Bourdoise et Le Féron, se réunissaient en ce lieu pour conférer ensemble, avant même que saint Vincent eût pris possession de l’immeuble. (Histoire du Séminaire de Saint-Nicolas-du-Chadordonnet, par P. Schoenher, 1909-1911, 2 vol. in-8°, t. I, p. 97.)
- Épouse de Gilles Guérin, conseiller du roi et correcteur des comptes. Elle habitait rue Saint-Victor, tout près du collège des Bons-Enfants.
- Probablement les membres de la Charité.