1620. À Amiens, l’évêque, François Lefèvre de Caumartin, autorise Mme de Gondi, comtesse de Joigny, à faire établir par son Aumônier, messire Vincent de Paul, la Confrérie de la Charité dans les villages de Folleville, Sérévillers et Paillart (1).
1636. À Senlis, la mission bat son plein. Les bénéficiaires n’en sont pas les pauvres gens des champs, mais les soldats. Cette année-là, en effet, les armées espagnoles des Flandres ont réalisé une avance-éclair à travers la Picardie ; elles sont entrées à Corbie, dans la Somme, le 15 août, et leurs premiers éléments sont à une cinquantaine de kilomètres de Paris (2). Louis XIII doit improviser une armée, et Saint-Lazare est devenu le lieu de rassemblement des nouvelles recrues. Monsieur Vincent lui-même raconte qu’aux environs du 15 août, en moins de huit jours, soixante-douze compagnies ont été mises sur pied, soit environ dix mille hommes, à l’intérieur de Saint-Lazare. Et pendant tous ces jours, le tambour marie ses roulements guerriers au tintement monacal de la cloche. Après la retraite annuelle qui a été avancée, Monsieur Vincent se disposait à disperser ses prêtres en divers champs d’apostolat, quand, subitement, le chancelier, Pierre Séguier, lui a transmis l’ordre du Roi, cantonné alors à Senlis : Sa Majesté prie Monsieur Vincent de lui envoyer vingt prêtres pour prêcher la mission aux soldats. Le supérieur de Saint-Lazare n’a que quinze missionnaires sous la main. Il les a conduits lui-même à Senlis et présentés au Roi. Puis il a confié leur direction à Daniel Grenu. François du Coudray et Lambert aux Couteaux, entre autres, font partie de l’équipe. De retour à Paris, Monsieur Vincent leur a fait parvenir des meubles et une tente. Si ce n’est pas encore, à proprement parler, la Mission sous la tente, c’est du moins la mission prêchée dans une immense paroisse de toile. En ce 20 septembre, les missionnaires ont déjà confessé quatre mille soldats. Et pourtant cette mission militaire va durer encore six semaines (2).
1753. À Palerme, un véritable cortège composé de six carrosses, des quarante prêtres de l’Union locale de Saint-Vincent et de quelques prélats, conduit hors de la ville nos confrères qui, débarqués quelques jours plus tôt en Sicile, doivent aller ouvrir une maison de missions à Girgenti, où triomphalement reçus, le 22, ils seront poétiquement installés dans un site ravissant. Hélas ! l’avenir ne répondra pas à ces débuts prometteurs. Sur un sol volcanique, l’instabilité est de règle : moins d’un an après, nos confrères seront obligés de retourner à Rome d’où ils sont venus (3).
- 1) SV. XIII, p. 182 ; Hanotaux : Histoire de la Nation française, t. VII, p. 388.
- 2) Coste, III, pp. 47-48.
- 3) Notices, IV, p. 696 ; Circulaires, t. I, pp. 574-576.