Louise de Marillac, Lettre 0016: à Monsieur l’abbé de Vaux

Francisco Javier Fernández ChentoÉcrits de Louise de MarillacLeave a Comment

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Author: Louise de Marillac .
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De La Chapelle, 23 mars 1640.

Monsieur,

Pardonnez-moi, s’il vous plaît, si je suis tant importune à votre charité. Je m’étais promis de savoir de vos nouvelles toutes les semaines, par votre moyen ou de quelqu’autre, et comme je vois, cela me manque, je prends la liberté d’interrompre les saintes occupations de votre charité, pour vous supplier très humblement me vouloir apprendre l’état des petites affaires de l’établissement de nos filles, dont je suis un peu en peine, à cause que je ne devais venir sans cette expédition. Je suis si sujette à faire des fautes que cela ne me devrait pas étonner, espérant, comme je ne suis bonne à rien, que Dieu peut, et veut bien souvent, tirer sa gloire des personnes de ma sorte, pour faire connaître que sa puissance n’a aucun besoin de ses créatures pour l’exécution de ses desseins. J’espère, Dieu aidant, Monsieur, que les trois filles1 que j’ai promises partiront mardi, sans faute. J’ai été plus de temps que je ne pensais à les envoyer, c’est la peine que nous avons eue à les ôter du lieu où elles étaient, vous assurant, Monsieur, que c’est l’élite de notre reste à quelqu’une près qui nous est très nécessaire. Je croirais faire faute de les recommander à votre charité: j’ai tant de sujets de croire que notre bon Dieu lui a commis la conduite de cette affaire. Seulement, Monsieur, j’ai une très humble supplication à vous faire de me pardonner les manquements que je fais dans la nourriture de ces bonnes filles, et de me faire la charité de m’en avertir, afin que me corrigeant vous ayez moins de peine à celles qui iront après.

Je ne sais si par mes précédentes je vous ai présenté les très humbles saluts de Monsieur Vincent, je suppléerai par celle-ci, que je finis, vous suppliant très humblement m’honorer de la continuation de votre saint souvenir dans la créance que je suis en l’amour de Jésus Crucifié, Monsieur, votre très humble fille et très obéissante servante.

  1. Geneviève Caillou (voir p. 29), Marie-Marthe Trumeau (voir p. 75) et Madeleine Mongert (voir p. 46).

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