Monsieur le Recteur,
Je ne me refuserai pas à vous donner la liste que vous m’avez demandée par votre lettre du 4 courant. Nous avons trente-six enfants qui ne suivent pas les cours du collège. Mais je dois vous faire observer qu’ils ne peuvent pas être passibles de la rétribution universitaire.
A peine leur enseignons-nous les premiers éléments de la grammaire et dès qu’ils sont capables de la sixième, nous les envoyons au collège.
Les parents nous les ont confiés pour que nous les préparions à la première communion, pour qu’ils apprennent les principes de la lecture et l’écriture avec ceux de la Religion ; plutôt pour savoir s’ils sont aptes aux études que pour les faire étudier ; souvent pour s’en débarrasser eux-mêmes.
L’instruction qu’ils reçoivent doit donc être considérée comme une instruction primaire. D’ailleurs s’ils étaient assujettis à la rétribution universitaire, les parents les retireraient ; ils reviendraient en 5e ou en 4e, mal commencés. L’Université n’y gagnerait rien et les jeunes gens y perdraient.
Ces considérations ont porté vos prédécesseurs à ne pas exiger la rétribution de ces enfants. J’ai la confiance que vous ne l’exigerez pas non plus.
J’ai l’honneur d’être,
Monsieur le Recteur,
Votre très obéissant et très respectueux serviteur,
Perboyre
Saint-Flour, le 9 janvier 1831.