La Congrégation de la Mission en Portugal (III-C)

Francisco Javier Fernández ChentoHistoire de la Congrégation de la MissionLeave a Comment

CRÉDITS
Auteur: .
Estimated Reading Time:

aaa10. Pombal et les persécutions contre les religieux.

Une période d’épreuves pour la religion fut inaugurée en Portugal en 1759 par la persécution contre les commu­nautés religieuses. L’expulsion des Jésuites, par le marquis de Pombal, en fut un des incidents les plus marquants. Ce fut aussi, hélas! comme le début d’une période de déca­dence pour le Portugal : il trouvait dans le dévouement des religieux un des plus efficaces appuis de son influence en ses immenses colonies: or, on s’efforçait d’amoindrir leuraction, et, si on le pouvait, de les détruire.

Une simple phrase du Supérieur général, à la date du ter janvier 1763, peint la situation. C’était alors M. Antoine Jacquier ; il écrivait dans sa lettre à toute la Congrégation’: « Nous ne pouvons rien vous dire de nos confrères de Lisbonne. La prudence veut qu’ils gardent le silence à notre égard : ils le gardent en effet ; nous les en louons. » (Circ., t. Il, p. 23.)

Et quelques années après, en 1768, cette douloureuse appréciation venait sous sa plume: «Nous n’avons rien à vous dire de nouveau de nos maisons de Portugal. Il n’est pas possible qu’elles subsistent longtemps, eu égard à quelques circonstances, et notamment à la défense que le roi a faite de recevoir des sujets sans sa permission spé­ciale, qu’il n’accorde point. Ainsi il est infaillible que ces maisons (à moins que les choses ne changent incessam­ment) manqueront insensiblement de sujets pour y exercer les fonctions de notre état, et par là seront détruites d’elles- mêmes. » (Circ., t. I I, p. 55.)

11. Amélioration de l’état général ; nouvelles fondations.

Les années suivantes n’apportent guère que l’écho de ces tristes nouvelles, ou bien le silence se fait. Ce n’est qu’en 1777, puis en 1780, que nous trouvons les marques d’une situation meilleure. Bientôt, avec plus de liberté pour eux, les Missionnaires purent faire de nouveau fleurir leurs oeuvres.A cette période,se rapportent les fondations d’Evora, de Sernache, de Goa et de Macao dont nous avons parlé en détail précédemment.

12. L’Invasion française en 1807. Les souverains portugais se retirent au Brésil.

Le Portugal s’était uni à la coalition contre Napoléon Ier. Celui-ci, en 1807, donna ordre à Junot, l’un de ses géné­raux, de pénétrer en Portugal, et les troupes françaises s’avancèrent avec une très grande rapidité. Le 27 novembre 1807, la famille royale s’embarquait pour le Brésil, et, le 3o, les Français entraient dans Lisbonne. L’Angleterre, qui avait intérêt à ce que son influence sur le Portugal ne fût pas détruite, intervint alors et les Portugais unis aux Anglais purent résister énergiquement à l’invasion fran­çaise.

La famille de Bragance, que sa colonie du Brésil sauvait et abritait, s’y montra bienfaisante. La cour de Portugal se fixa à Rio de Janeiro. Alors furent levées les anciennes et excessives prohibitions coloniales et fut inauguré un régime salutaire. L’immense colonie fut proclamée royaume en 1815. La reine était dona Maria la; elle mourut en 1816, et le régent, don Jean, lui succéda sous le nom de Jean VI. Celui-ci avait pour fils don Pedro et don Miguel ; lorsqu’il quitta le Brésil pour revenir en Portugal, en 1821, il laissa son fils don Pedro au Brésil. Don Pedro avait le titre de régent, mais bientôt un mouvement que le roi lui-même avait prévu éclata ; l’autonomie du Brésil fut proclamée et le prince régent fut proclamé empereur (1822). Par un traité du 1 9 août 1825, la métropole consacra la séparation de son ancienne colonie.

Nous avons rappelé ces événements parce que des faits importants de la province des Lazaristes en Portugal s’y rattachent. Ce fut la date de leur exode, à eux aussi, vers le Brésil. On lit dans les Annales de la Congrégation de la Mission, au tome XXII, p. 13o:

« C’était en 18o8. Le roi Jean VI, chassé du Portugal par les armées françaises, venait d’arriver dans la colonie de Rio de Janeiro, pour y attendre l’heure de son retour en Europe. Sur ces entrefaites, nos confrères, M. Castro, plus tard premier visiteur de la province du Brésil, M. Vicente Ferrera, qui devint évêque de Mariana, M. Macedo, fixé ensuite et pendant longtemps à Campo Bello, et plusieurs autres prêtres de la Mission, chassés, eux aussi, par la Révo­lution introduite au Portugal à la suite des baïonnettes françaises, débarquent à Rio de Janeiro, demandant un asile à leur roi. Jean VI, héritier depuis quelques jours seule­ment du pieux Frey Lourenço, fondateur de la colonie du Caraça, leur cède Caraça, ses dépendances, et de plus une immense propriété de 2 à 3 lieues de diamètre, au centre de laquelle subsiste encore aujourd’hui le vénérable sanctuaire de Marie. C’est ainsi que la divine Providence fit tourner à l’avantage spirituel de la colonie la révolution de la mère-patrie, en appelant la Congrégation, chassée de cette extrémité de l’Europe, à fonder une province dans l’Amérique méridionale, où le plus vaste champ est ouvert à son zèle.

« Installés à Caraça vers 1810, nos confrères se sont em­ployés de suite à la première fin de notre vocation, l’oeuvre des missions. Les fruits de salut produits par ces dignes héritiers de l’esprit de saint Vincent, sont visibles aujour­d’hui encore, et leur souvenir a survécu dans la reconnais­sance et la vénération de tous». Ces lignes étaient écrites en 1857 par un lazariste français résidant au Brésil.

Malheureusement, l’isolement où se trouvaient les laza­ristes portugais au Brésil, le manque de communications avec Lisbonne et avec Paris allaient les jeter dans le désarroi, puis dans le schisme; ils aboutissaient à la ruine s’ils ne s’étaient retournés vers le centre et rattachés au Supérieur général vers 1847. On peut en lire les détails dans la Vie de Mgr Ferreira Viçoso. (In-8, Marianna, 1876.)

13. Difficultés administratives.

La difficile situation où la perturbation européenne, suite de la Révolution française, jeta les missionnaires portugais leur fut très nuisible aussi.

« La recommandation du cardinal Fesch, oncle de Napo­léon, fut du plus grand avantage pour nos confrères de Portugal dans la première occupation de ce pays par Junot », c’est ce que nous lisons dans une circulaire du 1er janvier 1809. Mais ils ressentirent surtout le contre-coup de la situation anormale de la Congrégation privée d’un Supé­rieur général et gouvernée par des vicaires généraux jus­qu’en 1827.

Il y avait un vicaire général en France, il y en avait un autre à Rome. Leurs pouvoirs étaient très réguliers. En Portugal, une nomination analogue eut lieu : c’est le délé­gué apostolique en ce royaume, Mgr Vincent Macchi, qui, dit-il, vu les circonstances et pour imiter ce qui s’est fait ailleurs, nomma M. Antoine Martius, précédemment pre­mier consulteur provincial et assistant à Lisbonne, « vicaire apostolique de 1.1 province de la Congrégation de la Mission en Portugal, avec tous les pouvoirs du Supérieur général et de ses assistants, vel separatim vel conjunctim », etc. (28 septembre 1812). — Cet acte provenait sans doute du désir d’être utile aux prêtres de la Mission en Portugal, mais on ne voit pas dans la pièce que nous avons sous les yeux (Archives, p. 598; ms.) de quel droit le délégué apos­tolique procédait à un tel acte qui semble réclamer un mandat spécial dont il aurait dû être fait mention.

M. Martins dirigea la province, comme visiteur, mais les vicaires généraux de la Congrégation à Rome se regardè­rent toujours comme ayant autorité sur les confrères du Portugal.

Le 14 mars 1819, M. Joseph-Antoine da Silva Rebello informait les confrères de Portugal que M. Baccari, vicaire général, à Rome, venait de le nommer supérieur de Lis­bonne et visiteur. (Arch., p. 649.)

M. Jean Timothée da Silva, le 20 mai 1828, fut confirmé dans son office de supérieur de Lisbonne et de visiteur de la province de Portugal, auquel il avait été précédemment et régulièrement nommé par M. Baccari. Cette confirmation lui avait été adressée par M. de Wailly, nommé par le pape Léon XII à la date du 16 janvier 1827, Supérieur général de la Congrégation de.la Mission. Ainsi avait pris fin pour la Compagnie la situation anormale qui datait de la Révo­lution et l’on put, dès lors, justement penser qu’une période de restauration commençait.

En octobre 1829, M. Jean Timothée da Silva faisant la visite de la maison du séminaire royal de Sernache de Bomjardim mettait en tête de ses ordonnances la formule suivante : «Nous, visiteur des maisons de la Congréga­tion de la Mission de Portugal, érigée en province pro­prement dite par la dix-septième assemblée générale tenue à Paris le 15 mai 1829, et commissaire de M. le Supérieur général pour les maisons d’outre-mer, c’est-à-dire de Macao et du Brésil existantes ou qui existeront, etc. »

Cette formule indique, d’une manière précise, quel était, au point de vue administratif, l’état des choses pour la Congrégation en Portugal.

Précédemment, les maisons de Portugal avaient dépendu directement du Supérieur général: le roi Jean V, nous l’avons dit, avait désiré qu’il en fût ainsi. Les maisons de ce pays ne faisaient donc pas une province proprement dite, et le représentant du Supérieur général n’avait que le titre de vice-visiteur.

En 1829, eut lieu à Paris une assemblée générale de la Congrégation, celle qui donna pour successeur à M. de Wailly, M. Salhorgne, comme Supérieur général. Entre autres affaires qu’examina et régla cette assemblée furent celles qui concernaient le Portugal. Les maisons y étaient, comme nous venons de le dire, dans une situation excep­tionnelle et difficile, à laquelle on n’avait pas osé remédier encore. C’est ainsi qu’à l’Assemblée générale de 1788, a la question s’il y avait lieu de mettre un visiteur à la tête des maisons de Portugal, ou au moins de donner à celui qui en tient la place toute l’autorité d’un visiteur, l’assem­blée avait fait cette réponse qui ne remédiait qu’en partie aux inconvénients de la situation d’alors: «Après mûre délibération, l’Assemblée générale a décidé d’accorder aux Portugais et par le présent décret elle accorde le droit d’envoyer un député à l’Assemblée, soit sexennale, soit gé­nérale, de la Congrégation, avec le droit de vote, comme les autres députés, parmi lesquels il aura rang suivant son ancienneté dans la Congrégation. » (Sess. q.)

A l’Assemblée générale de 1829, tenant compte des évé­nements, on reprit la question et l’on demanda dans la session 7 «s’il ne convenait pas d’ériger le Portugal en province proprement dite, qui pût, comme les autres, envoyer deux députés à l’Assemblée générale. — L’Assem­blée répondit que c’était très convenable et qu’elle érigeait par le présent décret le Portugal en province proprement dite. »

Par la formule employée par M. da Silva on voit aussi qu’il n’était que « commissaire extraordinaire » de la part du Supérieur général « pour les maisons d’outre-mer, c’est-à-dire, comme il l’ajoute, Macao et les établissements du Brésil existant alors ou qui seront créés ». En outre des lazaristes, portugais partis pour le Brésil, en 1808, et men­tionnés ci-dessus, quelques autres missionnaires s’étaient aussi embarqués à Lisbonne pour le Brésil, notamment au mois de septembre 1819. (Voy. Annal., t. LIII, p. 437.) Mais les liens entre les missionnaires du Brésil et ceux du Portugal étaient peu étroits et les relations bien rares.

Vers 1832, M. de Magalhaes (Joseph-Antoine) succéda à M. da Silva comme visiteur de la province de Portugal.

Les temps désastreux pour cette province allaient surgir avec la marche des événements politiques.

14. Discordes civiles en Portugal ; suppression des communautés religieuses.

Les discordes civiles naquirent de la compétition des deux fils de Jean VI à la couronne de Portugal, à la mort de leur père (1826).

L’aîné, don Pedro, déjà proclamé empereur du Brésil, abdiqua la couronne de Portugal en faveur de sa fille clona Maria da Gloria, mais don Miguel revendiqua cette cou­ronne. Il alléguait la loi fondamentale votée par les Cortès de Lisbonne en 1641, et confirmée par lettres patentes du roi Jean : IV « Dans le cas d’une réunion de deux couronnes sur la tête du souverain, le prince cadet prenait de droit possession de la seconde couronne. » En vertu de cette loi, les Cortès reconnurent et proclamèrent roi de Portugal don Miguel, puisque don Pedro son frère séparait et gardait la couronne du Brésil. (Chantrel, Hist. contemporaine, éd. de 1878, p. 309.) Une question plus grave que la raison légale était la tendance des deux compétiteurs et de leurs partisans : don Miguel représentait l’esprit conservateur ; il était dévoué aux idées religieuses. Don Pedro représen­tait l’esprit libéral, et la Révolution comptait sur lui. La guerre éclata entre don Pedro revenu du Brésil pour sou­tenir les droits de sa fille, et don Miguel : ce fut ce dernier qui succomba.

Avec le triomphe du parti libéral, l’hostilité contre les institutions religieuses éclata.

Le 25 juillet 1833, la ville de Lisbonne fut occupée par les troupes du parti .de don Pedro. C’est au nom de clona Maria sa fille, alors âgée de quatorze ans, que don Pedro allait gouverner comme régent.

L’Ami de la Religion du 27 août 1833 écrivait : « Après l’occupation de Lisbonne par les troupes de don Pedro, la capitale fut en proie pendant quelques jours aux plus grands désordres. Les vexations contre le clergé se succédè­rent. Le nonce du pape fut invité à se retirer, et il quitta le Portugal le 4 août.

« Le 5 août, don Pedro rendit une série de décrets qui livraient l’église de Portugal à la confusion et au schisme. Un de ces décrets ordonnait à tous les novices de sortir des couvents et défendait d’en recevoir».

« Un décret du 9 août ordonna de dissoudre tout couvent, monastère ou hospice qui comptait moins de douze religieux ; ceux-ci devaient être envoyés en d’autres mai­sons et leurs biens étaient déclarés biens nationaux. Les ordres monastiques sot’it placés sous l’autorité du clergé séculier. Les religieux ou prêtres séculiers qui refuseraient, sous quelque prétexte que ce soit, d’obéir à ce décret seront poursuivis et punis comme rebelles à la reine ; les mai­sons de ces communautés seront fermées, leurs biens con­fisqués, et leurs membres privés des secours du gouverne­ment. Le décret ajoute que toutes lois contraires sont abrogées». (L’Ami de la religion, 11 septembre 1833.)

« De graves désordres eurent lieu à Lisbonne au mois d’août. Les biens des adversaires de don Pedro furent sé­questrés ; don Pedro ordonna que tout partisan de son frère, don Miguel, qui serait pris les armes à la main, fût fusillé sur-le-champ. Des prisonniers, parmi lesquels se trouvait un religieux capucin, furent arrachés des mains de la garde et égorgés dans la rue. (L’Ami de la Religion, 1833; ibid.)»

Le décret du 9 août 1833, prohibant les Prelados maiores, avec ses autres détails contre les communautés religieuses était déjà fort grave. La loi du 28 mai 1834 fut radicale;elle abolit les ordres religieux dans le Portugal, et confis­qua tous leurs biens,

La Congrégation de la Mission en Portugal cessait d’exister. M. Salhorgne, Supérieur général, écrivait l’année suivante : « Depuis que, le 24 juillet dernier, le gouverne­ment de Lisbonne a passé en d’autres mains, il ne m’est parvenu aucune nouvelle de nos confrères portugais. Seu­lement, je viens d’apprendre que notre seule maison de Lisbonne a souffert de ce changement de gouvernement. Le 27 juillet, elle était occupée militairement, et nos confrères avaient été forcés de quitter leurs habits. Le visiteur avait cru devoir quitter cette résidence. J’ignore absolument ce qui s’est passé dans cette maison depuis le 27 juillet. Mais je sais que nos autres maisons du Por­tugal sont demeurées jusqu’à présent dans l’état où elles étaient avant les événements de Lisbonne. » (Circ. du 1er janvier 1834; tome II, page 456.)

Les autres maisons disparurent comme celle de Lisbonne.

Lorsque les missionnaires se dispersèrent, la maison de Rilhafolles fut un peu livrée à l’abandon, et des dépréda­tions y furent commises.

Peut-être le départ s’accomplit-il avec un peu de préci­pitation. On a réuni, depuis, quelques-uns des objets qui constituaient la richesse de l’église, ornements donnés par le roi Jean V ou par d’autres bienfaiteurs, vases sacrés, etc. Mais l’important eût été de pourvoir aux besoins du per­sonnel. Il y avait des ressources d’argent ; elles étaient insuffisantes évidemment: peut-être eût-on pu les partager et les utiliser plus profitablement.

On avait aussi des établissements au Brésil, en Chine: probablement quelques missionnaires eussent accepté volon­tiers d’aller travailler dans ces contrées : la misère les mena­çait en Portugal ; ils eussent, au loin, continué les oeuvres de la Congrégation et eussent prévenu l’extinction de leur province. Le temps fit en partie défaut pour aviser à ces moyens, et, en partie, on se trouvait dépourvu des facilités d’aller au Brésil, les maisons de cette contrée fondées par des Portugais n’étant rattachées à leur province et à la Congrégation que par des liens très peu intimes. Le con­tre-coup d’ailleurs des événements du Portugal s’y faisait sentir, et M. Salhorgne, Supérieur général, écrivait en 1834 : « Nos confrères portugais établis dans le Brésil sont aussi exposés à de grandes tribulations de la part des ennemis de la religion. Les dernières nouvelles que j’en ai reçues n’étaient rien moins que rassurantes sur leur avenir». (Ibid., 1834.)

Ce que furent les conséquences de cette ruine pour cha­cun des missionnaires, résulterait de détails que nous n’avons pas sous la main ; on s’en fera cependant une idée par un exemple que nous allons mettre sous les yeux du lecteur. Ce sont quelques lignes d’un missionnaire forcé de fuir, lors de la révolution de 1833, et qui demandait en 1857, lorsque les prêtres de la Mission vinrent de France en Portugal, à être admis de nouveau dans la Congrégation.

La lettre est de l’estimable M. Gonçalves qui fut en effet réadmis ; elle est adressée à M. J. B. Étienne, alors Supé­rieur général. Il disait :

«Le 28 octobre 1824, j’entrai au séminaire de la congré­gation à Lisbonne.

En 1826, j’ai fait les voeux. Après avoir terminé les études, je fus ordonné prêtre en 1831.

En X833, la révolution éclata à Lisbonne, et avec la permission du visiteur, chacun s’enfuit comme il put, à travers mille difficultés, qui ne firent qu’augmenter pen­dant les mois et années suivants, en conséquence de la loi d’extinction de toutes les maisons religieuses et du schisme religieux dans le royaume, jusqu’en 1842.

Durant ces huit années, j’ai vécu avec mes parents dans les provinces du nord. J’ai souffert de grandes privations, parce que je n’ai pu obtenir du gouvernement le subside qui avait été promis. J’ai été cruellement persécuté pour ne vouloir pas reconnaître les prélats intrus. Il y eut des années où je ne pouvais point célébrer la messe, ou, si je la célébrais, c’était en cachette et avec les plus grandes pré­cautions. Depuis 1840, j’ai pu me mettre en rapport avec M. Magalhaens et recevoir de lui les permissions et la direction qui m’étaient nécessaires dans ma position. A cette époque, j’obtins ma pension du gouvernement.

Ma mère mourut en 1844. De graves ennuis et la pri­vation de moyens pour vivre avec décence, me forcèrent à me retirer dans une famille étrangère et honnête sous tous les rapports, qui m’offrit sa protection et me l’accordait en effet jusqu’en 1854.

En 1857, arrivèrent en Portugal nos confrères français avec les soeurs de la Charité. Je me mis en correspondance avec M. Fougerays, ayant le désir sincère de rentrer dans la Congrégation… — José Antonio CORREA GONÇALVES».

Tout espoir de voir renaître les oeuvres de la famille de saint Vincent de Paul parut un moment perdu. M. Étienne, Supérieur général, après avoir laissé entrevoir d’abord quelques lueurs d’espérance, écrivait, le ter janvier 1845, à toute la Congrégation : « La province de Portugal n’existe réellement plus ; je puis dire qu’il n’en reste plus même des débris qui puissent nous laisser l’espoir de la voir se rétablir un jour. Le visiteur, missionnaire respectable à tous égards, verse des larmes amères sur son isolement, et il ne voit d’autre ressource, pour faire revivre la Compagnie, dans sa malheureuse patrie; que d’adresser au Seigneur, dans ce but, ses voeux et ses prières. » (Circ., t. III, p. 76.)

C’est par la venue à Lisbonne de missionnaires et de Filles de la Charité envoyés de France, que, peu à peu, une nou­velle province de Portugal allait se former.

Anales de la Congrégation de la Mission (1906)

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *