Histoire générale de la Congrégation de la Mission (71)

Francisco Javier Fernández ChentoHistoire de la Congrégation de la MissionLeave a Comment

CRÉDITS
Auteur: Claude-Joseph Lacour cm · Année de la première publication : 1897.
Estimated Reading Time:

LXXI. Les maisons d’Italie

logocmCelle de l’Italie s’accrut pareillement par quelques nouveaux établissements et l’augmentation des anciens. Mgr le cardinal Paolucci1, ministre du Pape Clément XI, après la mort duquel il a failli d’être Pape lui-même, originaire de Forli, petite ville dans l’État ecclésiastique, établit dès l’année 1710 une maison de la Congrégation en sa patrie pour le séminaire et les missions des champs. Son Em[inen]ce fut très contente du succès de ces deux sortes de fonctions, comblant les Missionnaires de faveurs et de nouvelles marques de sa bonté. Elle a augmenté l’église et les bâtiments des St Jean et Paul à Rome, où les Missionnaires avaient été établis par Innocent XII. M. Jules-César Rossi2 fut le premier supérieur à Forli.

La maison de Monte Citorio à Rome, continuait à faire toutes ses fonctions avec succès. Elle perdit en 1714, M. Jean Anselme3, ancien prêtre français, mais qui [était/entrait ?] dans la congrégation à Rome. Divers prélats avaient grande confiance en lui, et N[otre] S[aint] P[ère] le pape Clément XI avait toujours honoré d’une singulière estime ; il voulut dire lui-même la messe pour lui après sa mort, et en fit dire cent autres. Il avait été homme simple et craignant Dieu ; S[a] S[ainteté] l’avait connu tel ; mais joignant à cette simplicité un zèle et un talent qui n’étaient pas médiocres pour les missions, les exercices de l’ordination et les conférences spirituelles. Il passait encore pour faire beaucoup de fruit dans le tribunal, où, ayant une fois différé l’absolution à une personne engagée dans le crime, son complice voulut le forcer à la lui donner ; ce zélé Missionnaire déboutonna sa soutane et lui présenta sa poitrine à découvert pour recevoir le coup, ce qui arrêta le furieux et le fit se retirer. M. Bonnet marqua de lui qu’il étaità peu près, dans cette maison de Rome, ce que M. de La Salle4 était en celle de St.-Lazare, où il a confessé longtemps avec zèle, fermeté et bénédiction [sur ? pour ? à ? ] cette nombreuse famille. Le pape Clément XI faisait de plus l’honneur à un autre prêtre de la Mission de Rome, nommé M. Nicolas Castelli5, de l’estimer. Comme il avait enseigné longtemps dans les séminaires et y avait acquis de la réputation, S[a] S[ainteté] le nomma consulteur de diverses congrégations, ce qui l’obligeait d’étudier beaucoup et souvent la nuit ; il mourut subitement sur la fin de l’année 1716. Le Père Quesnel s’est fort plaint de lui quand il vit son livre condamné à Rome, et a taxé mal à propos et par dépit la Congrégation d’être remplie de gens ignorants.

Le même pape fit encore un plus grand honneur à M. Pèlegrin de Negri6, Gênois, en le choisissant pour accompagner Mgr Albani, son neveu, dans son voyage de Vienne, et lui servir de confesseur et de conseil ; il mena avec lui un autre prêtre de la Mission, M. Zoagli7. M. Bonnet remarque dans sa lettre du 1er janvier 1711 qu’il y avait apparence que ce voyage pourrait introduire la Compagnie en Allemagne, où on la connaissait déjà par l’impression récente de la Vie de M. Vincent en allemand, qu’un prêtre polonais avait donnée au public ; ce qui pourtant, disait-il, n’était que sur le tapis et nullement en état de s’exécuter bientôt. Cette nouvelle édition de la Vie de M. Vincent était la 4ème, ne comptant que pour une des deux éditions françaises ; elle avait été précédée quelque temps auparavant d’une 3ème, en langue espagnole, imprimée à Naples par les soins d’un religieux ermite de St.-Augustin, qui se fit estimer par cet ouvrage. M. Bonnet obtint que M. de Negri repasserait par la France ;il séjourna quelques mois à St.-Lazare et vint en 1712 s’embarquer à Marseille pour retourner à Rome, où, étant arrivé, le pape le nomma prédicateur apostolique en la place du Père Cassini, capucin, élevé au cardinalat. Le général l’avait déjà pourvu de la supériorité de Rome et de l’office de visiteur. Il témoigna de la répugnance à accepter l’emploi honorable que lui donna le pape ; mais S[a] S[ainteté] n’ayant pas voulu écouter ses remontrances, il obéit, et M. Bonnet fut obligé de nommer M. Gloria8 pour le remplacer. M. de Negri s’acquitta de l’office de prédicateur apostolique pendant tout le reste du long pontificat de Clément XI ; on voulait le faire archevêque d’Urbin, mais il refusa. Le nouveau pape Innocent XIII a donné sa charge au Père Bonaventure Barberini, capucin. Clément XI témoigna dans une autre occasion son estimepour la Congrégation, car s’étant fait un changement dans le collège de Propaganda Fide, il fit dire par le cardinal Paolucci aux dix cardinaux qui composent cette congrégation, qu’ils pouvaient faire les changements qu’ils jugeraient à propos, mais sans ôter aux Missionnaires le soin de ce collège.

M. Bonnelli9, autre prêtre de la Congrégation, était estimé à Naples où il faisait les fonctions de théologien du conseil de ville. L’empereur Charles VI, maître de ce royaume, l’a nommé à l’évêché de Mottola ; ce que je vous écris, disait M. Bonnet, dans une lettre du 1er janvier 1716, non comme une nouvelle favorable, car nous craignons pour l’Italie aussi bien que pour la Pologne et pour la France, que la folle espérance de parvenir aux dignités ecclésiastiques introduise l’ambitionparmi nous et nous fasse perdre la grâce et l’amour de la vie obscure et cachée dont nous avons fait profession jusqu’ici. Il marquait dans la même lettre que les deux provinces d’Italie travaillaient avec bénédiction dans les villes où il y avait des maisons, tant pour les séminaires que pour les Missions. Il trouva à propos, après l’assemblée sexennale de 1717, d’y établir de nouveaux visiteurs, savoir : M. Giordanini pour la province romaine, qu’il avait déjà conduite auparavant ainsi que nous avons vu. Il vient de mourir assez promptement en 1721, regretté de tout le monde, ayant eu pour successeur M. Rossi ; et M. Bolla10, supérieur de Turin, pour la province de Lombardie. Il écrivit encore dans la suite : Nos confrères d’Italie sont toujours fort occupés à nos principales fonctions ; ils réussissent fort bien et sont goûtés des prélatset des peuples. L’on en envoya quelques-uns uns pour l’un et l’autre emploi à Casale, dans le Montferrat, en Lombardie, et on en a demandé d’autres pour Amelia, ancienne ville épiscopale du duché de Spolète, dans l’État du pape ; mais ces nouvelles maisons n’ont pas encore pris un bon commencement, et le général n’en n’a point encore donné d’avis à la Compagnie.

N[otre] S[aint] P[ère] le Pape, continue M. Bonnet, veut introduire la Compagnie dans les royaumes étrangers en faisant un établissement à Lisbonne, capitale du Portugal, selon le désir d’une personne de piété de cette grande ville, à l’instar de la maison de Barcelone, c’est-à-dire que l’un et l’autre dépendront du visiteur d’Italie, en attendant qu’il y ait un nombre suffisant de maisons en Espagne. M. Gomez Costa11, supérieurde la maison des St. Jean et Paul, y fut envoyé premier supérieur, comme le marque M. Bonnet dans sa lettre du 1er janvier 1718 ; il lui donna pour adjoint M. Appiani, le jeune, qui avait été ci-devant dans les pays du Mongol, attendu qu’il avait du talent pour les langues et pour les affaires. M. Bonnet ajoute, dans celle de 1719, que l’une et l’autre famille, celle de Barcelone, sous la conduite de M. Salvador Barera12, et celle de Lisbonne, sous celle de M. Gomez Costa, prenaient un bon train ; la première étant dans l’exercice de nos principales fonctions, et la seconde paraissait secondée du ciel et des bonnes volontés de S[a] M[ajesté] portugaise, qui l’avait honorée de sa présence le jour de St.-Louis, dans les offices de l’église, et la favorisait avec une bonté de père et une libéralité royale.

 

  1. Fabrizio Paolucci, 1651-1725.
  2. Giulio-Cesare Rossi, 1650-1722.
  3. Jean-Baptiste Anselme, 1666-1763.
  4. Identification impossible.
  5. Nicola Castello, 1657-1716.
  6. 1657-1742.
  7. Giambattista Zoagli, né 1680.
  8. Thomas Gloria, 1663-1738.
  9. Gian Francesco Bonelli, 1671-1717 ; mort avant de recevoir l’ordination épiscopale.
  10. Jean-Louis Bolla, 1662-1738.
  11. Joseph-Gomès Costa, 1667-1725.
  12. Salvador Barrera, 1681-1752.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *