Frédéric Ozanam, Lettre 0031. A Auguste Materne

Francisco Javier Fernández ChentoLettres de Frédéric OzanamLeave a Comment

CRÉDITS
Auteur: Frédéric Ozanam · Année de la première publication : 1961 · La source : Lettres de Frédéric Ozanam. Lettres de jeunesse (1819-1840).
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Consolation et témoignages d’amitié en face du malheur qui vient de frapper son ami.

[Lyon,] 27 août 1831.

Mon bien excellent ami,

La nouvelle de ton malheur m’a frappé comme un coup de foudre! Mon âme a été brisée de douleur en apprenant que la famille de mon ami, une famille si sage, si laborieuse, avait succombé aux coups de l’infortune. Oh! oui, je plains ton excellent père, je te plains toi, fils si sensible et si bon qui ressens si vivement toutes les douleurs de tes parents, toi qui avais assez éprouvé de chagrin pour ne plus craindre d’en connaître de nouveau.

Et tu pars demain! Et nous ne pourrons pas nous voir avant deux mois, avant que j’aille te rejoindre.

Ah, du moins reçois mes embrassements et mes vœux, j’aurais voulu te consoler, pleurer avec toi : impossible; emporte donc au moins en partant l’assurance que, si tu as beaucoup perdu, tu n’as pas du moins perdu ta place dans mon cœur, que ce jour au contraire resserre plus que jamais notre amitié : nous ne ferons plus qu’un, tes douleurs seront mes douleurs, tes larmes se mêleront aux miennes et, si quelques rayons d’espérance apparaissent au milieu de tes afflictions, nous les saluerons ensemble.

Oui, espère, espère encore; tu as en toi bien des gages de succès : tes talens, tes travaux doivent te donner confiance en l’avenir : un jour viendra peut-être où tes douleurs seront récompensées, car, tu le sais, Dieu éprouve ceux qu’il aime et l’or le plus précieux est celui qui s’est épuré dans la fournaise. Lève tes yeux au Ciel : là tu trouveras des conso­lations et de l’espoir, tu trouveras dans ton infortune présente la preuve des destinées meilleures qui t’attendent dans l’avenir.

Adieu, donc. Courage : sois plus fort que le malheur; je te verrai dans deux mois à Paris, à l’Ecole normale. En, attendant, compte sur mon active correspondance, sur mon exactitude à remplir les commissions que tu me laisses, sur mon amitié à la vie et à la mort.

A.F. OZANAM

Original : Archives Laporte.

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