Histoire générale de la Congrégation de la Mission (10)

Francisco Javier Fernández ChentoHistoire de la Congrégation de la MissionLeave a Comment

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Author: Claude-Joseph Lacour cm · Year of first publication: 1897.
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X. [L’a]ssemblée de [16]68 et ses décrets.

logocmLa Compagnie se multipliait ainsi sous la sage conduite de M. Alméras et quoiqu’il n’y eût qu’environ sept ans qu’on avait eu une assemblée générale comme il se trouvait un grand nombre de maisons et qu’on n’avait fait aucun décret dans la dernière, le général jugea qu’il était à propos de régler plusieurs articles, et que pour donner plus de poids aux règlements qui se feraient, il était bon de les faire autoriser par une assemblée générale. Il avait rappelé de Rome auprès de lui M. Jolly, dès le mois d’octobre de l’année 1665, en ayant besoin à cause de ses infirmités continuelles, il l’y fit assistant de la maison. Cette assemblée de toute la Congrégation, tenue à St.-Lazare, est remarquable. Elle a été comme le modèle des autres qui se tinrent dans la suite, pour maintenir le bon ordre de la Compagnie et la première où l’on a fait des décrets en langue latine à l’usage de toutes les maisons et proposé différents moyens pour conserver le premier esprit de l’Institut dans les supérieurs et inférieurs par rapport aux emplois et laissé plusieurs articles à résoudre par l’autorité du supérieur général, ce qui s’est pratiqué dans la suite dans toutes les autres assemblées.

Les décrets de celle-ci sont, en substance que tous les prêtres de la Mission seront tenus de dire une messe pour chaque défunt de la Compagnie ; outre laquelle les prêtres de chaque maison seront exhortés d’en célébrer deux autres après le décès de ceux qui mourraient dans la même maison, si cela est compatible avec les charges de la chapelle qu’on dessert, et les clercs et les frères devront dire une fois l’office des morts avec une communion ; et un rosaire pour ceux qui ne savent pas lire, plus chaque prêtre dira tous les mois tant que faire se pourra une messe pour les défunts de la Compagnie en général et les autres une fois l’office des morts ou le Rosaire. Les supérieurs locaux ni même les visiteurs ne pourront sans la permission du général accepter des fondations de messes perpétuelles, de peur que dans la suite les maisons ne s’en trouvent trop chargées. Toutefois, si le supérieur juge avec les consulteurs qu’il en faille accepter quelqu’une, et que la chose presse tellement qu’on ne puisse attendre la réponse du général, duquel on aurait lieu de présumer le consentement, on pourrait l’accepter, bien entendu qu’on en écrive promptement audit général pour faire approuver la fondation, et pour lors le supérieur sera obligé de mettre le capital en rente ou achat de fonds. Ordre de se servir aux missions d’une clochette pour avertir celui qui prêche de finir après une heure et s’il ne le fait, redoubler de sonner même pour le supérieur et directeur afin que ce moyen soit plus efficace que les autres employés ci-devant pour empêcher la trop grande longueur des sermons, comme le sablier ou l’avertissement de quelque qui dirait par derrière le prédicateur un quart d’heure avant la fin qu’il faut avertir le peuple dès la commencement de la mission que les jours ouvriers on ne sera que trois quart d’heure en chaire et une heure tout au plus fête et dimanche.

Pour plus grande uniformité dans les maisons et en même temps prévenir les moindres excès au boire et au manger outre ce qu’on sert ordinairement à table chaque jour, on ajoutera un autre plat à Noël, à l’épiphanie, à pâques, le dimanche de la Quinquagésime, et le jour du patron de la maison selon l’usage de celle de St.-Lazare, et s’il survient quelque doute sur la qualité de ce service, ce sera aux visiteurs à le régler, ce visiteur passant par les maisons de la province hors le cours de la visite, le supérieur doit lui céder la place d’honneur au réfectoire, et ailleurs, mais faire pour le reste son office, toutefois il ne convient pas que le visiteur assiste au chapitre et aux autres exercices humiliants, dans la répétition d’oraison on sera uniforme en se conformant pour la situation &c., au qui se pratique dans les conférence spirituelles, c’est-à-dire, que tout le monde sera couvert et assis tant que faire se pourra ; mais ceux qui parleront seront découverts et debouts, excepté les prêtres qui après deux ans complets passés dans la Congrégation parleront découverts mais assis ; on parla fort au long dans cette assemblée des moyens de conserver sans altération l’esprit primitif de la Congrégation ; chaque député proposa ceux qui lui semblaient les meilleurs, et on les écrivait en abrégé à mesure qu’on les proposait. Il fut dit qu’à la première occasion on les mettrait en ordre pour les envoyer ensuite aux maisons avec les autres décrets, chacun fut d’avis qu’il était expédient d’obéir aux évêques quand ils font l’honneur aux missionnaires de les envoyer pour instituer, diriger, ou visiter les conférences ecclésiastiques de leur diocèse, toutefois qu’il fallait s’excuser humblement si les autres fonctions de l’institut en souffraient trop, et en avertir le supérieur général, on témoigna beaucoup de respect en toutes choses à Mrs. les vicaires généraux et craindre que quelque de la Compagnie n’y faillît ; qu’entre autres choses on devait leur déférer l’honneur de présider aux conférences des ecclésiastiques externes qui se tiennent dans chaque maison, quoiqu’on prévoie qu’ils ne l’accepteront pas, leur faisant même des instances pour cela ; du même leur laisser bénir la table quand ils mangent avec les missionnaires ; ordre aux supérieurs des maisons de ne donner que rarement aux inférieurs la permission d’aller prêcher, confesser, ou aider autrement les curés des petites villes ou villages hors le temps des missions et seulement deux ou trois jours dans le besoin tant seulement ou quand il y a des raisons d’équité à cause des bénéfices ou bien ou peu considérables qu’on a dans ces endroits là, et on doit encore être plus difficile à accorder cette permission pour les fêtes de patron, et la refuser toujours à celui qui la demanderait par soi même ou par l’entremise des autres ; on prie le supérieur général tous en commun de n’être pas si longtemps de changer les visiteurs et supérieurs ; ces changements paraissants être du bien de toute la Compagnie.

On lut dans la même assemblée le rapport et différentes propositions des provinces touchant les missions qu’avaient faits des députés choisis pour cela. L’assemblée les approuva, et en fit insérer quelques-unes dans le règlement des missions, ou dans les avis qu’on a coutume de donner pour cet emploi ; on résolut d’ajouter les autres à la fin dudit règlement, jusqu’à ce qu’on vît s’il fallait les y insérer et en quel endroit. On lut et on approuva de même les réponses aux autres propositions touchant les séminaires dont on avait la direction. Tous les députés comprirent que l’usage de la communication intérieure était important pour la compagnie et souhaitèrent en conséquence qu’il y fut toujours maintenu et après avoir chargé tous les moyens de la conserver en vigueur, on enjoignit à tous les missionnaires l’observance exacte de tout ce qui en est prescrit au chapitre dixième des règles communes avec ordre aux supérieurs de veiller à l’exécution de cette règle, faire de temps en temps des conférences là-dessus pendant l’année, et assigner tous les trois mois un temps aux inférieurs pour le préparer à la communication et les écouter ensuite ; Enfin, on parla fort d’un projet fait par M. Vincent, qu’il avait fort recommandé et même commençait déjà à exécuter de faire passer un certain temps de retraite en quelque maison aux missionnaires pour s’y renouveler après quelques années depuis l’émission de leurs vœux dans l’esprit de l’Institut, et acquérir une connaissance plus ample des fonctions. Il fut dit que quoique la situation présente de la Compagnie ne permît pas de commencer une si utile entreprise et qu’il n’y eût pas même d’apparence de la commencer si tôt, il fallait pourtant essayer d’en venir à bout d’abord que la chose serait possible, en donnant six mois de temps qui seraient déterminés par le supérieur général, avec pouvoir toutefois de les abréger et même d’en dispenser absolument quelques-uns, ces Missionnaires ayant déjà travaillés dans la vigne du Seigneur s’y recueilleront et s’y renouvelleront dans la pratique de la vie intérieure ; de quoi ceux qui dans la suite passeront au séminaire seront avertis avant les vœux pour savoir à quoi ils seront tenus dorénavant ; mais on n’y pourra obliger ceux qui se sont déjà agrégés à la Compagnie, et il n’est pas même à propos de les y inviter, la plupart le souhaitant avec ardeur.

Tels sont les décrets de cette sage assemblée. On y remarque que ne pouvant pas tout terminer, elle laissa bien des choses à régler ou plutôt à mettre en ordre pour pouvoir ensuite être envoyées aux maisons de la Congrégation. M. Alméras malgré ses infirmités y fit travailler et y travailla lui-même avec tant de diligence que ces différents mémoires furent dressés presque aussitôt après que l’assemblée eût été congédiée.

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