Séminaire. 1851.
Lorsque, en 188 t , Mgr Barreto, évêque de Funchal, confia la direction de son séminaire aux prêtres de la Congrégation de la Mission, de lointains et honorables souvenirs pouvaient revenir à la pensée. Plus d’un siècle auparavant, des relations de même nature avaient existé entre l’évêque de Funchal d’alors, Mgr Gaspard Alphonse da Costa Brandâo, né à Villa Cova, diocèse de Coïmbre, ancien professeur de l’Université — et le Supérieur général d’alors, M. de Bras.
En effet, à la date du ter janvier 1758, M. de Bras écrivait (Circ., t. I, p. 604) :
« Mgr l’évêque de l’île de Madère, plein de zèle pour la formation de son clergé et pénétré d’estime pour les missionnaires, en a voulu avoir deux pour la conduite de son séminaire. Comme il n’y avait point d’objet fixe pour la fondation et à cause cela.difficulté du service, nous avons longtemps refusé ; mais à la fin, nous avons été comme forcés de nous rendre aux instances vives et réitérées de ce saint prélat. Nos confrères, MM. de Reis et Alasia, partirent de Lisbonne, le 3o juillet, et arrivèrent le 5 août à Funchal, capitale de l’île de Madère. Ils y sont logés dans le palais épiscopal, en attendant qu’il y ait un nouveau bâtiment pour le séminaire, l’ancien étant trop délabré. Cependant on assemble tous les clercs, les fêtes et les dimanches, dans une des chapelles du palais, pour la conférence ecclésiastique, et on donnera les retraites pour l’ordination, dans un ermitage qui est à la porte de la ville, lieu commode et qui, tout à la disposition du seigneur évêque, pourra bien être choisi pour y bâtir le nouveau séminaire. La bonne réception qu’on a faite à nos confrères, et la confiance que leur témoignent le clergé et le peuple, leur font espérer qu’ils travailleront utilement à la gloire de Dieu et au salut de ces insulaires ».
Deux ans après, M. de Bras écrivait (Circ. de 1760) : « Les deux missionnaires qui sont passés à l’île de Madère y exercent avec bénédiction toutes les fonctions de notre Institut. Mgr l’évêque, qui les honore de son intime confiance, les conduit dans ses visites, et il a chargé M. Alasia de donner publiquement des leçons de théologie aux ecclésiastiques de l’île».
Et en 1761, le supérieur général, M. de Bras, donnait encore ces intéressantes nouvelles (Circ. du ler janvier):
Nos deux confrères passés à Pile de Madère continuent aussi de s’y employer avec zèle et bénédiction, secondant les pieuses intentions du saint évêque qui les a auprès de lui. En juillet 175o, ils s’embarquèrent sur un grand vaisseau pour aller faire des missions à l’île de Porto Santo.
La navigation, quoique courte, fut si périlleuse, par l’ignorance et l’inhabileté du capitaine et des matelots, qu’ils risquèrent de bien près de faire naufrage. La mission se fit dans la plus grande chaleur, et cependant avec succès. Plusieurs familles qui se haïssaient à mort furent réconciliées, et presque tous les habitants se confessèrent pendant la mission. Nos confrères continuèrent ainsi leurs travaux jusqu’au mois de janvier ; et, au mois d’avril dernier, M. Alasia écrivait de Funchal, capitale de l’île de Madère, qu’il comptait suivant le projet et la détermination de Mgr l’évêque, de s’embarquer de nouveau au mois de juin suivant, pour faire des missions dans les ports adjacents. Partout le menu peuple est dans une grande ignorance; et ce qui met le comble à ce malheur, c’est que la plupart des prêtres sont si peu en état d’instruire le peuple, qu’ils ignorent eux-mêmes la doctrine chrétienne. Sur quoi l’on cite, en gémissant, ce beau passage de saint Jean Chrysostome : Multi sacerdotes, pauci sacerdotes; multi nomine, pauci opere, ce qui demande de nous de ferventes prières, afin d’aider par nos voeux, nos confrères dans leurs pénibles travaux».
Cependant, il semble que ce ne tut pas là un établissement définitif ; en 1768, le visiteur provincial de Lisbonne rappela ces missionnaires de l’île de Madère: il avait besoin d’eux sur le continent.
Au dix-neuvième siècle, nous l’avons dit, les prêtres de la Mission revinrent à Madère ; ils s’occupaient du soin religieux des sœurs et des malades de l’hospice. Ils prêtaient aussi leur concours pour les oeuvres en faveur desquelles on les réclamait. C’est ainsi que, durant l’année scolaire 1878-1879, M. Schmitz, lazariste, supérieur de la maison de l’Hospicio D. M. Amelia, à la prière de Mgr l’évêque, allait de temps à autre au séminaire comme examinateur et confesseur, et que, chaque samedi soir, il y donnait une conférence spirituelle.
L’année suivante, M. Schmitz fut prié d’aller chaque jour faire la classe de français au séminaire, et M. Prévot, son confrère, de faire la classe de philosophie.
La discipline bien maintenue et une surveillance directe mais constante sont des éléments nécessaires pour la bonne marche d’un établissement d’éducation : Mais il faut pour cela se consacrer tout entier à l’oeuvre confiée. Le vénéré évêque de Funchal estima qu’en s’adressant aux prêtres de la Mission, il obtiendrait ces éléments de succès pour l’oeuvre du séminaire ; et au mois de mai de l’année 1881, un contrat intervint entre Mgr l’évêque de Funchal, Don Agostinho Manuel Barreto et.M. Antoine Fiat, supérieur général de la Congrégation de la Mission, par lequel le prélat confiait, sous son autorité, la direction de son séminaire aux prêtres de la Mission (5 mai).
Il nous parait que c’est le lieu de reproduire ici une note historique sur le séminaire de Funchal, publiée dans le journal de cette ville Diario de Noticias du 4 août 1905.
Nous devons la traduction de ce texte et les notes à l’obligeance de M. Palaysi, missionnaire lazariste, attaché au service religieux de l’hospice Dôna Maria Amelia.
FUNCHAL ; SÉMINAIRE DIOCÉSAIN
«Par décret du 11 du mois écoulé’ a été accordé provisoirement, jusqu’à ce que cette concession soit ratifiée par les Chambres législatives, l’edifice du couvent supprimé de l’Incarnation de Funchal et son enclos, pour y installer le séminaire diocésain, étant par là révoqué le décret du 20 juin 1895 qui avait accordé le même enclos à l’oeuvre de Saint-Joseph (Salésiens)’.
«A l’aide de quelques documents qu’il nous a été donné de voir, grâce à la spéciale bienveillance qu’eurent pour nous, M. le chanoine Antonio Homem de Gouvea et M. Ernest Schmitz 2, nous avons établi quelques notes relatives à cet établissement d’instruction et d’éducation institué pour les élèves qui se destinent au service ecclésiastique; c’est avec ces notes que nous avons fait le présent article.
« C’est une lettre royale du 20 septembre 1566 qui ordonna d’établir le séminaire de ce diocèse. Don Sébastien régnait alors. Cette entreprise, cependant, ne fut réalisée, sous le nom de « Collegio Real do Seminario», que par le septième évêque de ce diocèse, Don Luiz de Figueiredo de Lemos, qui gouverna l’église de Funchal de 1585 à 1608.
«Donc vingt années s’écoulèrent depuis la concession de la permission jusqu’à sa réalisation.
«La dotation de cet établissement fut de 345 000 reis annuels, pour l’entretien du recteur, de douze élèves et du personnel de service. En 1740 cependant, du temps du prélat Don Fr. Joào do Nascimento, on la porta à 500.000 reis.
A côté du séminaire, on bâtit le palais épiscopal, pour la résidence des prélats qui, jusque-là, vivaient dans des maisons particulières.
«Le texte des Saudades da Terra nous apprend que la résidence épiscopale des évêques de Funchal fut (au moins pendant quelque temps) dans la Rua Direita, l’une des plus anciennes de la ville.
«Le 17 décembre 1738, le chanoine Manuel Affonso Rocha, retenu au lit peut-être par la maladie qui causa sa mort, appela en sa présence un notaire et, devant l’évêque Don Ieronymo Fernando, déclara qu’il avait commencé un monastère, sous le vocable de Saint-Joseph, destiné à des religieuses ou religieux ; mais que ce monastère n’étant pas encore en état de servir à cette fin, il en remettait l’ « administration et protection » au prélat actuel et à ses successeurs, moyennant la charge de quelques messes pour son âme et aussi d’y recevoir deux dames de sa famille dans le cas où le monastère servirait à des religieuses.
«Tout fut accepté. Mais comme le fondateur de cette maison pieuse en projet ne laissa pas de rentes pour pouvoir la terminer, jamais le monastère ne s’ouvrit. Quelques-uns des parents du fondateur, avec autorisation de l’évêque, y résidèrent pendant un demi-siècle (1647 à 1697). Après quoi, l’évêque Don José de Sousa de Castello Branco jugea bon, puisque le séminaire établi près du palais était petit, de le transporter au Monastère Neuf (Mosteiro Novo); et ainsi fut fait. Dès lors les prélats eurent pour résidence les deux édifices réunis. Le palais, en tout, avait cinq appartements.
«Cependant l’installation du séminaire dans le « Nouveau « monastère » eut un caractère provisoire; en effet, quoique nous n’ayons pas eu le temps de chercher l’époque à laquelle il cessa de servir de séminaire, nous avons trouvé un document dans lequel un missionnaire, qui résida dans cette île durant dix années, expose le fait d’être allé (c’était en 1760), à l’Hospicio de S. Joao da Ribeira donner les exercices spirituels aux ordinands. L’année suivante, les mêmes exercices eurent lieu au Collegio de S. Joao Evangelista d’où étaient déjà partis les Pères Jésuites. Dix-huit ans plus tard, la reine Dona Maria I, concédait ce même collège comme séminaire diocésain, le dotant en même temps de beaucoup de rentes pour son entretien.
Nous arrivons, enfin, à l’an 1788, pendant lequel l’évêque D. José da Costa e Torres gouvernant le diocèse, le séminaire s’ouvrit dans cet ancien et déjà connu Mosteiro Novo, probablement sous le titre de Real Seminario de Nossa Senhora do Bom Despacho I qu’il a actuellement.
«Nous ajouterons que le tremblement de terre du ter avril 1748 mit en ruines le palais épiscopal; c’est alors qu’on présenta au gouvernement le projet d’édifier une nouvelle maison sur l’emplacement dénommé Terreiro da Sé qui correspond aujourd’hui à la Praça da Constituiçao ou « place de la Constitution». Le projet ne fut pas accepté et on autorisa la réédification de l’ancien palais.
Avec les modifications que l’évêque actuel a introduites dans le règlement du séminaire, — une de ces réformes étant l’installation des cours préparatoires dans un local indépendant des cours de lycée, — le même établissement devint de dimensions insuffisantes, et on lui annexa deux propriétés, l’une contiguë et l’autre située en face.
C’est de là, de l’ancienne Rua do Mosteiro Novo, récemment baptisée Rua de Julio da Silva Carvalho, que le séminaire sera transféré à l’ex-couvent de l’Encarnaçao, en conformité avec le décret déjà cité du Ir juin».
Telle est l’histoire du séminaire de Funchal.
Il comprend les cours de grammaire et ceux de philosophie et de théologie, c’est-à-dire petits séminaristes et grands séminaristes.
Actuellement cinq chanoines sont chargés de ‘l’enseignement. La direction spirituelle et disciplinaire est tout entière aux mains des prêtres de la Mission, qui font aussi quelque cours de l’enseignement secondaire, et de temps à autre ont professé la philosophie ou la théologie.
M. Schmitz a le titre légal de professeur du cours d’histoire. Il a établi au séminaire un musée d’histoire naturelle et spécialement d’ornithologie très apprécié.
Pendant le temps des vacances, les lazaristes du séminaire s’emploient souvent au ministère des missions dans les diverses paroisses de l’île.
Le supérieur a le titre de vice-recteur, le recteur étant Mgr l’évêque lui-même.
Ont été à la tête de cette oeuvre :
MM.SCHMITZ (Ernest), supérieur, 2 janvier 1881,
PIZÉVOT (Léon Xavier), supérieur, 3o septembre 1898
SCHMITZ (Ernest), supérieur, 27 septembre 1902.
11. Amarante.
Collège S. Gonçalo. 1892.
Amarante est une ville ancienne de Portugal, à 45 kilomètres au nord-est de Porto, et à 15 kilomètres environ au sud de Felgueiras, où se trouve le collège de Santa-Quiteria.
C’est en 1892 que fut établi le collège des prêtres de la Mission à Amarante. M. le docteur Antonio Candido da Costa, prêtre, procureur général de la Couronne et pair du royaume, voulant rendre service à la petite ville d’A marante, son pays, projeta d’y créer une maison d’éducation.
Il s’entendit pour cela avec le supérieur du collège des Lazaristes à Santa-Quiteria, alors M. Fragues, qui se fit attribuer en particulier, par le gouvernement, les matériaux d’un vieux pont abandonné. On se mit à bàtir sur un terrain cédé par le conseil municipal : les matériaux du pont fournirent à peu près la moitié de ce qui était nécessaire pour les constructions, et on fit une fort belle maison.
C’était un intern at pour les élèves lesquels allaient suivre en ville les cours du lycée. Le manque de personnel ne permit pas de maintenir cette oeuvre qui fut considérée jusqu’en 1894, comme une succursale du collège de SantaQuiteria.
Furent supérieurs cette maison, MM. Louison (1894) et Boavida (1895).
Ce collège fut fermé en 1898.
12. Lisbonne ; Arroios.
Résidence ; école apostolique. 1902
Arroios, en portugais, veut dire « Ruisseaux » ; il est à conjecturer qu’autrefois des ruisseaux descendaient du quartier qui porte ce nom vers la ville.
Le quartier d’Arroios fait partie de la banlieue de Lisbonne; il est au nord-est et à peu près à deux kilomètres du centre de la capitale. Des tramways y conduisent.
Dans sa circulaire dut janvier 1902, M. Fiat, supérieur général, disait : « M. le Visiteur de la province de Portugal a ouvert tout récemment dans la ville de Lisbonne une nouvelle maison, don d’une illustre bienfaitrice, la duchesse de Palmella». C’était la maison de la chaussée d’Arroios, calçada d’Arroios, n° 38.
M. Fragues, devenu visiteur provincial, pensa qu’il serait préférable que les deux emplois de chapelain de Saint-Louis-_ des-Français et de visiteur, qu’il exerçait simultanément d’abord, fussent séparés. Il se fit nommer un successeur à l’église Saint-Louis, et il songea à trouver une résidence pour le visiteur. Il avait pensé d’abord à la maison du Rego; mais les Filles de la Charité y ont établi de belles oeuvres. C’est alors que la duchesse de Palmella, qui porte un grand intérêt aux oeuvres des soeurs du Rego, acquit l’immeuble mis en vente, à la chaussée d’Arroios, par M. le marquis de Funchal. Elle y établit généreusement les prêtres de la Mission.
Le visiteur, M. Fragues, installa dans cette belle résidence l’école apostolique, pour la congrégation de la Mission en Portugal. Au point de vue de l’hygiène et grâce à la belle situation de cette maison, les élèves de cette école y sont très bien. Le quartier devient de plus en plus habité et un grand bien serait à réaliser dans le milieu populaire de cette partie de la banlieue de Lisbonne.
Supérieur :
M. Fragues (Alfred), 1902.
Ces quelques renseignements sur chaque maison nous ont fourni l’occasion de mentionner les événements principaux qui intéressent la province de la Congrégation de la Mission en Portugal pour la période qui va de 1857 jusqu’à nos jours.
En 1901, une loi sur les Congrégations religieuses, exigeant d’elles qu’elles demandent une autorisation, fut publiée en Portugal.
Les prêtres de la Mission ont dû soumettre au gouvernement une demande d’approbation des « statuts de l’Association des Prêtres séculiers de la Mission de Sai nt- Vincentde-Paul» — Cette demande a été accueillie et l’approbation a été accordée par décret du gouvernement daté du 18 octobre 1901 et publié au Diario do Governo du 21 octobre de la même année.