Chapitre sixième : Les Pensionnaires enfermés à Saint-Lazare.
Après le récit des missions contenu dans le premier chapitre de ce second livre, nous avons parlé dans les quatre suivants de quatre grands ouvrages auxquels M. Vincent, fortifié de l’esprit de Dieu, a travaillé avec zèle et bénédiction pour le service de l’état ecclésiastique: c’est à savoir, des exercices de l’ordination, des conférences, des retraites spirituelles et des séminaires, que l’on peut dire en quelque façon être comme quatre fleuves mystiques qui, étant sortis d’une même source, continuent toujours à couler heureusement, pour arroser et fertiliser le jardin de l’Eglise. Nous allons maintenant voir les autres œuvres auxquelles il s’est appliqué par le mouvement du même Esprit, et qui ont étendu leur utilité sur toutes sortes de conditions et d’états.
Nous commencerons par celle qui semblera peut-être la moins considérable aux yeux des hommes, quoique fort utile au public, et, qui plus est, très précieuse devant Dieu; puisque l’humilité et la charité qui lui sont les plus agréables entre toutes les vertus y ont éclaté d’une manière toute particulière C’est cet humble et charitable emploi, auquel M. Vincent s’est appliqué, dès lors qu’il commença à demeurer en la maison de Saint-Lazare dont il a toujours tenu la porte ouverte pour y recevoir deux sortes de personnes. Les premiers sont des jeunes gens incorrigibles dans le désordre de leur vie, qu’on peut appeler des enfants de douleur pour leurs pères et mères, l’opprobre et la ruine de leurs maisons, lesquels par la fréquentation des mauvaises compagnies, adonnés et abandonnés à toutes sortes de vices, de débauches et de libertinages, tombent enfin dans un misérable état , auquel eurs parents, après avoir employé inutilement tous les remèdes dont ils ont pu s’aviser pour les ramener à la raison, reconnaissent enfin qu’il ne leur en reste plus d’autres, sinon de les priver de la liberté dont ils usent si mal, et les enfermer à Saint-Lazare, où ils sont reçus avec permission du magistrat, et traités selon leur pension tant pour le logement que pour la nourriture; sans qu’on les laisse voir à personne du dehors, que du consentement de ceux qui les y ont fait enfermer; et sans même qu’ils soient vus ni connus au dedans, sinon de ceux qui sont établis pour leur rendre service. Il y a des frères destinés pour les besoins du corps, et des prêtres pour ceux de l’âme: ceux-là ont soin de leur nourriture et autres besoins extérieurs,et ceux-ci les visitent, consolent et exhortent à changer de vie, à quitter le vice, et à se porter au bien et à la vertu; leur remontrant les malheurs temporels et éternels de leur vie déréglée, et les avantages d’honneur et de salut qui suivent les enfants obéissants et les hommes sages et craignant Dieu. L’état de solitude et d’humiliation où ils sont est très propre pour leur faire ouvrir les yeux, et les faire profiter tant des avis salutaires qu’on leur donne que des bonnes lectures spirituelles qu’on leur fait faire. On les y tient, pour l’ordinaire, jusqu’à ce qu’on remarque en eux des marques assurées d’une véritable conversion et qu’on les voie disposés à mieux vivre et à se comporter plus sagement à l’avenir. Mais avant que de sortir, on leur fait faire les exercices spirituels, pour les préparer à faire une bonne confession générale et à recevoir dignement la très sainte communion du corps de Jésus-Christ. On en voit ensuite plusieurs mener une bonne vie et employer utilement et chrétiennement leur temps. Il y en a même quelques-uns qui ont si bien profité de la demeure de Saint-Lazare, qu’en étant sortis, ils ont été trouvés capables et dignes d’être élevés aux premières charges de judicature et autres offices de très grande importance, où ils ont, avec la grâce de Dieu, fort bien réussi.
Entendons parler sur ce sujet un ecclésiastique d’une singulière piété, qui en a une connaissance particulière. « Un témoignage, dit-il, du zèle de feu M. Vincent, et que j’ai toujours considéré comme un prodige de grâce que Dieu donnait à ce saint homme, c’est, qu’ayant reçu en sa maison toutes sortes de personnes pour les gagner à Dieu, il l’a même ouverte aux enfants débauchés et incorrigibles; ce qui n’est pas une petite consolation aux parents, qui en sont pour l’ordinaire bien empêchés. Ils y sont reçus et traités avec tant de douceur et tant d’ordre qu’ils y vivent presque comme des religieux dans un bâtiment à part, faisant ponctuellement tous les exercices de piété aux heures réglées. Et plusieurs en ont si bien profité, qu’au sortir de là ils se sont retirés en des cloîtres et ont embrassé l’état religieux. »
Outre ces jeunes gens débauchés, on en reçoit encore en la maison de Saint-Lazare d’autres qui sont aliénés d’esprit; et lesquels pour cela étant à charge à leurs parents et à honte à leurs familles, il n’y a point de doute que c’est un grand soulagement au public qu’il se trouve un lieu de retraite tel que Saint-Lazare, où, moyennant une pension raisonnable, ils sont logés, servis et assistés avec une très grande charité.
M. Vincent avait un soin tout particulier de procurer la consolation de ces jeunes gens débauchés, et le soulagement des autres qui sont dans l’imbécillité et le trouble de leur esprit. Voici en quels termes il en parla un jour à sa communauté:
« Je recommande aux prières de la Compagnie les pensionnaires de céans, tant ceux qui sont aliénés d’esprit que les autres qui ne le sont pas; et entre les autres, un prêtre qui, ayant été quelque temps dans le délire, en était revenu et se portait mieux, mais par malheur y est retombé Cette maladie lui vient d’un excès de mélancolie qui lui envoie des vapeurs âcres au cerveau dont il a été tellement affaibli qu’il est retombé en ce mauvais état. Le pauvre homme sent bien venir son mal, lequel (comme il dit lui-même) commence toujours par une noire mélancolie, dont il lui est impossible de se retirer. Certainement ceux qui sont réduits en cet état sont grandement dignes de compassion: il est bien vrai qu’ils sont en quelque façon dans un état d’impeccabilité, n’étant pas maîtres de leurs volontés et n’ayant ni jugement ni liberté; et en cela ils doivent être estimés bienheureux si lorsqu’ils y sont tombés ils étaient dans la grâce de Dieu: comme, au contraire, ils sont fort à plaindre, si ce mal les a surpris dans l’état de péché mortel.
« Les autres que nous avons céans, et qui sont en leur bon sens, mais qui en usent mal, me donnent sujet de dire qu’on voit aujourd’hui dans le monde, parmi les jeunes gens, beaucoup de rébellions et de débauches, qui semblent s’augmenter tous les jours. Et il y a quelque temps qu’une personne de condition, qui est des premiers officiers d’une cour souveraine, se plaignait qu’un sien neveu, jeune homme fort débauché, s’était emporté jusqu’à cet excès que de le menacer plusieurs fois de le tuer, s’il ne lui donnait de l’argent; et un magistrat de la ville lui ayant donne conseil de le mettre à Saint-Lazare, où il y avait un bon ordre, pour le mettre à son devoir; il lui répondit qu’il ne savait pas qu’on y reçût ces sortes de gens; et que l’ayant ensuite remercié de cet avis, il lui avait dit qu’il était à souhaiter qu’il y eût dans Paris quatre maisons semblables à celle de Saint-Lazare, pour empêcher de tels désordres.
« Rendons grâces à Dieu, Messieurs, de ce qu’il applique cette Communauté à la conduite et des aliénés et des incorrigibles; nous n’avons pas recherché cet emploi, il nous a été donné par sa providence aussi bien que tous les autres qui sont dans la Compagnie. A cette occasion, je vous dirai que, quand nous entrâmes en cette maison, M. le prieur y avait retiré deux ou trois pauvres aliénés; et comme nous fûmes substitués en sa place, nous en prîmes le soin et la conduite: en ce temps-là nous avions un procès, dans lequel il s’agissait si nous serions chassés ou maintenus dans la maison de Saint-Lazare;et je me souviens que je me demandai pour lors à moi-même: S’il te fallait maintenant quitter cette maison, qu’est-ce qui te touche, et qui te toucherait le plus ? et quelle est la chose qui te donnerait plus de déplaisir et de ressentiment ? Et il me semblait, à cette heure-là, que ce serait de ne plus voir ces pauvres gens et d’être obligé d’en quitter le soin et le service.
« Mes frères, ce n’est pas si peu de chose que l’on croit, d’être appliqué au soulagement des affligés; car l’on fait plaisir à Dieu. Oui, c’est une des œuvres qui lui sont le plus agréables que de prendre soin de ces insensés; et elle est d’autant plus méritoire que la nature n’y trouve aucune satisfaction, et que c’est un bien qui se fait en secret et à l’endroit de personnes qui ne nous en savent aucun gré. Prions Dieu qu’il donne aux prêtres de la Compagnie l’esprit de conduite pour ces sortes d’emplois quand ils y seront appliqués, et qu’il fortifie nos pauvres frères et les anime de sa grâce, pour essuyer les peines et souffrir les travaux qu’ils ont tous les jours autour de ces pensionnaires, dont les uns sont malades de corps et les autres d’esprit; les uns stupides et les autres légers; les uns insensés et les autres vicieux; en un mot, tous sont aliénés d’esprit, mais les uns par infirmité et les autres par malice; 00ceux-là sont ici pour recouvrer leur santé, et ceux-ci pour se corriger de leur mauvaise vie.
« Courage donc, mes frères; savez-vous bien qu’il y a eu autrefois des papes appliqués au soin des bêtes ? Oui, du temps des empereurs qui persécutaient l’Église en son chef et en ses membres, ils prenaient les papes et leur faisaient garder les lions, les léopards et les autres bêtes semblables qui servaient au divertissement de ces princes infidèles, et qui étaient comme les images de leur cruauté; et c’étaient les papes qui avaient soin de ces animaux Or les hommes dont vous avez la charge pour les besoins extérieurs ne sont pas des bêtes; mais ils sont en quelque façon pires que les animaux, par leurs déportements et leurs débauches. Cependant Dieu a voulu faire passer ces saints personnages qui étaient les pères de tous les chrétiens, par ces abaissements et par ces afflictions extraordinaires afin qu’ils apprissent par leur propre expérience à compatir aux abjections et aux adversités de leurs enfants spirituels: car quand on a ressenti en soi-même des faiblesses et des tribulations, l’on est plus sensible à celles des autres. Ceux qui ont souffert la perte des biens, de la santé et de l’honneur, sont bien plus propres pour consoler les personnes qui sont dans ces peines et ces douleurs que d’autres qui ne savent ce que c’est. Je me ressouviens qu’on me disait un jour d’un grand et saint personnage, qui était d’un naturel ferme et constant, qui avait l’esprit fort, qui ne redoutait rien et n’était guère sujet aux tentations, que pour cela il était d’autant moins propre pour supporter les faibles, consoler les affligés et assister les malades, parce que lui-même n’avait jamais passé par ces états.
« Vous n’ignorez pas que Notre-Seigneur a voulu éprouver sur lui toutes les misères. Nous avons un pontife, dit saint Paul, qui sait compatir à nos infirmités, parce qu’il « les a éprouvées lui-même Oui, ô Sagesse éternelle, vous avez-voulu éprouver et prendre sur votre innocente personne toutes nos pauvretés ! Vous savez, Messieurs, qu’il a fait cela pour sanctifier toutes les afflictions auxquelles nous sommes sujets, et pour être l’original et prototype de tous les états et conditions des hommes. O mon Sauveur ! vous qui êtes la sagesse incréée, vous avez pris et embrassé nos misères, nos confusions. nos humiliations et infamies, à la réserve de l’ignorance et du péché. Vous avez voulu être le scandale des Juifs et la folie des Gentils. Vous avez même voulu paraître comme hors de vous. Oui, Notre-Seigneur a bien voulu passer pour un insensé, comme il est rapporté dans le saint Evangile, et que l’on crût de lui qu’il était devenu furieux. Exierunt tenere eum; et dicebent: quoniam in furorem versus est . Les apôtres .mêmes l’ont regardé quelquefois comme un homme qui était entré en colère, et il leur a paru de la sorte, tant afin qu’ils fussent témoins qu’il avait compati à toutes nos infirmités et sanctifié nos états d’affliction et de faiblesse, que pour leur apprendre et à nous aussi à porter compassion à ceux qui tombent dans ces infirmités.
« Bénissons Dieu, Messieurs et mes frères, et le remercions de ce qu’il nous applique au soin de ces pauvres gens privés de sens et de conduite; car, en les servant, nous voyons et touchons combien sont grandes et diverses les misères humaines; et par cette connaissance nous serons plus propres à travailler utilement vers le prochain, nous nous acquitterons de nos fonctions avec d’autant plus de fidélité que nous saurons mieux par notre expérience ce que c’est de souffrir. Cependant je prie ceux qui sont employés auprès de ces pensionnaires d’en avoir grand soin, et la Compagnie de les recommander souvent à Dieu et de faire estime de cette occasion d’exercer la charité et la patience vers ces pauvres gens.
« Mais, Monsieur, me dira quelqu’un, nous avons assez d’autres emplois sans cela, et nous n’avons point pour règle de recevoir les fous à Saint-Lazare, ni ces autres esprits fâcheux qui sont de petits démons.
« Je dirai à celui-là que notre règle en ceci est Notre-Seigneur, lequel a voulu être entouré de lunatiques, de démoniaques, de fous, de tentés et de possédés. De tous côtés on les lui amenait pour les délivrer et les guérir, comme il faisait avec grande bonté. Pourquoi donc nous blâmer et trouver à redire de ce que nous tâchons de l’imiter en une chose qu’il a témoignée lui être si agréable ? S’il a reçu les aliénés et les obsédés, pourquoi ne les recevrons-nous pas ? Nous ne les allons pas chercher, on nous les amène: et que savons-nous si sa providence qui l’ordonne ainsi ne se veut pas servir de nous pour remédier à l’infirmité de ces pauvres gens, en laquelle ce débonnaire Sauveur leur a voulu compatir, au point qu’il semble l’avoir fait passer en lui même, ayant voulu paraître tel que je vous viens de dire. O mon Sauveur et mon Dieu ! faites-nous la grâce de regarder ces choses du même œil que vous les avez regardées. »
Un prêtre, officier de la maison, représenta un jour à M. Vincent qu’un de ces mauvais garçons ne se corrigeait point, quoiqu’il y eût déjà longtemps qu’il fût enfermé, et qu’il valait mieux le remettre entre les mains de ses parents que de le retenir davantage; qu’il usait de menaces, et qu’il était homme à faire quelque mauvais coup tôt ou tard. Mais M. Vincent ferma la bouche à ce prêtre, lui disant: « Pensez vous bien, Monsieur, que la fin principale que nous devons avoir en recevant des pensionnaires céans est la charité ? Or, dites-moi, n’est-ce pas une grande charité à nous de retenir cet homme, puisque s’il était dehors, il s’en irait renouveler le trouble qu’il a causé ci-devant à tous ses parents, lesquels l’ont fait enfermer avec permission de la justice, parce qu’étant un mauvais garçon ils n’en pouvaient venir à bout ? Ils l’ont amené céans pour avoir du repos en leur famille et pour essayer si Dieu par ce moyen aurait agréable de le convertir. De sorte que de vouloir aujourd’hui le renvoyer étant encore dans son premier esprit, ce serait vouloir remettre le trouble dans une famille qui est maintenant en paix par son absence. Ses menaces ne sont pas considérables, car, par la grâce de Dieu, il n’est pas encore arrivé grand mal à la Compagnie de la part de cet emporté, et nous devons espérer qu’il n’en arrivera pas à l’avenir. Pensez-vous, Monsieur, que ce garçon ne considère pas que ce sont ses père et mère qui le tiennent ici ? Il sait bien que ce sont eux qui l’y ont fait mettre, et non pas nous. »
Souvent M. Vincent recommandait à toute sa communauté de prier Dieu pour cette bonne œuvre, et à ceux qui en avaient la charge de s’en bien acquitter: « Autrement, disait il un jour, Dieu nous en punira. Oui, qu’on s’attende de voir tomber sa malédiction sur la maison de Saint-Lazare, s’il arrive qu’on y néglige le juste soin qu’on doit avoir de ces pauvres gens: je recommande surtout qu’on les nourrisse bien, et que ce soit du moins aussi bien que la Communauté.»
Les prières et les sollicitudes charitables de ce prêtre de grâce, sur ces hommes destitués de conduite et de jugement, lui ont acquis le mérite et la consolation de voir arriver de son temps quantité de bons effets des assistances qu’il leur a rendues, et au public de notables avantages de leurs retraites et de leurs changements. Car, outre le repos d’esprit qui est resté à leurs familles de les voir à Saint-Lazare à couvert des dangers qu’ils couraient dans le monde, et en état de revenir de leurs égarements, l’on en a vu grand nombre adonnés à des péchés infâmes, les uns à l’ivrognerie, les autres à l’impureté et à d’autres désordres, qui, après quelque temps de séjour dans cette maison, en sont sortis abhorrant ces détestables vices, quittant absolument leur libertinage, vivant très sagement et frugalement. Plusieurs sont allés dans des religions des plus austères, pour y mener une vie pénitente; les autres se sont dédiés dans des communautés bien réglées au service de Dieu et du prochain. D’autres se sont faits prêtres séculiers, et d’autres sont entrés dans les charges publiques; enfin, d’autres dans le négoce, et en d’autres états dans le monde, où ils ont vécu et vivent encore exmplairement.
Quelques-uns, adonnés aux brigandages, aux batteries aux blasphèmes et à d’autres crimes horribles, ont été, par la miséricorde de Dieu, très bien convertis et ont vécu depuis vertueusement; entre autres un qui, s’étant fait religieux, est venu plusieurs fois à Saint-Lazare en témoigner sa reconnaissance.
D’autres, qui avaient volé leur maison paternelle, et, n’ayant pas eu le temps de dissiper leur vol, l’avaient caché en lieu ou on ne le pouvait trouver, ont dit franchement et sans force l’endroit où ils l’avaient mis, étant bien marris du tort qu’ils avaient fait à leurs parents et résolus de le réparer.
On en a vu quelques-uns qui avaient été si dénaturés que de frapper leurs pères et mères; quelques autres d’attenter à leur vie, et d’autres de les en menacer; qui néanmoins, à la sortie de Saint-Lazare, fondaient en larmes devant eux, leur demandant pardon, et qui ensuite leur ont donné contentement.
Plusieurs jeunes gens qui avaient abandonné leurs études pour se débaucher, étant menés en cette école de pénitence, sont après retournés aux classes et y ont fait merveilles.
Et, ce qui est assez extraordinaire, l’on en a vu plusieurs qui avaient l’esprit presque tout renversé quand on les a menés à Saint-Lazare, et qui, par les soins charitables que l’on en a pris en sont sortis tout remis, avec une entière présence d’esprit, et aussi sages que jamais., et sont aujourd hui reçus dans les bonnes compagnies.
Tous ces biens-là sont arrivés souvent à l’égard de grand nombre de personnes, dont la plupart étaient de condition; et cela depuis trente ans et plus. Il semble que Dieu se soit plu et se plaise encore à leur; faire grâce et miséricorde par l’entremise et la charité de son serviteur, Vincent de Paul, qui, à l’exemple de Jésus-Christ, conversait ainsi avec les méchants et les aliénés pour procurer leur amendement et guérir leurs infirmités de corps et d’âme. On peut bien à ce propos rapporter ici cette parole de louange que lui donna un jour un homme de qualité, l’appelant le refuge des pécheurs. A quoi néanmoins cet humble prêtre répondit qu’elle n’était due qu’au Fils de Dieu et à sa miséricordieuse Mère.