Ce 4 septembre (vers 1635)
Monsieur,
Je vous renvoie le règlement de Saint-Sauveur, je ne l’avais pas vu, il me semble que le commencement fait dépendre toute la confrérie de Monsieur le Curé, je ne sais si cela serait à propos; bien est-il vrai que Messieurs les Curés de Beauvais en seraient bien contents, mais cela les porterait incontinent à ne vouloir plus que personne eût la connaissance de ce qui se passerait à chaque Confrérie. Je crois pourtant, Monsieur, qu’il est nécessaire que les officières leur communiquent de la réception des malades, au moins leur disent ceux qu’elles recevront qu’il soit porté dans le règlement que les voix seront colligées* par eux, pour l’élection, et que la trésorière rendra ses comptes en sa présence, sans du tout parler de Monsieur le Grand-Vicaire, comme il était porté dans le règlement, et que le nombre des dames soit précisé; que les places vacantes seront remplies de celles que la Compagnie agréera et après présentées à Messieurs les Curés pour leur réception et recevoir leur bénédiction.
Pour procureur, je ne sais s’il serait facile d’en mettre un à chaque Confrérie, car jamais elles ne s’en retireront à faire écrire les quêtes par lui, pour dresser les comptes je crois que les femmes le pourront elles-mêmes. Il ne reste plus rien à faire pour le procureur, sinon faire exécuter les legs, si aucun il y en avait, au profit des Confréries et en ce cas il y a apparence qu’un seul pourrait suffire pour toutes, j’entends seulement, Monsieur, pour Beauvais, car pour Liancourt le règlement ordinaire est bon- principalement ce qui recommande l’amitié entr’elles et les plus amples1, à cause des exercices tant du soir, du matin, que du souvenir de la présence de Dieu (pendant) la journée; et aussi, Monsieur, que les places vacantes soient remplies en la manière ci-dessus. Il y a partout de bons procureurs.
Vous aviserez, s’il vous plaît, Monsieur, si vous ferez alors quelque article particulier pour cet officier qui demande avec tant d’instance d’être admis pour procurer le bien de la Confrérie. Et s’il sera porté par le règlement qu’il y aura deux filles nommées par Madame de Liancourt2 pour être gardes des malades lesquelles habiteront dans le logis que ma dite Dame donne à cet effet, lesquelles seront obligées à faire, et porter les médicaments, tant aux malades de Liancourt, que La Bruyère, Cauffry et Rantigny, ayant soin de visiter les dits malades au moins deux fois la semaine et faire tout ce qui sera porté par l’établissement et fondation qui sera fait en ce sujet. La quête se fait, en ces lieux, les dimanches aux maisons et les bonnes fêtes aux églises
les procureurs tiennent un livre et écrivent les recettes de chaque quête, comme aussi la trésorière pareillement. Les coffres ne sont qu’à deux serrures. Je pense qu’il faut dire que les dites gardes seront du corps de la Confrérie.
Je crois, Monsieur, qu’il sera très à propos que dans chaque coffre il y ait un registre comme celui que je vous ai laissé, afin que tout ce qui se passera dans la Confrérie y soit trouvé. En tête du livre je pense qu’il faut y écrire l’établissement, ensuite le règlement, puis le nom des sœurs, puis l’élection du procureur et des officières et suivant après, on pourra mettre les nouvelles élections.
Vers la moitié du livre marquer qu’il faut écrire les noms des sœurs qui décéderont et de celles qui se mettront à leur place, et de l’autre côté du livre les legs pieux et dons extraordinaires, et en un autre endroit les meubles qui sont appartenant aux pauvres. Le livre que j’ai apporté est celui de La Bruyère, à cause que l’établissement était entièrement signé.
Je crois qu’il faut que la Supérieure tienne un livre où elle fasse écrire le nom des pauvres malades, le jour de leur réception et de leur mort ou celui que la charité laisse de les assister.
Si vous ne m’aviez commandé, Monsieur, de faire ce mémoire je n’y eusse osé penser. Je ne sais comme quoi j’ai tant retardé, si non, que c’est que je sens bien que mon esprit se ralentit fort pour le bien, tant pour l’autrui que pour le particulier de mes exercices.
La bonne Sœur Jeanne de Saint-Benoit (3?) vient de m’amener trois filles de Colombe, de bien bonne façon qui ont grand désir de servir les pauvres, partout où on les voudra envoyer. Je crois qu’elles vous iront trouver un de ces jours, j’ai bien du regret d’avoir perdu la journée que votre charité me voulait donner; je crois qu’il y a de ma faute. J’aurais un grand besoin d’avoir quelques jours pour penser un peu à moi pour quelque renouvellement. Je crois Monsieur, que quand il faudra travailler pour l’exercice de la Charité à Saint-Laurent3, si vous me voulez faire l’honneur de m’y employer, qu’il sera nécessaire que j’y séjourne quelques jours, je me pourrais servir de cette occasion si vous le trouvez à propos ; mais pour l’amour de Dieu, Monsieur, demandez que sa miséricorde vous fasse connaître mes besoins, autrement je croirai qu’il me veut tout à fait abandonner, puisqu’il permet que vous ayez ce sentiment.
Je vous envoie le mémoire de ce qui fut fait en chaque Assemblée de Beauvais. Je crois qu’il sera bon que le règlement que vous ferez dresser soit pour Saint-Sauveur 3 et l’envoyant mander * qu’elle le baille* aux autres pour copier.
Si vous voulez prendre la peine de revoir la lettre que je vous envoyai de Liancourt, vous y trouverez peut-être quelque chose de plus que je ne vous mande. Pardonnez-moi s’il vous plaît le mauvais ordre que je tiens, je voudrais presque m’excuser sur mon peu de mémoire, mais vous savez telle que je suis et que je serai toujours, Monsieur.
Votre très humble fille et très obligée servante
P.S.—Les quêtes se font à Beauvais tous les lundis, mais je crois qu’il serait à propos de faire quêter les bonnes fêtes à l’église. Je pense que faisant l’établissement incontinent* que la Mission, que Monseigneur de Beauvais y veut faire faire, qu’il sera facile d’obtenir tout ce qu’on pourra désirer pour le bien de la Confrérie. Je ne me suis point occupée de proposer cette quête.