660. À Paris , sont célébrées, sans apparat, les obsèques de Louise de Marillac. Elle aurait voulu être inhumée, près de l’église de Saint-Lazare. dans une petite cour qui avait jadis servi de cimetière. Mais le curé de Saint-Laurent et Monsieur Vincent en décidèrent autrement : le corps de la Fondatrice fut déposé en l’église Saint-Laurent, dans la chapelle de la Visitation où elle avait l’habitude de se placer pour prier. (2)
1936. M. Marina, Directeur des Filles de la Charité de Rome, est nommé Délégué Apostolique en Iran. Il s’y occupe non seulement des 15 000 chrétiens, mais soutient les réfugiés polonais venant de Russie et visite souvent leurs camps. Il restera neuf ans en Perse ayant été nommé ensuite pour succéder à Mgr Roncali (futur Jean XXIII) en Turquie. Grâce à son intervention, les Soeurs autrichiennes sont libérées du camp de concentration et peuvent reprendre une vie de Communauté normale. Il avait choisi comme devise : « la charité dans la vérité ». Cette devise il la réalise pleinement au Liban où il sera nonce en 1947. La guerre arabo-israélienne avait alors multiplié les réfugiés palestiniens. Il organise les fameuses « cuisines du Pape » qui distribuent jusqu’à 3 000 repas par jour, puis fonde un Comité ecclésiastique libanais d’assistance aux réfugiés. Chez nos Soeurs, il place les enfants et cherche du travail pour les parents. Epuisé, les médecins ordonnent un repos en 1950. Hospitalisé en clinique, il demande les derniers sacrements : « je suis fils de saint Vincent », déclare-t-il, « je veux être administré par M. le Visiteur ». Le futur Pape Paul VI le bénit quelques minutes avant qu’il parte au ciel. Il sera enterré dans la tombe commune des Lazaristes.(1 +R)
1941. Au Berceau de Saint-Vincent de Paul , mort de Joseph Praneuf. Lorsque les yeux contemplent dans le ciel nocturne, l’éblouissante fantasmagorie d’un feu d’artifice, le cerveau ne pense pas à la poudre qui fait partir les fusées. De même à ne contempler que certains faits plus apparents de la vie de M. Praneuf, ou risque de n’en pas apercevoir la vraie physionomie. Au seul énoncé de son nom, on voit se détacher sur un fond de pinèdes que traversent des souffles d’orgue ou des bruits de fanfare, l’illustre maître de chapelle qui, pendant quarante-trois ans et jusqu’à son dernier souffle, anima les célébrations liturgiques du Berceau et les pèlerinages de Buglose ; ou bien, le prestigieux metteur en scène qui a organisé tant de séances récréatives et tant de réjouissances familiales. En un mot, dans le souvenir, c’est l’artiste qui apparaît d’abord, cet artiste qui, pour tant de générations d’enfants fut le professeur de la bonne humeur et de l’enthousiasme. Artiste, M. Praneuf le fut pleinement. Mais, — et c’est là l’émouvante leçon de cette longue vie, — cet artiste n’a consacré à la musique dont le «démon» le possédait pourtant, que le temps réservé à la préparation des offices ou des fêtes. Pendant quarante-trois ans, cet artiste a été un remarquable professeur d’histoire ou de géographie, qui ne cessa jamais d’enrichir son enseignement. Mieux encore : M. Praneuf a su plier son tempérament d’artiste aux exigences de la vie de Communauté : méticuleuse était sa ponctualité pour tous les exercices communs comme pour son office de professeur et de maître de chapelle; et cet homme qui possédait d’inimitables talents de causeur et de mime, vivait, en dehors de ses classes et des récréations, littéralement enfermé dans sa chambre. Il s’était fait «chartreux», non par neurasthénie, mais par vertu. De toutes les mélodies qu’il a composées, et dont certaines sont de purs chefs-d’oeuvre, la plus belle, c’est ce cantique d’obéissance dont ses quarante-trois années de travail ininterrompu au Berceau de Saint-Vincent ont été comme les strophes où s’est réalisé l’accord parfait de son âme d’artiste et de son âme sacerdotale, pour l’amour de Dieu, de Notre-Dame et de saint Vincent (2).
- 1) Coste I, p. 534,
- 2) Annales , t. 106-107, pp. 395-445.