Ce dimanche (vers 1638)
Monsieur,
Je vais envoyer votre réponse à Madame Pelletier1, par ma Sœur Turgis2, je suis si méchante que j’eusse bien voulu que ce mot, de son retour bientôt, n’y eût pas été. Monsieur de Liancourt passa hier ici, je ne le vis pas, mais il me fit dire que Madame sa femme était fort en peine de mon retour. Ma petite saignée d’hier m’a facilité une sueur, toute la nuit, qui m’a bien soulagée, Dieu merci, et en sorte que j’en ai quitté le lit. Et pour n’avoir pas assez de force ni de santé pour vous aller trouver, voyant le mauvais temps, et que j’ai besoin de vous parler, j’avais fait dire au frère portier que je vous suppliais prendre la peine de venir céans. Je prends cette liberté par la confiance que votre charité m’en a donnée autrefois, puisque je crois être toujours, Monsieur, Votre très humble et très obligée fille et servante.
- Madame Pelletier, sans doute, la fille de Madame de Herse qui avait épousé le neveu de Madame Goussault. Elle ne persévéra pas dans la Compagnie des Filles de la Charité.
- Elisabeth Le Goutteux, veuve Turgis, est entrée en 1636 dans la Compagnie des Filles de la Charité. Intelligente cultivée, elle seconde avec tout son dévouement Louise de Marillac et la remplace lors de ses absences de la Maison Mère. Louise de Marillac lui confie en 1640 la responsabilité de la nouvelle communauté à Angers. Elle l’y envoie à nouveau en 1644 pour quelques mois. Placée à Richelieu en 1646, à Chars en 1647, puis à Chantilly en 1648, elle meurt après une courte maladie en octobre 1648.