Vincent de Paul, Lettre 0012. A Louise De Marillac

Francisco Javier Fernández ChentoÉcrits de Vincent de PaulLeave a Comment

CRÉDITS
Auteur: Vincent de Paul .
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Du 30 octobre 1626.

Mademoiselle1,

La grâce de Notre-Seigneur soit avec vous pour jamais !

J’ai reçu la vôtre en ce lieu de Loisy-en-Brie2 qui est à vingt-huit lieues de Paris, où nous sommes en mission3 Je ne vous ai point donné avis de mon départ, pource qu’il a été un peu plus prompt que je n’avais pensé, et que j’avais peine de vous en faire en vous en donnent avis. Or sus, Notre-Seigneur trouvera son compte en cette petite mortification, s’il lui plaît, et fera lui-même l’office de directeur ; oui, certes, il le fera, et de façon qu’il vous fera voir que c’est lui-même. Soyez donc sa chère fille, toute humble, toute soumise et toute pleine de confiance, et attendez toujours avec patience l’évidence de sa sainte et adorable volonté.

Nous sommes ici en un lieu où le tiers des habitants est hérétique. Priez pour nous, s’il vous plaît, qui en avons bien besoin, et surtout moi, qui ne vous réponds point à toutes vos lettres, pource que l’on n’est plus en état de faire ce que vous me mandez.

  1. Louise de Marillac, née à Paris, le 12 août 1591, de Louis de Marillac, frère du pieux Michel de Marillac, garde des sceaux (1626-1630), et du maréchal de Marillac, célèbre par ses disgrâces et sa mort tragique, était veuve d’Antoine Le Gras, secrétaire de la reine Marie de Médicis, qu’elle avait épousé le 5 février 1613 et perdu le 21 décembre 1625. Elle en avait eu un fils, Michel, qui venait d’accomplir ses treize ans. La pieuse veuve avait mis toute sa confiance en celui qui dirigeait sa conscience, Vincent de Paul, dont elle supportait péniblement les longues absences. Ce saint directeur l’appliquait aux œuvres charitables. Le jour était proche où il devait en faire sa collaboratrice dans la création et l’organisation des confréries de la Charité. La vie de Louise de Marillac, que l’Église a béatifiée le 9 mai 1920, a été écrite par Gobillon (1676), la comtesse de Richemont (1883), le comte de Lambel, Monseigneur Baunard (1898) et Emmanuel de Broglie (1911). Ses lettres et autres écrits ont été autographiés et en partie publiés dans l’ouvrage qui a pour titre : Louise de Marillac, veuve de M. Le Gras. Sa vie, ses vertus, son esprit, Bruges, 1886, 4 vol. in-l6. On réservait autrefois aux femmes des chevaliers la qualification de Madame. Les épouses de simples écuyers, quelle que fût la noblesse de leurs maris, n’avaient droit qu’au titre de Mademoiselle. (Historique généalogique et héraldique des pairs de France, par le chevalier de Courcelles. Paris, 1822-1823, 12 vol. in-4° t. I, Introduction, p. 36.) Par son mariage, Louise de Marillac était devenue « Mademoiselle » Le Gras.
  2. Petite localité de la Marne.
  3. Vincent de Paul avait alors pour associés dans ses travaux des missions Antoine Portail, Louis Callon, François du Coudray et Jean de la Salle. Un de ces missionnaires était avec lui à Loisy.

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