à Angers
Archidiacre et Chanoine en l’Eglise de Paris, en la Cité.
(mai 1640)1.
Monsieur,
Une fièvre dont je suis travaillée depuis quinze jours, avec d’assez fâcheux accidents, m’empêche de me donner l’honneur de vous écrire de ma main, pour vous remercier très humblement du grand soin que votre charité a de nous. Je croyais, par ma dernière, vous avoir témoigné assez précisément, Monsieur, que j’espérais du bien des deux filles dont vous me parlez, et vous pouviez toujours être assuré que venant de votre part, elles seraient bien reçues. Néanmoins, Monsieur, puisque vous en voulez des ordres plus exprès, je vous dirai que Monsieur Vincent n’y trouve point de difficultés, et moi, je vous supplie, qu’elles puissent avoir l’honneur de venir en votre compagnie. J’espère qu’elles seront quittes des faiblesses à quoi sont sujettes les filles d’Angers qui viennent en ce pays. Notre Sœur Marie que j’ai amenée quand e moi sera, Je crois, le commencement de celles qui auront du courage et de la solidité. Les deux dernières venues avant elle, étaient malades de maladies incurables dès qu’elles arrivèrent, ont toujours été languissantes depuis qu’elles ont été céans, et, maintenant sont au lit de la mort. Ce sont les deux Perrine; je crois, Monsieur qu’il vous en peut souvenir. Je me réjouis bien fort de l’espérance que vous nous donnez d’avoir l’honneur de vous voir. Mais d’ailleurs, je considère bien la perte que nos pauvres Sœurs feront et le besoin où elles se pourront trouver, surtout si les Révérends Pères Réformés entrent en possession de l’Hôpital durant votre absence.
Je vous supplie, Monsieur, pour l’amour de Dieu, de vouloir laisser quelqu’ordre tant à elles qu’à celui que votre charité leur laissera pour Directeur, de ce qu’elles auront à faire en cas que cela arrive. Je supplie Dieu vous donner assez de force et santé pour accomplir ses desseins sur vous, et suis en son saint amour, Monsieur, votre très humble et très obéissante servante.