1819. Un décret du Roi Jean autorise la Compagnie des Filles de la Charité au Portugal, mais en 1834, un autre décret supprime l’autorité des Supérieurs Généraux non résidant dans ce pays, et en 1838, un troisième abolit les Communautés religieuses au Portugal. Toutefois, par exception les Filles de la Charité ne seront pas dissoutes « à cause de leurs Voeux temporaires et du caractère humanitaire de leur mission » Elles ne pourront par la suite résister aux difficultés sans nombre : les Lazaristes sont partis ; les persécutions locales s’amplifient et un schisme se produit au sein de la petite Province. Cela ne cessera qu’en 1856 où devant le choléra et la fièvre jaune (10 000 victimes) on appelle les Filles de la Charité de France qui seront autorisées à venir par décret du 9 février 1857. Le Père Étienne avait mis comme condition que les Lazaristes puissent venir aussi. Une Soeur est à son tour victime de la fièvre jaune en soignant les malades. Le 4 février 1858, la Province se reconstitue. Mais en 1861, les persécutions reprennent. Les Soeurs, une soixantaine, sont rapatriées en France par un navire envoyé pour cela : l’Orénoque. Resteront seulement les Soeurs de l’Hôpital Saint-Louis et de Funchal. Réouverture en 1872, et de nouveau Révolution en 1910 qui amène le retour des Soeurs à la Maison-Mère. Reprise en 1927 par des Soeurs Portugaises, et la Province se développe si bien qu’elle devient missionnaire au Mozambique.
1841. De Paris, M. Étienne, alors procureur général, écrit à M. Eugène Boré. Jeune orientaliste chargé par l’Académie des Inscriptions et Belles Lettres d’une mission scientifique en Orient, M. Boré ne songeait pas encore à embrasser l’état ecclésiastique. Mais, fervent chrétien, ses travaux de savant ne l’empêchaient pas de voir les besoins des âmes. Aussi avait-il sollicité le concours des Lazaristes pour la nouvelle mission de Perse. Dans sa lettre, — qui est la trace la plus ancienne qui nous soit restée des rapports de M. Étienne et de M. Boré, — le Procureur de la Mission recommande chaleureusement à son correspondant les deux confrères, MM. Darnis et Cluzel, qui sont envoyés en Perse et dont il écrit : «Ce sont de vrais apôtres, remplis surtout de l’esprit de Dieu qui fait les saints et qui les rend capables de procurer la sanctification des âmes. J’ai grande confiance que, quand vous aurez pu les connaître, vous les jugerez tels…» En cette circonstance, l’ambassadeur de M. Boré auprès de l’administration de la petite Compagnie, avait été M. Félix Scaffi, le prêtre de la Mission qui accompagnait le jeune savant dans son voyage (1).
1919. L La Maison Provinciale de Budapest nationalisée voit arriver douze « petits prolétaires » avec la consigne : « Vous devez tout leur permettre ; vous avez la défense de prier avec eux et de leur parler de Dieu ; votre unique devoir est de faire attention à ce qu’ils ne se fassent aucun mal ». Et quatre garçonnets sont désignés pour voir si ce mandat est strictement accompli. Sur la porte d’entrée, on placarde : « Cette maison est occupée par des enfants prolétaires ». Inutile de dire ce que pouvait faire cette douzaine d’enfants à qui tout est permis ! (R)
1945. À Fort-Dauphin, mort de M. Louis Genouville. Il avait toujours eu le désir des missions lointaines ; mais, fils unique, il ne voulut pas imposer ce sacrifice à sa mère. Il fut donc affecté à l’enseignement, et spécialement au Berceau de Saint-Vincent , où sa nature primesautière, son travail méthodique et son zèle ardent conquirent les élèves. En 1929, à la mort de sa vieille maman, il put réaliser le rêve de sa jeunesse et partir à Madagascar. Malgré ses cinquante-quatre ans, il se mit si bien à la langue malgache qu’il put accomplir le ministère ordinaire auprès des indigènes. Mais son zèle s’adressait surtout aux Européens et à leurs enfants qui aimaient ses leçons de catéchisme si vivantes et si bien préparées. Sans avoir une voix de ténor ou de baryton d’opéra, M. Genouville était musicien, et comme tel, il fut chargé du chant ; il s’y consacra de tout son coeur. Ce qui résume le mieux la vie de M. Genouville, c’est qu’à toutes les tâches qui lui furent confiées, il s’est donné jusqu’à l’épuisement (2).
1955. À Dax , mort de M. Jacques Péborde. Né à Lahosse, dans les Landes, prêtre en 1899, il enseigna pendant dix ans à l’institution Notre-Dame, à Dax ; puis il fut, onze ans durant. curé de Saubusse . En 1925, il entra dans la congrégation. Les grands séminaires d’ Évreux et d’Alger bénéficièrent de son enseignement. Esprit fin et cultivé, M. Peborde fut, sous des dehors rigoureux, un véritable pédagogue (3).
1961. Annonce est faite à la Communauté du procès de béatification des 87 martyrs vincentiens d’Espagne durant la guerre civile en 1936.(R)
- 1) : Rosset : Vie M. Etienne , pp. 128-130.
- 2) B.M.L. sept.-oct. 1945, P. 71.
- 3) Bulletin religieux d’Aire et Dax , 6 mai 1955.