1793. Loi imposant le serment civique aux membres des Congrégations religieuses. Ce fut pour avoir refusé ce serment qui leur semblait contraire à leur conscience que nos Sœurs d’Arras ont été guillotinées.
1921. À Paris, mort de Sœur Emilie Maurice, Supérieure de la Compagnie sous le généralat de M. Verdier et avec M. Meugniot comme Directeur.
1935. À Paris, à l’infirmerie de la Maison-Mère, vers les trois heures et demie de l’après-midi, M. Pierre Coste, secrétaire général, meurt, à l’âge de soixante-deux ans… Un dos voûté, une démarche lente, un visage dont le nez puissant et la large entaille de la bouche rappelaient les traits de Monsieur Vincent, ressemblance qu’accentuait la constante cordialité de l’accueil… Qui voyait pour la première fois cette silhouette, pensait : “M. Coste ? un brave paysan de prêtre et un prêtre à paysans !” Et la toux déchirante qui violaçait si fréquemment cette rustique figure, faisait dire : “Le pauvre ! il n’en a pas pour longtemps à vivre !” On l’avait déjà pensé au moment où Pierre Coste recevait les Ordres sacrés. Or, depuis 1896, année de son sacerdoce, et jusqu’à sa mort, sans prendre aucun soin particulier, et même avec une bonne dose d’imprudence, M. Coste a, pendant trente-neuf ans, travaillé sans arrêt et avec une calme énergie… Professeur de sciences, puis d’écriture sainte, de dogme et d’histoire, à Dax, il écrivit consciencieusement tous ses cours mais il fut aussi le bibliothécaire de Notre-Dame du Pouy et c’est là, derrière la porte de la bibliothèque, que l’attendait le démon des recherches historiques, – le “démon”, au sens grec du terme, bien sûr… Désormais ses vacances auront leur emploi tout fixé : les méticuleuses perquisitions aux archives landaises d’abord, puis à la Bibliothèque et aux Archives nationales de Paris. A la mort de M. Brétaudeau, M. Coste était tout désigné pour le remplacer ; à partir de 1909, il appartint donc à la Maison-Mère comme archiviste et, à partir de 1927, comme secrétaire général… Dès 1911, M. Coste commença à préparer une édition critique de la Correspondance de saint Vincent. Enfin, grâce à l’appui large et fidèle du Père Verdier, les quatorze volumes d’Entretiens, de Correspondance, parurent entre 1920 et 1925. De cette masse énorme de documents, il était normal que M. Coste, à la demande réitérée du Père Verdier, sortît une vie de saint Vincent. En 1932 parurent les trois volumes du Grand Saint du grand Siècle. Si leurs phrases n’ont rien d’un style diamanté, leurs chapitres, trapus comme la silhouette de l’auteur, sont bien les chants solides de l’épopée vincentienne. La vérité, c’était la ligne que dès le début s’était tracée M. Coste : mettre sur le front de son compatriote et de son bienheureux Père une couronne, oui, mais une couronne où ne rutilerait nulle perle fausse. Et parce qu’il a aimé, aimé intelligemment saint Vincent et ses œuvres,— Pierre Coste, – Coste, le persévérant moribond — se survit dans le monument inégalable en solidité – qu’il a élevé à Monsieur Vincent et l’on ne peut plus prononcer le nom de Monsieur Vincent sans penser à M. Coste1 !