1800. À Turin, Félix de Andreis prononce les vœux. Mouvementé a été son noviciat. Il l’a commencé le 11 novembre 1797, à Mondovi. En janvier 1799, révolution dans le Piémont : les missionnaires sont expulsés. Félix rentre dans sa famille. Le calme revenu, il est rappelé à Turin le 12 décembre 1799. L’année 1800, l’année de ses vœux, ne s’achèvera pas dans la paix : en décembre, la bile révolutionnaire s’étant réveillée, nos confrères doivent quitter Turin. C’est à Plaisance que Félix de Andreis ira faire sa philosophie et sa théologie (1).
1861. À l’hôpital de Tarbes où, quatre jours auparavant il a commencé la prédication d’une retraite aux Filles de la Charité, M. Nicolas Truquet meurt inopinément à l’âge de quarante-huit ans. Sa réputation de grand missionnaire attire auprès de sa dépouille, exposée dans le parloir, une telle affluence que le plancher ne peut résister à la pression… A pouvoir, un jour, travailler avec succès parmi la population landaise, le bon Dieu prépara M. Truquet en le faisant naître Picard — à Abbeville, le 29 octobre 1813 — et en le frottant d’Auvergnat pendant les six ans de son professorat à Saint-Flour, de 1839 à 1845. Mais, bien plus que ces contingences humaines, c’est son tempérament de flamme, sa volonté de faire œuvre durable et de développer de plus en plus le culte de saint Vincent en ses Landes natales, qui firent de M. Nicolas Truquet, premier supérieur de Dax à trente-deux ans, un digne fondateur de la Mission aux rives de l’Adour. Elle eut vite un grand rayonnement, cette minuscule maison de Missions, ouverte en 1845. Et avec ses qualités sympathiques, son zèle entreprenant que le Père Etienne dut modérer parfois, et son éloquence aux magistrales périodes qui s’harmonisaient avec la solennité de son allure et aussi de son visage qu’auréolait une longue chevelure à la mode ecclésiastique du XIXe siècle, M. Truquet fut vraiment un animateur que ni Notre-Dame du Pouy ni le Berceau ne pourront oublier (2).
1937. À Rome, le cardinal Tisserant, Préfet de la Congrégation pour l’Église Orientale, nomme notre confrère, M. Barthélemy Bechais, préfet apostolique du Tigré. Il appartient à la Province de Turin et a quarante-six ans. L’érection de cette nouvelle division ecclésiastique a été rendue nécessaire du fait de la conquête de l’Éthiopie par les armées de Mussolini. Les confrères français, avec le supérieur, M. Paul Gimalac, doivent quitter cette Mission où ils ont tant peiné. En chacune des localités que traverse la route de leur exil, les Abyssins leur disent : «Vous reviendrez !»… Et, en effet, la fluctuation des règnes humains est telle que cinq ans plus tard, en 1942, M. Gimalac, avec quelques-uns de ses anciens compagnons, est revenu (3).
- 1) Annales, t, 58, pp. 298-300.
- 2) Annales, t. 52, pp. 489-491 et t. 103, pp. 242-249.
- 3) Annales, t. 103. p. 162 et pp. 70-76 ; t. 112-113, p. 7.