Mon très cher père,
Quoique je sois très pressé dans ce moment, je profiterai de l’occasion que m’offre M. Durand pour vous écrire deux
mots. Je vous annoncerai d’abord que je n’irai pas vous voir cette année, à moins que je ne doive partir pour Paris, comme on vous l’a dit. Mais je ne puis encore vous rien assurer là-dessus. Si j’apprenais que cela dût avoir lieu, je m’empresserais de vous en instruire, surtout dans le cas où je ne pourrais pas faire une descente dans le pays. Je vous dirai ensuite que je me ferai plaisir de vous procurer un cheval, je suis sûr d’être servi de confiance. Veuillez me mander, si vous n’en avez pas encore, de quel âge vous le voudriez et quel prix vous pourriez y mettre. Vous ne comptez sans doute pas que je le payasse ; cela me serait tout à fait impossible.
Quant à ma sœur qui est au couvent, je ne puis lui fournir que ce que j’ai promis, c’est à dire, la pension seulement. L’entretien est tout à la charge de la maison. Je ne doute pas que vous ne fassiez cette dépense de bon cœur et sans faire attendre ces Dames qui ont la bonté de nous rendre service.
Je bénis le Seigneur de vous savoir en bonne santé. Mes frères dont je viens de recevoir des nouvelles se portent bien, ainsi que mon cousin Cadet qui s’applique toujours beaucoup. Il ne se propose pas d’aller à Catus cette année.
Je vous prie d’interpréter mes sentiments auprès de M. Gizard et de tous mes parents.
Je suis avec respect, mon très cher père, votre très soumis fils,
J.G. Perboyre
Saint-Flour, le 17 juillet 1829.