Paris, ce 6 mai 1640.1
Monsieur,
Faut-il que je me serve encore de la main d’autrui pour répondre à celle qu’il vous a plu m’écrire du 30ème du passé. Je vous assure Monsieur, que ce n’est pas sans peine. J’espère le faire moi-même au premier voyage *; et maintenant je le ferais bien, ce me semble, n’était, je n’ose m’efforcer trop tôt, outre ce que j’ai pris quelque breuvage ce matin qui ne me permet pas d’agir si librement. Vous m’avez extrêmement consolée des nouvelles qu’il vous plaît me mander* de nos pauvres filles; je ne puis douter que Notre Seigneur ne bénisse son ouvrage pourvu que nous n’y mettions d’obstacle. Nous tâcherons d’agir toujours avec confiance et dépendance de sa divine volonté.
Pour les deux filles dont m’écrivez, votre procédure a été telle qu’il ne s’y peut ajouter, ce me semble. Pour celle qui n’a rien, nous ne laisserons de la prendre, si vous le jugez à propos; et pour l’autre, si vous trouvez bon, le loyer de sa maison pourrait aller pour assister sa petite parenté, selon son désir. Pour la damoiselle, je n’ai besoin de rien dire, étant entre vos mains, nous suivrons toujours vos sentiments en son sujet; et en attendant que je me puisse donner l’honneur de vous écrire de ma main, je suis et serai éternellement, Monsieur, Votre très humble et obligée servante.