1830. À Paris, Catherine Labouré qui, avec les autres Soeurs, vient en pèlerinage à la chapelle de la rue de Sèvres, tous les jours pendant la neuvaine qui suit la Translation des reliques de notre bienheureux Père, voit, à chacun de ses séjours rue du Bac, lui apparaître le coeur de saint Vincent. Il se montre au-dessus du petit reliquaire qui était alors placé devant l’autel actuel de saint Joseph (1).
1643. Saint Vincent fait une conférence aux premières Soeurs « sur le danger de la désunion, sujet de très grande importance puisqu’il ne regarde rien moins que la continuation ou l’entière dissolution de votre Compagnie ». Les premières Soeurs donnent leurs pensées avec simplicité : « Nous devons grandement appréhender la désunion, dit l’une, parce que si deux Soeurs visitent tes malades et ont ensemble quelque discorde, il est bien difficile qu’elle ne paraisse et comme cela, le prochain en serait scandalisé ». « Elle engendrerait, dit une autre, des aversions et murmures et tes malades ne seraient pas servis avec charité ». « Il nous serait difficile d’avoir union et charité avec les étrangers, constate une troisième, si nous nous habituions à être désunies ensemble ».(R)
1899. À Paris , la grippe infectieuse qui le tient depuis quelques jours, emporte M. Jules Chevalier, assistant de la Congrégation et directeur des Filles de la Charité. Il a soixante-quatorze ans. Or, quand au lendemain de son ordination, en 1848, on l’envoya enseigner au grand séminaire d’Albi, son supérieur, M. Bourdarie, en voyant débarquer ce jeune prêtre à la mine chétive, s’écria : «On m’envoie un moribond !» Le «moribond» qui, originaire du diocèse de Sens, était entré dans la Compagnie en 1845, commença par conquérir les séminaristes albigeois par son enseignement sérieux et son maintien religieux. L’archevêque lui-même, Mgr de Jerphanion, à ce jeune professeur confie son âme : car M. Chevalier se révèle déjà comme un directeur plein de délicatesse qui « touche aux âmes comme la rosée, aux fleurs». L’archevêque lui demande même de participer à l’administration de son diocèse. Alors, M. Chevalier écrit des mandements, rédige les nouveaux statuts diocésains, établit diverses oeuvres, fonde le Carmel de Castres , recrute des moines pour l’abbaye d’En-Calcat . De si belles premières années de sacerdoce lui valent, en 1866, une patente de supérieur : le grand séminaire d’Amiens le reçoit et connaît alors une ère nouvelle : le vieux bâtiment est rajeuni, le régime amélioré et la discipline rétablie. L’Assemblée générale de 1874 donne M. Chevalier comme assistant à M. Boré qui le charge en même temps de la direction des Filles de la Charité. Son esprit conciliant, sa bienveillance naturelle et surnaturelle, son dévouement sans bornes, sa grande connaissance de l’esprit et du passé vincentiens, sa grande facilité de travail permettent à M. Chevalier d’accomplir, à la satisfaction de tous et de toutes, sa double tâche. Ce prêtre qui, sans posséder la fougue d’un orateur, avait «la diction et le charme qui ravit et subjugue», s’adonna à l’apostolat par la parole, et aussi par la plume. Parmi ses ouvrages, il faut mentionner le «Manuel des Dames de Charité» ; une notice sur «La Médaille miraculeuse» rédigée d’après les confidences que lui fit Soeur Catherine Labouré, et surtout deux gros volumes d’ «Instructions aux Filles de la Charité» qui prolongent très utilement la profonde action de ce grand directeur d’âmes que fut M. Chevalier (2).
- 1) Edmond Crapez, La Vénérable Catherine Labouré, pp. 36-37,
- 2) M. Jules Chevalier , Paris 1900, 139 pages.