En 1804, la Congrégation de la Mission est rétablie en France. Supprimée de nouveau le 26 septembre 1809, elle sera autorisée le 3 février 1816.(R)
En 1852, la première équipe de 12 Sœurs envoyées en Chine est à Macao depuis juin de l’année précédente. Il faut pourtant repartir pour Ning-Po. On leur fait place sur une corvette française où tous leur font fête. Elles s’y tiennent à leur place et rendent service.
Le lieutenant du vaisseau écrit à sa mère : “Rien n’est doux et touchant comme ce dévouement si complet et si simple des Filles de la Charité. Cette absence de tout petit manège féminin, ce désir de s’employer pour rendre service et non pour paraître utile, cette gaieté si douce et si égale, ce sont là des qualités qui faisaient de leur commerce un plaisir pour nous”. Il faudra presque un mois pour atteindre Ning-Po, elles y débarqueront le 21 juin.(R)
En 1871, la libération de Paris continue, mais la rue du Bac est en feu. La Communauté se réfugie à l’ouvroir Saint-Joseph. Dans les rues voisines on élève des barricades, mais petit à petit, les Maisons de nos Sœurs se rouvriront, et la Maison-Mère reprendra ses occupations.(R)
En 1884, à Pékin, à dix heures du matin, le vicaire apostolique du Tchély septentrional, Mgr Louis-Gabriel Delaplace, évêque titulaire d’Andrinople, usé par les labeurs d’un apostolat mouvementé, meurt dans sa soixante-cinquième année. Né à Auxerre, le 21 janvier 1820, il est diacre quand, du grand séminaire de Sens, il vient à la Maison-Mère en 1842. Il veut être missionnaire et il veut la Chine. Sa riche personnalité faite de franchise, d’intelligence, de gaîté, et même d’esprit, apparaît déjà dans un petit trait. Un jour, revenant du parloir, il grimpait quatre à quatre l’un des escaliers de la Maison-Mère, juste au moment où le Père Etienne le descendait, mais, lui, avec toute sa majesté. Déjà, le supérieur général fronçait le sourcil, mais déjà aussi M. Delaplace lui lançait : « N’est-ce pas, mon Père, que j’escaladerai bien les montagnes de Chine ? » Et M. Etienne ne put que sourire. Ordonné prêtre à Saint-Sulpice par Mgr Affre, Louis Delaplace est d’abord donné comme missionnaire à la maison de Tours. Et certes, sa chaude éloquence et son zèle le prédisposaient à cette fonction. Quarante ans après, à Chinon, on parlait encore de cette fameuse mission qu’il y prêcha et où, ayant appris qu’enfin le P. Etienne l’envoyait en Chine, il bouleversa son auditoire par les accents que l’heureuse nouvelle lui inspira. Après huit mois de navigation et un séjour à Macao, où il s’assimile rapidement la langue chinoise qu’il parlera à la perfection, M. Delaplace commence sa vraie vie : la rude vie missionnaire dans la Chine des environs de 1850. Dès ses premiers pas à travers les montagnes du Ho-nan où il retrouve les traces encore fraîches des bienheureux Clet et Perboyre, sa foi vibrante, son zèle qui s’appuie sur une rare prudence, sa fine compréhension de l’âme chinoise lui permettent d’arracher à leur peureuse apathie les chrétiens de son district. A trente-deux ans, en pleine persécution, il est sacré évêque. Le Kiang-si, pendant deux ans, le Tchékiang pendant seize ans, et le Tchély septentrional auront le privilège de l’avoir pour vicaire apostolique. Malgré tous les obstacles, il déclenche partout un élan de christianisme qui n’est pas un feu de paille, car Mgr Delaplace sait ce qu’il doit faire et il le fait quand il le faut. A partir du moment où, en 1863, l’armée franco-chinoise dont la sage diplomatie de l’évêque a rendu possible la mise sur pied et dont il se fait l’aumônier, réussit à vaincre l’armée des rebelles, les Chinois regardent Mgr Delaplace comme leur libérateur. Le vicaire apostolique en profite pour abandonner sa première méthode, celle qu’il appelait la méthode « de la tête sous l’herbe », et il peut travailler au grand jour, donnant au christianisme un prestige extraordinaire (1).
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(1) Vie et Apostolat de Mgr Delaplace, Auxerre, Octave Chambon, 1892.