Saint-Flour, le 16 août 1828.
Non, Mon très cher frère, vous n’aviez pas besoin d’user de détours pour me proposer la bonne œuvre dont il est question dans votre dernière lettre. Si mon désintéressement n’était jamais soumis à de plus fortes épreuves, mon mérite ne serait pas grand de ce côté-là. Je me charge donc de faire honneur selon mes facultés aux frais d’entretien de notre frère Jacou. Il est vrai que je ne suis pas en état de supporter des dépenses considérables, notre très honoré Père m’ayant permis d’aider nos parents pour l’éducation de notre sœur Antoinette. Mais ce que je ne pourrai payer tout de suite, je le payerai plus tard.
Vous sentez, mon cher frère, combien nous avons d’obligation à notre très honoré Père, qui quoique nous ne soyons que des enfants dans la Congrégation, incapables de tout, veut bien cependant avoir des égards pour nous. Faisons en sorte de le dédommager un peu des sacrifices dont nous sommes l’objet.
Jugez avec quel plaisir je verrai notre frère aller compléter son éducation au collège de Montdidier, où les études sont si florissantes et l’ordre si parfait ! Quelle sera surtout ma joie si je puis le voir un jour enfant de saint Vincent. Mais ne devançons pas la Providence. Puisque vous [êtes] à même de connaître sur tous les points les intentions de M. le Général, écrivez à l’oncle et à Jacou pour son affaire. Qu’il parte à temps et muni de tout ce dont il est besoin. Me voilà en vacances depuis huit jours. A moins d’un ordre inattendu, je les passerai toutes dans ce pays-ci. Il est juste de travailler un peu pour soi après avoir beaucoup travaillé pour les autres.
Priez pour un frère qui vous aime comme lui-même. Adieu.
J. B. Perboyre Ind. ptre d. l. m.