à Angers
de Saint Martin, ce 24 février 1640.
Monsieur,
Votre charité a encore voulu acquérir sur moi ce surcroît d’obligation de vous être incommodé de votre laquais pour me donner cette consolation1, il me vient bien en l’esprit de vous en remercier et de tous les autres bienfaits que j’ai faits, que j’ai reçus de vous2. Mais il faut, Monsieur, que je vous dise que les remerciements pour les grandes obligations vers les personnes que j’honore comme je vous fais, me semblent si au-dessous du devoir, que, pour l’ordinaire je n’en puis user; et c’est, Monsieur, ce qui me fait être sans parole au temps que je devrais plus fortement vous témoigner mes sentiments de reconnaissance. Vous me le pardonnerez, s’il vous plaît, puisque même je suis si imbécile que j’en use ainsi vers notre bon Dieu pour ses innumérables bienfaits qui occupent plus mon esprit d’admiration que d’actions de grâces. Agréez donc, Monsieur, je vous en supplie, que je demeure dans le silence, par ce motif d’impossibilité; et, me permettez de vous dire, que je ne sache point avoir eu jamais plus d’obligation à qui que ce soit au monde, qu’à vous, de qui je suis, Monsieur, Votre très humble fille et très obéissante servante.
P.S.—Il me semble, Monsieur, que vous m’aviez commandé de vous écrire la manière de faire sirop de rose et de traiter les pauvres malades. Voilà ce que j’en ai écrit, et vous demande pardon que ce soit si mal, notre Maître suppléera qui est le Médecin charitable, que j’avais dit que l’on vous portât.