Jean-Gabriel Perboyre, Lettre 075. A Jean-Baptiste Torrette, C.M., à Macao

Francisco Javier Fernández ChentoÉcrits de Jean-Gabriel PerboyreLeave a Comment

CRÉDITS
Auteur: Jean-Gabriel Perboyre .
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Kiang-Si, 3 avril 1836.

Monsieur et très cher confrère,

La grâce de N. S. soit toujours avec nous.

Encore un petit signe de vie avant de parvenir au Houpé. Ce n’est que le 15 mars que nous sommes partis du Fokien. Les sept ou huit premiers jours nous n’avons fait que monter et descendre des montagnes par des escaliers dont les pierres mal polies ont fait quelquefois saigner nos pieds ; ç’a été cependant très peu de chose. Ensuite nous avons régulièrement filé dans des vallons. Nous avons toujours marché à pied et par des chaleurs d’été. Malgré cela, afin de cacher mes cheveux blonds et la jointure de la queue, je tenais ma tête enveloppée du foung-mao1 ; ce qui assez souvent excitait la surprise des Chinois et quelque chose de plus.

La route qu’avaient suivie les autres Missionnaires étant devenue périlleuse, car M. Baldus fut reconnu deux fois l’année dernière, nous en avons pris une autre qui nous a procuré le double avantage de nous mettre à l’abri de tout danger et de nous conduire directement sans que nous nous y attendissions à l’endroit où M. Laribe faisait mission2 et où nous sommes arrivés le 30 mars. J’ai donc eu la consolation de passer la semaine sainte et le saint Jour de Pâques3 avec ce cher confrère, ce que je désirais tant.

Dans les intervalles libres que ses occupations lui laissaient, nous avons pu nous entretenir ensemble, à notre commune satisfaction et édification.

Pour ne pas lui faire perdre le temps qu’il doit à ses chrétiens et pour ne pas perdre aussi le mien en demeurant seul sans rien faire, il a été décidé que je n’attendrais pas les courriers du Houpé. Je vais partir encore avec M. Delamare sur une barque qui nous conduira jusqu’à Outchang-fou. Il paraît qu’il n’y a pas plus de danger et peut-être moins à ce que nous allions ensemble.

M. Laribe se porte bien et vous présente ses respects. M. Joseph Ly4 travaille du côté de Nantchang-fou. M. Perry se fait désirer. M. Gai5 travaille à l’est de la province. On n’a pas de nouvelles de M. Ly6 du Tchékiang depuis celles qui vous ont été envoyées.

Je me hâte de conclure en vous embrassant en N. S. en qui je suis toujours, Monsieur et très cher confrère,

Votre respectueux et tout dévoué confrère,

J.G. Perboyre Ind. ptre de la C. d. l. M.

Suscription : Monsieur Monsieur Torrette, Procureur de la Congrégation de la Mission. A Macao.

Lettre 75. — Maison-Mère, original 60.

  1. Foung-mao, espèce de capuchon, qui recouvre la tête et une partie du visage, pour se garantir du froid et du vent.
  2. C’est dans le village de Lien-tchou, au sud de Kien-tch’ang-fou, que le Saint trouva M. Laribe et passa avec lui les fêtes pascales. Après la Béatification, une église y a été érigée en l’honneur de saint J.G. Perboyre.
  3. Pâques tombait cette année le 3 avril.
  4. M. Joseph Ly était parti de Macao pour se rendre au Kiang-si, en novembre 1835 ; il était arrivé à Nan-tch’ang le 19 janvier 1836.
  5. M. Gai = Ngai (Pierre), C.M., prêtre, né dans le Yuen-si hsien, Hou-pé, le 12 novembre 1803 ; reçu au séminaire à Macao le 26 septembre 1825 ; il y fit les vœux le 27 septembre 1827 ; fut ordonné prêtre à Manille le 8 avril 1832. Missionnaire au Kiang-si. Disparu. Une tradition dit qu’il aurait pris la fuite à l’arrivée des Tch’ang-mao. — Le Père J. de Moidrey, S. J., dans son livre Le Clergé Chinois au Kiang-nan, Chang-hai, 1933, p. 39, fait mention d’un P. Ngai, qui mourut et fut enterré à Sou-tcheou, dont on ignore tout. Ne serait-ce pas Pierre Ngai ?
  6. M. Ly (Matthieu), C.M., prêtre, né à Li-kia-wan, Nan-yang hsien (Ho-nan), en 1794 ; reçu au séminaire à Pékin en 1815 ; il y fit les vœux le 19 juillet 1817 ; fut ordonné prêtre en 1820 et fut envoyé au Kiang-si ; passa au Tché-kiang en 1826 ; en 1835, outre le Tché-kiang, il fut chargé de la chrétienté de Ou-si au Kiang-nan ; décédé à Ting-hai le 8 janvier 1862.

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