Mon très cher oncle,
J’ai un peu différé de répondre à votre dernière lettre, parce que je ne voulais pas seulement vous annoncer l’arrivée de M. Deljougla, mais encore la détermination qu’il aurait prise après avoir passé par la retraite. Sa vocation n’était fondée sur rien de solide et de surnaturel : aussi a-t-elle échoué sans rencontrer d’écueil. Il semble n’avoir pas assez d’admiration pour notre saint état, et cependant il ne se sent pas le courage de l’embrasser. Que n’a-t-il plus tôt songé à imiter celui, qui, voulant bâtir une tour, calcule d’avance ses ressources pour voir si elles peuvent faire face aux frais de son entreprise ! Il se serait épargné les fatigues et les dépenses d’un long voyage. Il n’est pas trop fâché de se trouver à Paris. Il compte que son frère lui obtiendra une bourse à Saint-Sulpice. Il ne désespère pas d’entrer dans la suite dans la Congrégation.
On n’accorde en général des reliques de saint Vincent que pour les exposer. Quand la petite nièce de M. Frayssinous sera à la communauté, elle pourra, je pense, en obtenir pour Mme sa mère.
La sœur Pellet est toujours au séminaire ; elle se porte bien ainsi que ma sœur et mon frère qui vous prient de vouloir bien agréer leurs très humbles respects.
Quant aux 60 messes que vous me proposez, je ne pourrai commencer à les acquitter que dans un mois environ. Si vous pouvez me donner ce délai, je les accepte. Alors je vous prierai de m’avertir de nouveau, et d’envoyer les honoraires à M. Brioude qui veut bien se charger de la tutelle d’une de mes sœurs que j’ai permission de tenir au couvent.
Nous allons ici à l’ordinaire ; M. le Général et tous nos Messieurs se portent bien et me chargent de vous offrir leurs hommages.
Je suis pour la vie, mon très cher oncle,
votre très respectueux et très obéissant neveu,
J.G. Perboyre ind. p. d. l. m.
Paris, le 4 novembre 1833.