Remarque préliminaire: Les membres de ce Groupe, constitué par le Supérieur Général (Constitutions n. 54, Décrets Temporaires n. 2) s’acquittent d’un double devoir: chacun
- y représente une section de la Congrégation (un groupe linguistique ou géographique),
- y travaille avec sa propre compétence.
En tant que représentant, il doit veiller á ce que tous les confrères soient entendus, á ce que leurs opinions soient examinées et exercent l’influence qui leur revient.
De plus, chacun doit faire bénéficier le Groupe de sa propre compétence et expérience.
Les études et les discussions du Groupe seront communiquées aux Provinces, où les discussions et les échanges entre confrères seront encouragés.
Telle est l’ambition de ce premier rapport. La relation finale est du ressort de l’Assemblée Générale.
I. La nature des vœux dans la Congrégation
Nos vœux, selon la définition de la dernière Assemblée Générale (Constitutions n. 52), sont seulement perpétuels, simples et privés. Certaines nouvelles, tant publiques que privées, indiquent que la Commission de Révision du Code de Droit Canonique tend á changer la terminologie et á déclarer publics des vœux considérés jusqu’ici comme privés, par exemple les mitres, ceux des Files de la Charité et d’autres semblables: « Le vœu est public s’il est reconnu par l’Eglise, si sa matière est définie par des statuts ou constitutions approuvés, s’il fait partie de l’engagement dans un Institut approuvé par l’Eglise, et si la dispense de ce vœu est réservée au Supérieur. Ou au Souverain Pontife ». Notre Groupe a discuté de ce problème.
Il s’est souvenu des très nombreux Confrères, de toutes les parties de la Congrégation, qui s’opposent á tout changement dans nos vœux, pour empêcher que nous ne devenions peu á peu des religieux. Il a donc exprimé la volonté que nous fassions tous les efforts requis pour détourner la Commission de Révision du Code de son dessein et de la direction prise. De plus, mémé si nos tentatives s’avéraient Mutiles, il faudrait s’efforcer de faire nommer quelques représentants des Sociétés de vie commune comme membres, ou au moins comme consulteurs, de ladite Commission. Cette affaire est d’une grande importance, vu qu’elle implique un principe fondamental.
Quant au caractère « public >> de nos vœux, le Groupe pense que l’action de la Commission ne sera peut-être pas d’une très grande importance. La Commission, selon quelques informations, établira divers degrés de publicité, de façon á garder intactes les distinctions entre les Instituts Religieux, les Sociétés de vie commune (comme la C.M. et les Filles de la Charité) et les Instituts Séculiers. Par conséquent mémé si nos efforts de réorienter les intentions de la Commission devaient échouer, de manière claire et indubitable nous demeurerions non-religieux. Quoiqu’il arrive, il est nécessaire d’établir clairement, distinctement, et de définir avec précision nos vœux, dans le sens et avec la portée que leur a donnée Saint Vincent et que nous voulons encore aujourd’hui.
II. De la nécessité des vœux dans la congrégation
La nécessité des vœux dans la Congrégation, si nos vœux sont vraiment nécessaires, doit être fondée ou bien en droit (c’está-dire ex jure communie), ou bien dans l’intention du Saint Fondateur, ou encore dans la volonté actuelle des Confrères. Le Groupe a examiné ces divers fondements.
a) EN DROIT: Vatican II (Lumen Gentium n. 44) admet qu’il y a des Instituts sans vœux, reconnus par les Droits, et constitués par d’autres liens, assimilés de par leur nature aux vœux. Le Concile affirme un fait. — En fait, la Congrégation de la Mission existe cum votis. Cependant, Ecclesiae Sanctae (Sect. II. p. I.
n. 6; cf. Constitutions, Sect. VIII, Decreta Temporaria 2). Statue: « Le chapitre général a le droit, ad experimentum, de changer certaines normes des Constitutions, pourvu que soient respectés la fin, la nature et le caractère de l’Institut >>.
Quant á la question: si oui ou non cela nous donne le droit de changer ou mémé d’éliminer nos vœux, le Groupe n’arrive pas á lui donner une réponse unanime.
Quelques-uns sont d’avis que nous avons cette liberté;
D’autres le nient, parce que les vœux constituent partiellement, sinon la nature, du moins le caractère de la Congrégation; d’autres encore pensent que 1’Assemblée Générale, en décrétant qu’il faut émettre des vœux (Constitutions n. 51, 52), a exclu de la compétence du présent Groupe la considération mémé de l’élimination des vœux. — Ainsi chacun abonde dans son propre sens.
b) L’INTENTION DE SAINT VINCENT: (il est fait abstraction ici du vœu de stabilité dont il sera question plus bas.)
Saint Vincent n’a pas toujours donné la mémé signification aux vœux. Parfois, surtout dans les premières années, il a présenté les vœux comme des moyens d’obtenir la stabilité dans la vie et l’œuvre de la Congrégation. D’autres fois, il les a présentés comme des moyens de sainteté et de configuration au Christ; enfin, comme constitutifs d’une certaine consécration totale. Cette diversité est probablement révélatrice d’une évolution de sa mentalité, sous l’influence des circonstances changeantes de la réalité, De toute façon, Saint Vincent a considéré les vœux comme des moyens.
On se demande donne, si les fins poursuivies pourraient être obtenue á l’aide d’autres moyens. Cependant, si les vœux constituent le caractère de la Congrégation, cette question est purement académique. Ceux-là mémé qui nient que les vœux soient constitutifs du caractère de la Congrégation, croient devoir les retenir tant que l’on n’aura pas trouvé d’autres moyens capables d’assurer, notablement mieux, les fins poursuivies.
c) LA VOLONTÉ DES CONFRERES: La grande majorité des Confrères s’oppose á tout changement des vœux; ils ont de la peine á comprendre pourquoi l’on peut envisager la suppression des vœux. Non sans raison: très peu nombreux sont, semblet-il, les Confrères qui veulent supprimer les vœux. Si donne l’on prend pour critère la volonté des Confrères, les vœux sont á déclarer nécessaires.
III. De l’utilité des vœux dans la congrégation
Quelle est donne la contribution des vœux á l’exercice des conseils évangéliques, á la vie communautaire et á l’œuvre apostolique dans la Congrégation ? Pour la réponse á cette question, le Groupe est divisé.
Certains croient que les vœux (du moins tels que nous les vivons) ont obscurci les exigences plus profondes des conseils évangéliques et les aspects plus humains de notre lien avec la Communauté. Ils mettent donne en question l’utilité et l’efficacité des vœux. D’autres, tout en reconnaissant ces difficultés (qu’ils mettent d’ailleurs au compte de la formation ou d’une intelligence inadéquate, plutôt que des vœux eux-mêmes), croient que les vœux sont de quelque façon constitutifs de notre unité et de notre consécration viscontienne, biens, qu’á leur avis, on ne peut obtenir á l’aide d’autres moyens.
Tous sont d’accord pour une fin pratique: dans la formation et l’éducation des Confrères, on doit examiner et dégager, de fa- con claire et approfondie, la nature évangélique et théologique des conseils, en toute leur amplitude. Ensuite, en évitant autant que possible tout juridisme, les vœux ne seront á comprendre et á expliquer que dans et á partir du contexte esquissé.
IV. Quelques observations sur la stabilité
Plusieurs questions ont attiré l’attention du Groupe sur la stabilité; nous pouvons résumer les réflexions comme suit:
a) Motif ayant conduit á l’institution du vœu: Les membres du Groupe sont unanimes á penser que Saint Vincent a introduit les vœux dans la Congrégation, parée qu’il désirait plus de stabilité dans sa Compagnie. Dans les années suivantes, l’expérience lui a fait découvrir d’autres valeurs, mémé intrinsèques, mais jamais au détriment du sens et du motif premiers.
b) Matière du vœu de stabilité: En vouant pauvreté, chasteté et obéissance devant Dieu, les premiers Confrères n’ont rien voué ou explicitement promis, au sujet de la durée du séjour et du travail stable dans la Congrégation. Pour expliciter et renforcer le lien avec la Congrégation. S. Vincent a institué un vœu par lequel tous promettent á Dieu qu’ils resteront et travailleront, tout le temps de leur vie, dans ladite Congrégation. La signification concrète de cette promesse est déterminée par les Règles et Constitutions de la Congrégation.
Mais l’on demande: dans l’intention de Saint Vincent, le vœu de stabilité avait-il un lien direct et explicite á cette fin de la Congrégation qu’est l’évangélisation des pauvres?
Quelques-uns répondent par l’affirmative, d’autres par la négative. Ceux qui répondent oui, croient pouvoir s’appuyer sur les propres paroles de Saint Vincent. Les autres pensent qu’un tel vœu, étant donné la diversité des œuvres dès l’origine, était et reste difficile á comprendre.
c) Les interprétations des Assemblées Générales: Les Assemblées Générales ont laissé des interprétations du 4me vœu. On demande:
- si ces interprétations sont á accepté comme vraies et authentiques ?
- si le Groupe doit travailler á la rénovation du vœu selon l’intention spécifique de Saint Vincent ?
- si la prochaine Assemblée Générale doit définir authentiquement la matière du vœu, selon les exigences et les nécessités de notre temps ?
Quelques membres du Groupe répondent affirmativement á la 1 erre et á la 3e question, négativement á la seconde. Les autres répondent affirmativement á la 2e, négativement á la première et á la troisième.
Les Assemblées Générales ont le pouvoir d’interpréter authentiquement les Constitutions. Mais leur interprétation, tout en demeurant authentique, peut être fausse. La matière du vœu de stabilité, déjà interprétée, demeure donne sujette á la réinterprétation d’une Assemblée subséquente. Si l’Assemblée Générale vient á examiner la stabilité, elle devra certainement rechercher une interprétation selon l’esprit de Saint Vincent. D’où il résulte que le Groupe reconnait la nécessité d’une étude et d’un travail intenses pour clarifier cette affaire.