Montauban, le 2 septembre 1827.
Mon très cher frère,
La grâce de N. S. soit toujours avec nous.
Je trouve tant d’occasions pour vous écrire ces jours-ci, que je serais inexcusable en ne le faisant pas : aujourd’hui c’est un jeune protestant converti qui part pour Saint-Sulpice ; demain c’est M. Gratacap qui passe par le courrier ; il se rend à Paris ; il ira sans doute vous voir.
Je suis arrivé à Montauban, dimanche au soir 26 août ; le 28, j’ai mis une heure à me débarrasser d’un panégyrique de S. Augustin que les Ursulines m’avaient jeté sur le dos. Lundi, 27, j’ai assisté au petit séminaire à l’une des plus belles distributions de prix que j’eusse encore vues ; certainement pour la musique, je n’avais rien entendu de mieux ni à Montdidier ni à Saint-Acheul. Monseigneur a été enchanté de cette brillante cérémonie ; surtout il a été pleinement satisfait des compositions que les Rhétoriciens y ont lues. Jacou1 vous marque, je pense, les prix que lui et nos cousins ont remportés. Ne vous mettez pas en peine sur ma santé : vous ne sauriez vous imaginer comme je me refais vite ; mon oncle, les dames Ursulines chez lesquelles je vais dire la messe tous les jours, ont tant de soin de moi !
Je partirai dans le courant de la semaine avec nos frères pour Cahors ; et après avoir passé une quinzaine dans la famille, je songerai à m’acheminer vers les montagnes d’Auvergne.
Mon oncle a eu une petite indisposition, il est par-faitement remis. Dans ce pays-ci, on s’attend universellement que M. Brioude2 sera supérieur à Cahors, on le regarde comme un homme du premier mérite, ce qui n’est pas une nouvelle pour vous. Mon oncle a demandé M. Touvre3 ou M. Baudrez4 pour son petit séminaire : il serait bien à désirer qu’on lui accordât l’un ou l’autre.
Il serait inutile de vous dire combien il est content de voir enfin se réaliser un de ses vœux les plus ardents.
MM. Barbier5 et Leguenec6, et ma cousine Sainte-Claire m’ont chargé de les rappeler à votre souvenir ainsi qu’à celui de M. Gabriel7 que j’embrasse aussi pour ma part ex lotis praecordiis.
Présentez mes très humbles et très respectueux hommages à notre très honoré Père.
Je vous serais obligé aussi, si vous pouviez offrir mes respects à ceux de ces Messieurs que j’ai l’honneur de connaître, et mes amitiés à ces charmants confrères avec lesquels vous vivez.
Adieu, mon cher frère,
soyez sûr que je serai au Puech comme je l’ai été à Montauban, le fidèle interprète de vos sentiments.
Tout à vous en N. S.
J.G. Perboyre ind. ptre d. l. m.
Suscription : A Monsieur Louis Perboyre, à Paris rue de Sèvres 95 — Seine.
- Jacou, nom familier de Jacques, troisième frère du saint.
- Brioude (Jean), C.M., prêtre, né à Tourniac, diocèse de Saint-Flour, le 17 mars 1791, reçu au séminaire à Paris le 11 juin 1818, fit les vœux le 25 août 1820, fut ordonné prêtre le 25 mars 1815. Supérieur des Grands séminaires de Vannes et d’Amiens, Visiteur, décédé à Paris le 24 septembre 1881.
- Touvre (Barthélemy), C.M., prêtre, né à Metz le 2 décembre 1799, reçu au séminaire à Paris le 10 octobre 1820, fit les vœux le 18 octobre 1822, décédé à Vienne (Autriche) le 9 mai 1880.
- Baudrez (Amand-Thomas), C.M., prêtre, né à Sailly-en-Ar, diocèse d’Amiens, le 17 décembre 1800, reçu au séminaire le 30 août 1824, fit les vœux le 31 août 1826, décédé à Paris le 21 juillet 1854.
- Barbier (François), C.M., prêtre, né à Aronas, diocèse de Saint-Claude, le 1 octobre 1798, reçu au séminaire le 15 novembre 1824, fit les vœux le 16 novembre 1826, décédé aux Barrens (Etats-Unis) le 10 septembre 1869.
- Le Guennec (François), C.M., prêtre, né à Brech-Pluviguer, diocèse de Vannes, le 18 octobre 1800, reçu au séminaire à Paris le 5 février 1825 ; fit les vœux à Montauban le 11 lévrier 1827 ; décédé à Paris le 10 janvier 1880.
- Gabriel Perboyre, C.M., prêtre, cousin du saint, né à Catus, diocèse de Cahors, le 25 janvier 1808, reçu au séminaire le 23 juin 1827, fit les vœux le 24 juin 1829. Assistant et procureur à la Maison-Mère. Archiviste émérite auquel la Congrégation de la Mission doit une série de Mémoires antérieurs à la Révolution française. Mort supérieur à Montolieu le 17 mai 1880.