Paris, le 20 janvier 1822.
Mon très cher père,
Vous devez trouver étrange que j’aie tant différé à vous écrire. Il est vrai que le défaut de commodité en est un peu cause ; mais ce n’est pas la principale raison, et si je n’en avais pas d’autres, je me croirais inexcusable, comme je le serais en effet. Ce qui fait donc que je ne vous ai pas écrit plus tôt, c’est que je savais que mon oncle vous avait donné de mes nouvelles, comme je l’en priais dans la lettre que je lui écrivis aussitôt que je fus arrivé à la capitale.
J’ai été bien aise d’apprendre dernièrement que vous jouissiez tous d’une parfaite santé. Mais j’ai aussi appris avec peine la mort de plusieurs de mes parents. Ne vous mettez pas en peine de moi. Ici je ne manque de rien. Je suis, Dieu merci, bien portant et fort content. Il se peut que je ne vous écrirai pas toujours directement : comme j’écrirai de temps en temps à mes frères pour leur donner quelques petits avis, je les chargerai de vous faire savoir de mes nouvelles et de me donner des vôtres.
J’embrasse ma très chère mère ainsi que tous ceux de la maison.
Mes respects à M. Gizard. Bien des compliments à mes parents du Puech. Quelque éloigné que je sois de vous, je ne [vous] en aimerai pas moins et ne serai pas moins pour la vie,
Mon très cher père,
votre très obéissant et très respectueux fils
Jean Perboyre







